ITALIE Issa Bah nous a répondu depuis la Vénétie, où sa nouvelle vie de joueur pro prend forme, au cœur de la Sérénissime. Et l’ancien attaquant niederkornois est chaud bouillant!
Issa Bah est un écolier d’un genre un peu particulier. L’ancien ailier niederkornois a l’âge des études et il n’a pas quitté le Progrès simplement pour perfectionner sa culture tactique du ballon rond, dans laquelle il accuse un retard qu’il lui faut vite combler : logé dans un «bel appartement du centre universitaire» à 30 minutes du centre d’entraînement, à 30 minutes également du stade Pier-Luigi Penzo mais seulement «à 15 minutes de la Lagune», Issa va en profiter pour «apprendre l’italien».
Sur la première photo de lui dans son nouvel équipement, l’ailier gauche, parti à l’avant-dernière journée du mercato estival à l’issue de négociations express, n’est pas benoîtement souriant. Il apparaît au contraire fermé, concentré. Il n’empêche, à l’intérieur, ça bouillonne, c’est ambitieux, Quand on lui demande quelles sont ses ambitions cette semaine, il dégaine, rigolard : «Mes chances de jouer quelques minutes en Serie A cette saison sont supérieures à 100 %, se marre-t-il comme pour exorciser ses craintes. Je vais leur démontrer tout mon talent et tout le monde comprendra très vite qui je suis!» Avant ça, deux objectifs avoués, se «développer physiquement et améliorer le jeu de tête».
Si la fédération m’aide à obtenir la nationalité sans trop de complications…
Trop optimiste Issa? Il a le droit d’avoir une confiance aveugle en ses monumentales capacités d’accélération de «joueur de rue», un terme tout sauf péjoratif le concernant puisque c’est ce style atypique qui l’a fait taper dans l’œil de Venise. D’ailleurs, il l’assure, il n’a connu «aucun mal à l’entraînement avec la Primavera (NDLR : l’équipe espoirs). J’en ai fait deux super dès mon arrivée. Je remercie d’ailleurs le coach et son staff qui m’ont tout de suite fait sentir comme à la maison.»
Sa maison, donc, ce n’est plus Belvaux et ses hauts fourneaux, mais bien le Palais des Doges, le Pont du Rialto, la Basilique Saint-Marc. Sacré changement de décor, plutôt très positif, sans faire injure à Belvaux. Mais il l’avoue, «Thomas Gilgemann (NDLR : son ancien directeur), le roi de l’organisation, me manque. En fait non, Niederkorn, c’est une famille et tout le monde me manque déjà mais je les remercie tous pour ce transfert.» Dans la logique de ce passage chez les (très) grands, Issa est programmé, dixit ses dirigeants, pour rejoindre éventuellement le groupe pro dès le mois d’octobre. Il sera alors temps, si les plans se déroulent comme prévu, de parler ouvertement de son avenir d’international en devenir.
«Mon cœur me pousse vers mes origines, là où je suis né, la Guinée. Mais dans la vie, il faut aussi prendre certaines décisions et aussi remercier le pays qui m’a fait grandir : le Luxembourg. Donc je ne fermerai jamais les portes à l’équipe nationale du Luxembourg si cette dernière, un jour, me contacte et m’aide à obtenir la nationalité sans trop de complications. Car là, en ce moment, je me concentre surtout sur le projet Venezia Calcio.» C’est encore dit en français, ça a le mérite d’être clair…
Julien Mollereau