Gerson Rodrigues n’est plus dans le groupe de Laurent Battles et, dans l’Aube, il se murmure qu’une séparation cet hiver est à l’étude.
Gerson Rodrigues en Ligue 1, c’est déjà fini? Après une titularisation à Marseille (1-0), il y a deux semaines, l’attaquant des Roud Léiwen n’a plus été convoqué par son entraîneur dans le groupe des vingt qui ont été amenés à se déplacer chez le champion lillois (2-1), mais aussi à recevoir Lorient (2-0) puis Bordeaux (1-2) dans le cadre de matches importantissimes pour le maintien. Alors que de l’avis général chez les suiveurs de l’Estac, le niveau de l’ancien Folaman n’est pas en cause, ce sont plutôt ses performances et son train de vie qui auraient lassé Laurent Battles.
Recruté dans les dernières heures du mercato estival par l’actuel 17e de L1, Gerson est-il victime d’un gros malentendu? Il semblerait que cela soit plutôt… d’un choc culturel. Passer de l’anonymat d’une capitale européenne de trois millions d’habitants comme Kiev à une bourgade médiévale de 60 000 habitants ne se fait pas sans heurt. Les mentalités ne sont pas les mêmes.
Les médias locaux n’ont ainsi pu s’empêcher de remarquer que le Luxembourgeois passe forcément moins inaperçu dans l’Aube, quand il est en sortie au volant de sa rutilante voiture. Il est des clubs où les joueurs sont jugés autant pour ce qu’il montre sur le terrain qu’en dehors. Et Troyes n’aime pas le bling-bling, même si le club s’est permis une fantaisie récente en faisant interpréter le nouvel hymne officiel du club par le DJ Martin Solveig.
Il appartient toujours à Kiev
Est-ce le nœud du problème que cette apparente inadéquation entre un homme et son entourage? Revient alors en mémoire cette interview franche de son agent, Ahmed Nouma, accordée il y a un peu plus d’un an, en septembre 2020 : «J’essaye de porter un jugement objectif et je pourrais comparer avec beaucoup de joueurs qui ont un peu la même mentalité. Sans chercher à les placer du tout au même niveau, mais juste pour dire qu’ils ont la même mentalité : des Neymar, des Romario, des Ronaldinho… Ils ont besoin de faire la fête pour être heureux. C’est comme ça, certains joueurs ont besoin de ça. Gerson aussi. Mais il est évident qu’il fait partie de cette catégorie de joueurs qui ne laisse pas indifférent. Soit on aime, soit on n’aime pas.»
Depuis deux semaines, les médias locaux se posent la question de savoir si l’Estac aime. Et ont fini par le dire tout haut en constatant que Gerson n’était même pas rappelé pour être visionné sur un match de Coupe de France contre Nancy, lanterne rouge de Ligue 2 et qui va pourtant donner lieu ce samedi à une grande tournante du côté troyen.
Du coup, la question est lâchée : cette collaboration survivra-t-elle à la période des fêtes? L’aventure Gerson peut-elle se refermer après un but en neuf apparitions, ce qui, soit dit en passant, en fait le troisième attaquant le plus prolifique du club sur la base d’un ratio but/minutes passées sur le terrain (et en ayant été le seul à avoir à s’adapter à ce championnat)?
Contractuellement, l’attaquant n’est que prêté par le Dinamo Kiev. Un club éliminé de toute compétition européenne, où les milieux de terrain offensifs et ailiers font la loi, mais où aucune pointe ne semble vraiment émerger. On n’en est pas encore à un retour en Europe de l’Est, mais on ne semble en tout cas plus forcément parti sur l’idée de rester dans l’est de la France.
Julien Mollereau