Pas de mauvaise surprise avant de défier le Sheriff Tiraspol dans ce premier tour de la Ligue des champions: l’intégralité des 25 Folamen partis chercher la qualif’ en Moldavie est apte et très motivée.
Il n’y a plus qu’un prisme à l’heure actuelle, dans les pays qui n’ont pas encore regoûté au football, et c’est l’épidémie aussi bien que ses conséquences sur l’organisation locale du sport le plus populaire du monde. Sébastien Grandjean l’a bien compris quand 95 % des questions adressées à Stefano Bensi, Julien Klein et à son directeur sportif, Pascal Welter, ont tourné plus autour du coronavirus qu’autour du jeu. C’était lundi soir, à quelques heures de monter dans l’avion pour la Moldavie et d’aborder un match unique face au Sheriff Tiraspol.
Le technicien eschois a donc utilisé la méthode forte : «Vous créez autour de nous un de ces climats… J’ai l’impression qu’on va jouer contre le Covid-19, contre le personnel de l’aéroport, contre l’hôtesse qui sera dans l’avion… Mais ce club a fait des efforts incroyables pour responsabiliser tout le monde et si nous sommes tous négatifs (NDLR : au test), le sujet Covid n’existe pas pour moi !»
C’est une fois arrivé sur place que le club eschois a appris que tous ses joueurs étaient effectivement passés entre les mailles du filet et pourraient jouer cette rencontre. La seule trace du coronavirus restante tient donc au fait que le club doyen a 90 minutes dans un stade à huis clos pour se qualifier au prochain tour et filer défier l’ogre azerbaïdjanais Qarabag (qualifié facilement mardi) au 2e tour.
«Ils aiment mettre la pression et intimider»
«Je le vois comme un avantage», a annoncé Grandjean. «Et il n’y aura personne dans le stade. C’est important. Quand je vois la façon dont se sont comportés les remplaçants et le staff de Séville dimanche (NDLR : en demi-finale de l’Europa League, contre Manchester United, 2-1), je me dis qu’ils ont été un véritable douzième homme. C’était surprenant et beau à voir. C’est ce que j’aimerais pour nous.»
Comment le Fola abordera-t-il cette rencontre couperet contre le leader de la Divizia Nationala avec huit victoires en huit matches et un seul minuscule but encaissé ? Il l’a déjà dit : en mettant la pression haut, en allant chercher cet adversaire qui impressionne physiquement et se trouve doté, offensivement parlant, d’une tour de Babel de garçons plutôt talentueux, le Camerounais Abang, le Croate Boban, le Colombien Castañeda…
«Des joueurs qui aiment mettre la pression et intimider», assure Grandjean. C’est donc un match d’hommes qu’il faudra livrer. Courageux et audacieux plutôt que malins et attentistes. Mais pas pour autant dénués d’un froid réalisme : «On a aussi shooté quelques penalties en fin de séance pour ne rien laisser au hasard et même si l’option, c’est plus d’aller là-bas pour gagner le match que pour ne pas le perdre.»
Stefano Bensi, qui a depuis longtemps l’habitude de ce genre de rendez-vous, dit avoir «le feu aux jambes». C’est la seule partie de son corps qui devrait le brûler, ce mercredi soir, puisque si la température montera jusqu’à 33 °C, elle devrait être redescendue à 28 au coup d’envoi. C’est sur le terrain que cela chauffera. Et au portefeuille : une qualification ferait du bien aux finances.
Julien Mollereau
Le Fola diffusera la rencontre sur trois écrans, ce mercredi soir, au Galgenberg, en respectant les règles Horeca. Nombre de places limitées. Appeler le 621 16 17 44. Coup d’envoi du match à 20 h.
Julien Klein : «Sur un match, l’effet de surprise est total»
Julien Klein va jouer son 22e match européen en Moldavie, devenant le… 22e joueur le plus capé sur la scène continentale.
Le défenseur central du Fola, pilier incontournable du club eschois depuis dix saisons déjà, a tout fait pour passer le moins de temps possible sans son masque, lundi soir, lors de la conférence de presse d’avant-match, parlant vite et bien, avant de vite renfiler cet outil indispensable qui lui garantit d’être sur le terrain, ce soir. Il sera le premier capitaine d’une équipe luxembourgeoise à rejouer un match officiel depuis début mars. D’où l’obligation d’être irréprochable dans l’approche du match et dans la façon de le jouer.
Prenez-vous du plaisir dans ces conditions très particulières du Covid ?
Julien Klein : On en prend, oui. On est tous contents de retrouver le terrain, content de faire tout ce qu’on fait même si on doit le faire avec beaucoup de précautions. La compétition nous manque et on est tous très heureux de reprendre par un très gros match.
Toutes ces mesures, vraiment, ça ne vous dérange pas ?
C’est inscrit dans notre rythme maintenant et on sait pourquoi on le fait.
Vous êtes monté dans l’avion en ne sachant pas encore si vous étiez négatif ou pas. C’est usant ?
C’est sûr qu’à chaque fois qu’on passe un test, on n’est pas à l’abri de ne pas pouvoir être là pendant 14 jours. Tant qu’on n’a pas reçu les résultats, on a une petite pression et on est impatients de recevoir les résultats.
Avez-vous l’impression que les gens, à l’heure actuelle, sont prêts à vous suivre dans cette campagne ?
Ce n’est pas la priorité pour tous les gens autour, mais c’est la nôtre. Toute l’équipe est concentrée, même ceux qui ne sont pas partis.
Vous jouez le Sheriff sur un seul match. Avantage ou inconvénient ?
Je crois que ça augmente nos chances car ces dernières années, on se faisait souvent avoir au deuxième match. Là, l’effet de surprise est total. D’ailleurs ces derniers jours, les matches en Europa League et en Ligue des champions (NDLR : dans les deux « Final 8 » qui occupent les clubs qui finissent l’édition précédente) n’en finissent pas de le prouver et beaucoup d’équipes passent grâce à ça.
Recueilli par J. M.