CONFERENCE LEAGUE (BARRAGES, RETOUR) Le club eschois aura trois buts de retard, ce soir, au coup d’envoi de son match retour face au Kairat Almaty. A-t-il le droit d’y croire, au moins un peu?
Sébastien Grandjean ne sera sans doute jamais pris en flagrant délit de renoncement mais dans sa vaste entreprise visant à convaincre ses joueurs qu’il est possible de remonter trois buts au Kairat Almaty, ce soir, au Stade Central, il s’est autorisé inconsciemment un petit arrangement avec la réalité. Lui qui n’accordait à son équipe que 1 % de chances de passer après la défaite 1-4 à l’aller, a distordu une statistique parue dans nos colonnes et accordant 95 % de chances de passer… au Sheriff Tiraspol de Sébastien Thill après son succès 3-0 de l’aller, à domicile. «Grâce à cet article, on a gagné 4 % de chances, merci», a souri le technicien. Ce n’est pas exactement vrai mais on a saisi l’idée : le club doyen y croit encore.
Pour ça, il faut avoir de l’aplomb et de la confiance en soi. Une chance pour le Fola, cette estime personnelle, cette capacité à se dire qu’on a le talent pour inverser la tendance, ont regrimpé en flèche en championnat contre Differdange, au cours d’un match qui, paradoxalement, n’a accouché que d’un nul (1-1). «Ce résultat a été balayé par le fait qu’on s’est créé énormément d’occasions, indique Grandjean. On a deux face-à-face, trois poteaux, deux têtes dont je ne comprends pas qu’on les ait ratées… Mais finalement, on était dans le même état la saison passée à pareille époque, avec un Hadji qui ne savait même pas s’il serait titulaire, mais petit à petit, des garçons se sont révélés.»
«Ce n’est pas du blabla, c’est de la raison»
Et la saison passée, jusqu’à preuve du contraire, le club eschois avait vécu une énorme désillusion en Arménie, se faisant sortir en prolongations par Ararat alors qu’il menait 1-3 à l’entrée dans les arrêts de jeu. «Ah mais notre raison nous dit que c’est impossible, annonce tout de go Grandjean. Mais notre cœur et notre envie nous disent que tout est possible. Le FC Barcelone n’a-t-il pas éliminé le PSG? (NDLR : après avoir perdu 4-0 à l’aller). J’ai regardé encore une fois le match aller et hormis quelques moments où nous avons mal défendu, nous avons été meilleurs qu’eux! Et nous créer toutes ces occasions contre Differdange nous a rassurés. Et ce n’est pas du blabla, c’est de la raison.»
En général, les clubs luxembourgeois ont coutume de dire qu’ils ne se «déplacent pas pour faire du tourisme». C’est un lieu commun qui aide à situer des ambitions mais qui est rarement suivi d’effet. Hier, le staff eschois a reconnu avoir pris le temps de visiter Almaty lors d’un tour guidé, une ville «surprenante, dynamique, très agréable». C’est-à-dire un peu ce qu’on aurait pu dire du Fola sur la plupart de ses matches de Conference League jusque-là. Ce qu’on a beaucoup perdu contre Linfield au 3e tour et ce qu’on a eu par séquences au match aller de ce barrage. Ce qu’on aimerait retrouver sur 90 minutes cet après-midi au fin fond du Kazakhstan. Pour un exploit? Non, pour un miracle.
Julien Mollereau