Au regard de leur campagne dans cette Ligue des nations, les Roud Léiwen méritent mille fois de terminer premiers de leur groupe. Mais ce mardi soir, contre l’Azerbaïdjan, les conditions ne leur facilitent pas la tâche.
Les Roud Léiwen sont tendance ! C’est à croire qu’on ne parle plus que d’eux en Europe. De l’interview de Luc Holtz réclamée et obtenue par L’Équipe avant Chypre au papier dithyrambique de Marca, qui s’emballe littéralement en titrant sur ce «Luxembourg passé de pire équipe d’Europe à candidat au Mondial».
On a aussi entendu la Sky, en Angleterre, s’insurger contre «le rouge très sévère infligé à Vahid Selimovic», comme si le match de samedi à Nicosie, entre deux nains du continent, était parvenu à dépasser les frontières du raisonnable et à faire s’emballer les footballeurs de tous les pays dès qu’une nouvelle contrariété venait mettre des bâtons dans les roues de cette incroyable success story en train de s’écrire. On ne peut plus se voiler la face : les gens parlent du Luxembourg.
Qu’on le veuille ou non, cette dernière rencontre du groupe 1, Ligue C, sera suivie du coin de l’œil par beaucoup de monde. Les médias continentaux guettent la bonne histoire. Et puisque cela fait un siècle que le Grand-Duché traîne sa réputation de loser total, le voir postuler à une première place potentiellement qualificative pour les barrages qui mèneront au Qatar en 2022, avec en plus des principes de jeu réjouissants, intrigue comme jamais.
Ne pas répondre à ces espoirs serait-il une déception pour Luc Holtz ? «Attendez, notre premier objectif en entrant dans cette compétition était quand même de ne pas finir dernier ! Là, on fera au pire deuxième avec neuf points et c’est déjà une très bonne performance. Si j’y ajoute la domination qu’on a montrée dans la plupart de nos matches, c’est exceptionnel.»
«Les chances de gagner diminuent»
On se demande bien quel adjectif qualificatif le sélectionneur nous sortira ce mardi soir si, au coup de sifflet final, ses Roud Léiwen parviennent à repasser devant le Monténégro, actuel leader. C’est que les conditions sont assez particulières.
Nécessité n° 1 : battre l’Azerbaïdjan si le Monténégro fait match nul contre Chypre, ou prendre au moins un point si Chypre fait l’exploit de son côté à Podgorica. Nécessité n° 2 : composer une équipe qui se tienne malgré un nombre d’absents qui a encore augmenté et qui devient vertigineux (O. Thill, Chanot, C. Martins, Malget, Turpel, Carlson, Hall, Selimovic…). Nécessité n° 3 : que le corps arbitral évite d’infliger un nouveau handicap majeur à cette équipe qui n’a finalement perdu que quand elle s’est retrouvée en infériorité numérique. Eu égard au point n° 2, Luc Holtz a redit qu’il était «inutile de préciser qu’on ne peut plus jouer le même foot dans ces conditions» et que les «chances de gagner diminuent», admet le sélectionneur.
Contre cet Azerbaïdjan qui n’a plus marqué le moindre but depuis quatre matches internationaux et 420 minutes, le Grand-Duché voudrait s’en remettre à des vertus cardinales énoncées par le sélectionneur en conférence de presse. Envie, courage, cœur, agressivité. «Des vertus qui sont toujours importantes, a indiqué Lars Gerson, mais on continue de mettre le focus sur la manière.» C’est là tout le problème. On se souviendra quoi qu’il arrive de cette campagne pour la manière, mais on aimerait s’en souvenir pour le résultat. Pour que cela ne soit pas aussi triste qu’en 2018…
Julien Mollereau