La Vieille Dame a été accrochée par Wiltz à la Grenz, lors de cette 9e journée de BGL Ligue, mais elle a livré une prestation globalement solide qui montre qu’elle avance. Plus dans le jeu qu’au classement.
Apparemment, Giorgos Petrakis est un entraîneur qui aime vivre dangereusement et ne s’embarrasse pas de convenances. Un mois après une défaite (1-4) plus lourde dans le jeu que dans les chiffres, lors d’un miniderby contre Differdange (une circonstance aggravante), le technicien grec se fend d’une décision lourde : laisser deux enfants du club sur le banc, les symboliques Milos Todorovic et David Soares. Même diluée dans le contexte du coronavirus, la défiance des supporters envers les nouveaux patrons grecs aurait pu le forcer à la prudence dans son remaniement. Il n’a pas tenu compte de cette donnée, même si Soares venait de revenir après un pépin physique.
Les premières minutes donnent raison au technicien grec. Parvenir à enfin installer d’entrée de jeu deux recrues du mercato tardif de ses dirigeants, plutôt sous-exploitées jusque-là, amène une amélioration visible. Mégan Laurent le prouve dès la 6e minute en une fixation, un crochet court et un ballon enveloppé depuis l’angle de la surface (1-0). Du grand art pour sa première titularisation en DN. Steven Crolet, à la distribution, fera lui étalage de son aisance, notamment pour apporter de la verticalité au jeu eschois. Même s’il se fera piéger à la 23e sur une passe… latérale. Heureusement pour lui, sur le contre ultrarapide conclu par un tir d’Edis Osmanovic, Xavier Tomas revient comme une fusée.
Les « exclus » ont failli tout faire basculer
Mais un mois de boulot ne peut pas suffire à installer complètement son équipe aussi bien que ce qu’a pu construire Dan Huet en… quatre ans. Il faudrait voir, aussi, à ne pas se bercer d’illusions, le 6-0 infligé au Fola en amical durant cette pause forcée est un indicateur, pas une certitude.
Wiltz reprend très vite la main sur ce petit choc. Derrière, Miguel Dachelet et David Vandenbroeck serrent la vis, au milieu, Luigi Vaccaro et Emir Burkic mettent le pied sur le ballon et devant, Sanel Ibrahimovic ne fait presque que des bons choix. Si bien qu’après deux frappes au ras de la barre (7e, 21e), l’égalisation finit par tomber. Xavier Tomas, irréprochable jusque-là, s’autorise une mésentente avec Lucas Fox, qui lui crie pourtant de laisser. La tête périlleuse du défenseur central file juste au-dessus de la barre, mais sur le corner tiré en deux temps qui suit, il se laisse encore surprendre, au deuxième poteau. Le ballon qui traîne est catapulté au fond, par Dachelet d’une frappe sèche à ras de terre (1-1, 34e). Si bien que le bilan eschois à la pause est médiocre malgré ce qu’ont pu apporter les «initiatives» de Petrakis.
C’est une demi-marche arrière que le technicien grec nous propose alors à la pause avec le remplacement forcé de Crolet (légèrement blessé) par Todorovic, qui apporte autre chose : sa volonté. Mais c’est surtout la remise en marche de Georgios Xenitidis, plus axial, qui va permettre à la Jeunesse de reprendre clairement les choses en main. Laurent, seul plein axe, met cependant son plat du pied directement dans les bras de Ralph Schon (65e) et une accélération de Xenitidis accouche d’une frappe à côté des six mètres (69e).
En toute fin de rencontre, un ballon déposé par Todorovic au deuxième poteau accouche d’une tête croisée de Voilis, qui tape le poteau. Il faut un tacle désespéré de Vandenbroeck pour empêcher Soares de pousser au fond (90+1). Les deux Eschois pure souche ont failli faire basculer le match et ç’aurait été un bien curieux clin d’œil victorieux aux options de Petrakis. Mais il ne s’en serait pas plaint. Au lieu de ça, sa Jeunesse, qui n’a gagné que deux de ses cinq rencontres domestiques, continue de stagner…
Julien Mollereau
Vestiaires
«En deuxième, ils ont resserré la vis»
Giorgios Petrakis (coach de la Jeunesse) : «Notre baisse de niveau de fin de première mi-temps ? C’est logique, on ne peut pas toujours être à 100 %. Mais on était bien organisés et on s’est procuré beaucoup d’occasions. Surtout après la 60e minute. Dommage, on a eu un peu de malchance.»
Dan Huet (coach de Wiltz) : «C’est un point mérité et on ne peut pas se plaindre non plus de ne pas avoir gagné au vu de la seconde période. On n’est plus parvenus après la pause à jouer aussi simplement et à exploiter les couloirs.»
Miguel Dachelet (Wiltz) : «C’est un bon point si on regarde la deuxième mi-temps, mais il est loin d’être volé si on regarde la première. En première ils n’existaient pas. En seconde, ils ont resserré la vis et nous, on ne bougeait plus trop. C’est mon troisième but? C’est bien, mais je ne regarde pas ça. Tout ce qui m’importe, c’est qu’on gagne.»
Milos Todorovic (Jeunesse) : «Quand on joue à la Grenz, on veut toujours gagner, mais on peut vivre avec ce point. Cela faisait un bout de temps que je n’avais pas été remplaçant. Cela doit dater de Sébastien Grandjean. Mais je respecte la décision du coach. C’est son choix. mais ce n’est pas une sanction, je n’ai raté qu’une séance dans la semaine à cause de formations que je passe.»
J. M.