Peu convaincant en janvier en pointe, où la concurrence s’est récemment accrue, le Luxembourgeois Gerson Rodrigues voit ses perspectives s’amenuiser au sein de l’attaque troyenne.
Un international canadien formé à Chelsea et auteur de 16 pions en D1 belge, et un international sud-africain rompu aux joutes de la Ligue 1, où il totalise 72 apparitions : Iké Ugbo (23 ans) et Lebo Mothiba (26 ans) ont beau avoir besoin de se relancer, en particulier le second, qui n’a pratiquement pas joué depuis deux ans en raison du covid et surtout d’une blessure au genou, les deux nouveaux avant-centres troyen n’ont, au vu de leur profil, pas débarqué cet hiver dans l’Aube pour jouer les utilités.
Pas forcément une bonne nouvelle pour Gerson Rodrigues, confronté à une double concurrence supplémentaire face à laquelle son bilan personnel (12 matches de Ligue 1 pour un but et une passe décisive seulement) ne saurait constituer une quelconque immunité.
«Blacklisté» en décembre par Laurent Battles, puis relancé en janvier par son successeur Bruno Irles, qui l’a titularisé trois fois en pointe entre la 20e et la 22e journée, le numéro 11 troyen n’a pas su profiter des absences de Yoann Touzghar et Mama Baldé, partis à la CAN, et Renaud Ripart, blessé, pour rebattre les cartes dans un secteur offensif où il apparaissait déjà distancé avant les arrivées d’Ugbo et Mothiba. Trop ?
Barré dans l’axe, une chance sur l’aile ?
«Il ne faut pas se leurrer : il a été remis dans le circuit par défaut, car il n’y avait personne d’autre à mettre devant, théorise le journaliste Christophe Mallet, responsable du service des sports du quotidien aubois L’Est-Éclair, suiveur assidu de l’Estac. C’est pour ça qu’il est resté en janvier. Irles avait besoin de lui, et il avait peut-être une chance à saisir.
Mais ses performances n’ont pas été à la hauteur. Il n’a pas fait des mauvais matches, dans l’investissement il a répondu présent, mais il avait trop de déchet technique pour permettre de faire remonter le bloc et n’a jamais été décisif. Il n’a pas convaincu. La concurrence, c’est juste la dernière lame.»
Touzghar et Baldé rentrés du Cameroun, Ripart rétabli, où se situe aujourd’hui Gerson, dont l’entourage reste confiant, dans la hiérarchie offensive troyenne? En pointe, l’ancien du Dynamo Kiev a selon notre confrère «au moins trois joueurs devant lui» (Touzghar, Ugbo, Mothiba).
Voire quatre ou cinq, selon le rôle dévolu ces prochaines semaines aux polyvalents Ripart, attaquant de formation mais «capable de dépanner partout», et Baldé, l’un des joueurs les plus utilisés de la phase aller. Ce dernier a d’ailleurs terminé dans l’axe dimanche – où Gerson était suspendu – aux côtés du revenant Mothiba.
Le signe de la volonté du technicien troyen de passer à deux attaquants, ce qu’il ne lui était pas possible de faire en janvier compte tenu des absences, et dimanche en raison des méformes diverses et de l’absence du Luxembourgeois? Si tel est le cas, l’avenir immédiat de Gerson s’inscrirait plutôt, comme à Kiev, dans un couloir, où «ses concurrents seraient plutôt Baldé et Ripart» (voire Issa Kaboré, latéral droit au profil très offensif?). Une chance, dès lors, que l’ancien ailier bordelais François Kamano – souhaité par Irles – ait été recalé à la visite médicale…
Au mieux joker, au pire «antisystème»?
Encore faut-il que cela se confirme. Bruno Irles peut en effet aussi opter pour «un 3-4-1-2 avec Tristan Dingomé en dix», qui condamnerait quasiment Gerson. Mais là n’est pas la tendance : si Laurent Battles était adepte d’une défense à trois axiaux, son successeur n’y a eu recours qu’une fois depuis son arrivée, contre Lyon (21e journée), et a le reste du temps privilégié une défense à quatre. Ce qui laisse au numéro 11 quelques perspectives de temps de jeu, plus probablement dans un rôle d’excentré.
Une hypothèse renforcée par les premiers entraînements rouverts au public, où Irles «l’a mis sur un côté dans les exercices», témoigne Christophe Mallet, persuadé que le technicien «ne voudra pas écarter totalement» Gerson après l’avoir relancé.
Pas à court terme en tout cas, au vu des états de forme encore disparates des offensifs. Pour ne pas avoir à se contenter d’un rôle de joker comme à Kiev, il lui faudra toutefois rapidement prendre le meilleur sur Ripart ou Baldé.
Ce qui passera par une rigueur décuplée. «Il y a dans le couloir un replacement défensif à respecter, note Christophe Mallet. Est-il dans cet esprit-là? En janvier, il n’y a rien eu à dire là-dessus.» Reste cet autre doute à lever : sa capacité à s’adapter au «jeu de transition, fait de projections rapides», prôné par Irles et tranchant largement avec la philosophie de Battles.
«Le contenu n’est plus du tout le même, observe le journaliste. Irles repart d’une feuille blanche car il n’avait pas les joueurs adaptés à sa méthode. Maintenant, oui. On va donc savoir s’il est dans le vrai.» Comme Gerson.
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