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[Football] Guy Hellers : «En 2006, c’était le Club Med à Majorque»


«On a vraiment vécu un voyage horrible», se souvient Guy Hellers. (Photo archives Editpress / Gerry Schmit)

La dernière fois qu’un tel enchaînement s’est présenté en juin, c’était il y a 18 ans.

Il y a 18 ans, les Roud Léiwen s’offraient un avant-Mondial allemand dantesque avec un enchaînement dingue. Entre l’Allemagne de Schweinsteiger à Fribourg (7-0), le Portugal de Ronaldo à Saint-Symphorien (3-0) et l’Ukraine de Shevchenko au Barthel (0-1), il s’écoule seulement dix jours. Il était tentant d’aller voir Guy Hellers, sélectionneur de l’époque, pour savoir comment ses gars avaient absorbé le trop-plein physique et mental, pour avoir des recettes. On en est ressorti avec autre chose que ce qu’on attendait, tout simplement parce que c’était une autre époque…

Vous vous en rappelez bien, de cet enchaînement ?

Guy Hellers : Je me souviens surtout de l’Allemagne. Au niveau du score, ce n’était pas bon, mais nos joueurs étaient déjà en vacances. Ça m’était resté sur le cœur. Pour aller là-bas, il faut croire qu’on n’avait pas encore assez d’argent et on nous avait véhiculé en Flixbus ! Vous savez ce que c’est, un Flixbus? Je ne voulais pas monter dedans. Les joueurs non plus et on a failli ne jamais partir. Les gars étaient complètement démotivés.

Ça n’existe plus, l’honneur du pays ?

Mais vous étiez quand même montés un peu en puissance pendant ces dix jours, ne perdant que 1-0 contre l’Ukraine, au bout de cet intense enchaînement.

Oui, oh vous savez, les valises étaient déjà prêtes pour partir en vacances. Après l’Allemagne, je ne me rappelle plus trop ce qu’il s’était passé, mais à l’époque, on était en train de mettre lentement des choses en place. Physiquement, on était uniquement sur du régénératif et un peu sur du mental. Mais en 2006, le départ en Allemagne, c’était vraiment le Club Med à Majorque. Une honte. Un manque de respect. C’est le genre de bêtise qui pèse dans les têtes. Je ne dis pas qu’on en a pris sept pour ça, mais on a vraiment vécu un voyage horrible.

Alors qu’on se demande si le Luxembourg a bien fait d’accepter de jouer deux matches de ce niveau en trois jours, vous, vous étiez volontaire pour enchaîner comme ça des matches dont vous saviez que vos joueurs n’étaient pas enclins à enchaîner ?

Bon, j’étais content de donner des minutes aux gars pour préparer la suite, mais à ce moment-là, c’était très différent de maintenant : on n’était nulle part! Je savais comment ça allait tourner : pas bien. Mais c’était comme quand on faisait des amicaux avec le Standard : on ne jouait pas à fond, c’était pour faire de l’argent et surtout ne pas se faire mal. En face, ils ne joueront pas à fond. Plus pour ne pas se blesser.

Les blessés, ils sont côté luxembourgeois pour l’heure.

Disons qu’il y a des blessures réelles et certaines diplomatiques. Leo Barreiro, je l’aime beaucoup, c’est notre meilleur joueur, mais je ne comprends pas qu’il fasse l’impasse. Il a joué quoi ? Cinquante matches à tout casser? En Bundesliga, avec les soins dont ils disposent… Il devrait être là. L’honneur du pays, ça n’existe plus ? Parce qu’attention, sur ces deux matches, tu peux prendre de sacrées gamelles !