Gerson Rodrigues semblait sur le point de quitter la Ligue 1. Quelques discussions et un changement de coach auraient renversé la tendance. Pour de bon?
Troyes ne jouera pas contre Montpellier, ce dimanche. Le club aubois, qui a vu 13 des 30 joueurs de son effectif pro se faire tester positifs au coronavirus, avait officiellement demandé un report auprès de la Ligue. Il a été accordé, vendredi matin. Ceci étant dit, il y a presque plus important, à l’échelle du Luxembourg : si ce match avait eu lieu, se serait-il joué, ou non, avec Gerson Rodrigues?
Le Roude Léiw, mis au placard par Laurent Battles sur toute la fin d’année 2021, semblait pourtant clairement sur le départ il y a quelques semaines. Stigmatisé par les supporters pour son train de vie, en déficit d’amour dans le vestiaire, la star de la ligne d’attaque luxembourgeoise a-t-elle quand même vu sa carrière prendre le tournant de la stabilité durant les fêtes?
Battles a quitté le navire et le représentant de Gerson a plaidé sa cause dans la foulée auprès des dirigeants. En quelques jours, tout a changé, dixit Ahmed Nouma, l’agent de Gerson, qui s’est montré très clair : «Il ne part pas! Nulle part. Hors de question. On s’est dit « tu performes, tu finis la saison et on verra. Mais on ne part pas sur un échec ».»
Vœu pieux? Dans les coursives du stade de l’Aube, il se murmure toujours, en off, qu’on cherche une porte de sortie et qu’il a été déconseillé au nouveau staff en place de se mettre en difficulté vis-à-vis du public en réintégrant un joueur globalement mal-aimé. En cause, une accumulation de petits désagréments qui ont fragilisé sa position au sein de l’effectif troyen. Dont… un retard tout frais d’une heure à l’entraînement et surtout un geste d’humeur lors de son tout dernier match, une titularisation à Marseille (1-0), lors de laquelle il avait manifesté de l’agacement envers un coéquipier. Ce que ses dirigeants et surtout son coach et ses partenaires avaient moyennement apprécié. Gerson l’avait payé au prix fort avant la trêve hivernale. Lui qui avait vanté le côté paternaliste et chaleureux de Lucescu au Dynamo Kiev s’est heurté à l’intransigeance de Battles, plus carré, moins arrangeant.
On ne parle plus de sa voiture SVP
L’arrivée de Bruno Irles, l’ancien coach de Vincent Thill à Pau (qu’il a fait monter en Ligue 2) et de Kyllian Mbappé à Monaco, en catégories jeunes, passé comme Gerson par le Sheriff Tiraspol (qu’il a coaché en 2016), était donc a priori une aubaine. La seule main qui pouvait lui être tendue pour peu que le technicien ne prenne en compte que le seul aspect sportif.
Pour Gerson et son entourage, il est toutefois évident désormais que les choses ont été clarifiées entre le joueur et son employeur, à qui Ahmed Nouma a fait entendre raison sur un point : le style de vie de son joueur et de son impressionnante voiture visiblement au cœur de beaucoup de conversations chez les supporters de cette petite ville. «Hors de question de changer Gerson, ou il sera triste. Il n’est pas venu pour vivre dans une caserne. Ni pour rouler dans une « 2 chevaux » pour faire plaisir aux gens. Oui, il a une belle voiture mais il ne l’a pas volée. Faut faire avec.» Voilà, les choses sont aplanies… pour le joueur. Le sont-elles pour l’entourage du club? Si une minuscule fenêtre de tir s’entrouvre et que Gerson gagne le droit d’avoir une deuxième chance sur la forme, il lui faudra soigner le fond pour qu’on n’en parle plus. On fait le bilan au printemps.