Étrillée contre toute attente à Stockholm, samedi, la sélection signe sa pire performance depuis 1982 et un déplacement samedi, en Angleterre. Traumatisant.
Il aurait sans doute mieux valu d’abord connaître l’enfer et ensuite le paradis, mais c’est comme ça : un mois après le nul arraché aux Bleus à Toulouse, les Roud Léiwen ont péri corps et âme en Suède.
que c’est arrivé et ce ne sont pas les mots qui manquent pour dire la profondeur de la déception. C’est le problème : il y en a trop. Aussi faut-il accepter, parfois, d’emprunter à d’autres la formule qui dit tout, vous brûle les lèvres… mais reste coincée au fond de la gorge. En l’occurrence citer Vincent Duluc, journaliste au quotidien L’Équipe, qui avait résumé ainsi, il y a quelques mois, la débâcle du Paris Saint-Germain dans son match retour des quarts de finale de Ligue des champions sur la pelouse du FC Barcelone (6-1) trois semaines après son exploit 4-0 à l’aller, dans un grand écart qui n’est pas sans rappeler ce qui vient d’arriver aux hommes de Luc Holtz : «Cela valait bien la peine de monter si haut si c’était pour redescendre si bas…».
On est en plein dans cette hébétude-là, aujourd’hui, à la FLF. Voir les Roud Léiwen s’infliger leur pire défaite internationale en 35 ans (après le 9-0 subi en Angleterre en 1972) après être allés chercher en France (0-0), il y a un mois seulement, le plus retentissant exploit des 54 dernières années (après la qualification pour les quarts de finale de l’Euro contre les Pays-Bas en 1963) est une intolérable faute de goût, un manquement évident à plusieurs des plus élémentaires règles de ce sport à haut niveau : l’humilité, l’orgueil, la solidarité. Au risque de devenir suspect de suffisance, voire d’irrespect. À un tel degré de déchéance, ce n’est pas un retour sur terre, c’est un retour sous terre…
J’ai beaucoup de mal à regarder dans les yeux les gens qui s’investissent pour nous
Le premier à s’en expliquer aura été le sélectionneur, monté visage fermé sur l’estrade de la salle de presse de la Friends Arena et qui ne fuira aucune responsabilité. Ni celle, sportive, dans laquelle il est engagé au même titre que ses joueurs, ni celle, symbolique, de l’image renvoyée par une équipe en perdition. Il n’a pas renié le fait d’avoir passé le pire jour de sa carrière d’entraîneur et a débuté ainsi son laïus : «Autant j’étais fier de mes joueurs à Toulouse, autant aujourd’hui, j’ai honte. J’ai bien évidemment ma part de responsabilité. Oui, j’aurais dû changer quelque chose. Mais quoi? Dieu seul le sait.»
Il était illusoire d’imaginer que les joueurs, eux, pouvaient avoir plus de réponses. Ils ont de toute façon été bien peu à essayer. Jonathan Joubert a hésité avant de préférer «ne rien dire». Les courageux étaient des défenseurs, les plus exposés dans la tempête. Hébétés, mais pas fuyants. Mario Mutsch, sans doute auteur de sa pire prestation sous le maillot de la sélection, a forcément reconnu «avoir du mal à trouver les mots» et s’est autoflagellé avec une touchante sincérité : «Aujourd’hui, je juge ma performance et j’ai beaucoup de mal à regarder dans les yeux des gens qui s’investissent tant pour nous. Je pense au staff, je pense à la FLF, je pense à tout le pays.»
Les mots ont eu également beaucoup de mal à sortir chez Chris Philipps, mais quand le défenseur messin a desserré les mâchoires, ses mots ont été aussi forts que dans les travées du Stadium de Toulouse, quatre semaines plus tôt, pour un message sans ambiguïté. «Ce résultat va donner raison à tous ceux qui pensent qu’il y a eu un relâchement après la France, même si, franchement, je ne l’ai pas vu. Mais le coach a dit que c’était honteux et je crois que le terme est correct. Tout le monde va nous rentrer dedans et tout le monde aura raison.»
Tout le monde va nous rentrer dedans
Tout le monde… Parlons-en de tout le monde, tiens. À l’euphorie de septembre va donc succéder le fatalisme d’octobre. Et puisque c’est dans cet ordre-là que se sont passées les choses (d’abord le paradis, ensuite l’enfer), il sera difficile de vendre l’idée que le niveau réel des Roud Léiwen est compris entre leurs deux dernières prestations, mais sans doute plus proche de la France que de la Suède.
«On a deux visages, a pourtant confirmé Chris Philipps. À nous de montrer le bon mardi contre la Bulgarie.» Car les hommes de Luc Holtz restent paradoxalement en course pour signer la campagne d’éliminatoires la plus prolifique depuis 1995 en cas de succès face aux Bulgares. Même si depuis samedi soir, on y croit forcément un peu moins fort. Parce qu’on voit mal comment se relever en 72 heures de cette descente en flammes…
Julien Mollereau
Le match face à la Suède était tout simplement terrible sous tous les aspects; il n’y avait peut-être que Gerson Rodriguez qui, une fois entré en deuxième mi-temps, essayé de se battre, mais le reste… Pourtant toute la presse luxembourgeois les avait prévenus de ne pas abuser de la confiance acquise face à la France. Je pense aussi que Holtz aurait du laisser dès le début la même équipe qui a joué face la France, pour montrer sa confiance, mais surtout, de mettre en place une équipe stable, qui ne change pas complètement chaque match… normal que souvent les automatismes ne fonctionnent pas entre les joueurs!