Vu le temps de jeu en club de chacun des gardiens U21 du moment, il est l’heure de s’en soucier après deux semaines de sélection(s).
Le test positif au covid d’Anthony Moris lors de la dernière semaine internationale a entraîné une foule de questions sur la hiérarchie des gardiens au niveau international. Surtout quand Timothy Martin, qu’on connaît extrêmement peu, a été appelé pour «visionnage» chez les A. Alors que la fédération semble avoir en partie résolu le problème de la taille chez ses portiers, tous les successeurs potentiels du duo Moris-Schon sont aujourd’hui en difficulté dans leurs clubs respectifs (quand ils en ont un).
Dans les prochaines années, qui se positionnera le plus clairement pour la succession? Kips et Fox, qui évoluaient en DN la saison passée, ont choisi un autre chemin et se sont éloignés du regard des aficionados du football national. Pas de Laurent Mond, entraîneur des gardiens au CFN de Mondercange, notamment des espoirs et qui suit de très près l’évolution de la relève. Or si l’on se pose énormément de questions sur l’après-Moris (qu’on pourrait quand même situer à quatre ou cinq ans au moins, en l’état actuel des choses) l’ancien joueur de la Jeunesse ou du Progrès, passé lui aussi par les U21 et la formation de Mönchengladbach, assure que «le Luxembourg a désormais un réservoir, beaucoup de talents avec au moins un garçon par année de naissance». «Il faut juste qu’ils fassent leur chemin désormais», assure-t-il. Petit bilan de compétences, sous son regard acéré et qui y croit fort, malgré leurs problèmes de temps de jeu respectifs : «Ce ne sera pas une génération gâchée. Ils vont finir par avoir leur chance.»
Tim Kips (21 ans)
«Pickford est toujours dans le rouge»
«Cela fait quelques mois que je ne l’ai plus eu à l’entraînement, mais je garde le souvenir d’une très belle dernière prestation en espoirs, d’un match dans lequel il avait montré beaucoup de maturité. Il a beaucoup de talent et surtout, il est fort dans sa tête, car il a connu énormément de mésaventures. Mais il est toujours revenu. Cela dit, un gardien de but doit être un leader et les capacités mentales doivent aussi se retrouver sur le terrain. Il faut être un meneur positif. Je donne souvent l’exemple du gardien anglais, (Jordan) Pickford, qui est toujours dans le rouge. On n’a jamais vu un Neuer ou un Casillas râler comme lui. Pour faire simple, Tim doit être convaincu de ses propres capacités s’il veut amener un surplus. Mais déjà, il faut qu’il joue à Erzgebirge.»
Lucas Fox (21 ans)
«Il travaille aussi son sourire»
«Un très très bon gardien qui coche toutes les cases : le mental, le physique, la technique. Mais maintenant, il faut qu’il trouve un club, sinon on ne pourra pas le rappeler en 2022. Il manquera trop de rythme. Sur les deux derniers matches qu’il a disputés avec nous, en espoirs, il l’avait encore parce qu’il avait passé tout l’été dans des clubs pros à s’entraîner et disputer des matches amicaux. Mais lui est beaucoup plus un leader pour l’instant que Tim Kips, il a de la voix et est complètement l’opposé de Kips : extraverti. Il a une attitude que j’aime : toujours concentré, mais avec légèreté. C’est un gardien qui travaille aussi son sourire.»
Ce ne sera pas une génération gâchée
Timothy Martin (20 ans)
«Ils étaient trop dans sa catégorie»
«Il vient seulement de nous rejoindre, mais on le connaît depuis trois ans. Il avait frappé à notre porte, avait fait quelques séances intéressantes, mais à l’époque, on était déjà bien pourvus dans sa catégorie d’âge avec Kips notamment, Barrela, Keup… On en avait vraiment beaucoup sous la main. Il a dû remplacer Kips en Suède (NDLR : après 17 minutes, début juin, pour une défaite 6-0) dans un match très compliqué. Niveau foot, il joue des deux pieds, est à l’aise dans les airs, bon aussi dans les un-contre-un. Son seul défaut est peut-être d’ordre tactique à l’heure actuelle, mais il a un grand talent et sa vie est dictée par le football. C’est un travailleur qui sait rigoler. Il est à mi-chemin entre Kips et Fox de ce point de vue.»
Et tous les autres…
«Hey PSG, viens de ce côté!»
«Pour la succession à moyen terme chez les A, pour moi, c’est vraiment ces trois-là. Avec eux, on a un bon cru. Ils sont encore jeunes, mais ont déjà commencé à accumuler une grosse expérience que les autres n’ont pas. Même si je n’ai pas assez vu un Manu Cabral pour m’exprimer sur son niveau. Mais au CFN, cela commence doucement à pousser. En U19, on vient de finir la campagne avec Noah Scheidweiler (NDLR : Eintracht Trèves), qui fait déjà 1,92 m et montre de grosses capacités. Il y a aussi Tiago Pereira, un 2006, qui était en test à Mönchengladbach, où ils se sont montrés très intéressés. Et si on doit parler de caractère, de personnalité, alors celui-là, il en a! À 11 ans, le gars, en détection avec des garçons qu’il n’avait jamais vus de sa vie, il dirigeait déjà son équipe en positionnant les gars en les appelant par le nom du club de leurs maillots! C’était « hey Real Madrid, rentre dans le jeu!“ ou « hey PSG, viens de ce côté! ». Alors celui-là, il fallait l’intégrer direct et je l’ai dit à Reinhold Breu. Mais on a aussi Ben Kohnen, un 2007, qui est à Leverkusen, Ben Schmit, un 2008, au FC Metz… Non, vraiment, ça commence à prendre forme.»
Julien Mollereau