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[Football] Le championnat espagnol reprend ce week-end, entre douleur et solidarité


Vendredi matin, les joueurs barcelonais ont respecté une minute de silence à l'entraînement en mémoire des victimes. (photo Twitter @FCBarcelona)

Journaux sportifs étonnamment sobres, joueurs endeuillés, clubs solidaires : la Liga reprend ce week-end dans la tristesse et la fraternité après les attentats qui ont ensanglanté la Catalogne et renvoyé le football, sport-roi en Espagne, au rang de « banalité malvenue ».

Le coup d’envoi de cette 87e édition du Championnat d’Espagne était pourtant très attendu par les « aficionados » après un été dépourvu de grande compétition internationale. Mais la fièvre née des deux clasicos Real Madrid-FC Barcelone disputés ces derniers jours en Supercoupe d’Espagne (3-1, 2-0) est brutalement retombée. Et les acteurs du football espagnol, remisant les habituelles rivalités et polémiques, ont multiplié les marques de soutien en hommage aux victimes de ces attaques, qui ont fait au moins 14 morts à Barcelone et Cambrils.

« Nous déplorons profondément l’attentat d’hier à Barcelone », a déclaré Ernesto Valverde, l’entraîneur du Barça. « Nous transmettons toute notre solidarité, nos cœurs sont avec les victimes et leurs familles dans ces moments si difficiles. Nous sommes bien sûr prêts à apporter notre aide pour tout ce qui sera nécessaire. » Ce week-end, les matches de première et deuxième divisions doivent être précédés d’une minute de silence en hommage aux victimes. Et le Barça, qui a mis en berne les drapeaux flottant au-dessus du Camp Nou, recevra dimanche le Betis Séville avec des brassards noirs.

Vendredi matin, les joueurs barcelonais ont respecté une minute de silence à l’entraînement en mémoire des victimes. Dans une communion rare, le Real, grand rival du club catalan, en a fait de même avant la séance de travail prévue sous les ordres de Zinédine Zidane, à deux jours d’un déplacement à La Corogne dimanche soir. Des images d’apaisement très éloignées de l’animosité qui prévalait mercredi dans le clasico…

Indépendamment de la couleur de leur maillot, la plupart des joueurs ont fait part ces dernières heures de leur émotion et de leur solidarité. « Nous n’allons pas céder », a écrit sur son compte Facebook l’Argentin Lionel Messi, attaquant-vedette d’un Barça désormais privé du néo-Parisien Neymar. « Nous sommes les plus nombreux et nous voulons vivre dans un monde en paix, sans haine, où le respect et la tolérance sont les bases de la coexistence. » Des propos qui font écho à ceux du capitaine du Real, Sergio Ramos, qui a lancé sur Twitter : « Non au terrorisme, non à la dictature de la peur. » Et chacun de laisser un message de soutien sur les réseaux sociaux, de Raphaël Varane à Samuel Umtiti, de Cristiano Ronaldo à Luis Suarez.

« Les joueurs sont des êtres humains », a résumé Josep Vives, porte-parole de la direction du Barça, au micro de la radio Cadena Cope. « Ils se savent aussi vulnérables que ces gens qui se promenaient au soleil dans une rue de Barcelone.  » Et partout en Espagne et en Catalogne, un même recueillement : les joueurs de l’Espanyol Barcelone et du Gérone FC, les deux autres clubs catalans évoluant en première division, ont également observé une minute de silence. « Nous sommes très tristes. Nous n’avons pas encore surmonté tout cela. Cela a été très dur, une journée très triste », a raconté Quique Sanchez Flores, entraîneur de l’Espanyol, en conférence de presse.

Dans ce contexte, même la presse sportive espagnole, pourtant connue pour sa couverture cocardière et passionnée, n’avait pas le cœur à évoquer ses habituels sujets de prédilection. « Aujourd’hui, nous ne pouvons pas parler de sport », a titré en première page le quotidien sportif madrilène Marca, le plus lu du pays. « En un jour comme celui-ci, c’est très difficile de confectionner un journal sportif. Pire, c’est presque absurde », a confirmé dans un éditorial Alfredo Relaño, directeur du journal As. « Face à ce genre de choses, les contenus d’un journal sportif, qui étaient un sujet de conversation inoffensif, deviennent des banalités malvenues. »

Le Quotidien/AFP