Comme ne le disent pas les deux courtes victoires contre TNS, l’attaque du FCD03, lentement, se met en marche.
Avec quatre buts inscrits en quatre matches de Coupe d’Europe, le FCD03 a été mal servi à certains moments. Il faut dire que, dans le domaine offensif, le travail est abyssal pour le nouveau staff. Mais contre TNS, mardi, les raisons d’espérer ont été nombreuses. Ne serait-ce que parce qu’au cœur de la deuxième mi-temps, son attaque, avec un peu de réalisme, aurait pu planter au moins trois à quatre buts de plus.
3-5-2, le style Silva
«C’est ça, le style Pedro Silva?», s’est vu demander le technicien portugais après une deuxième mi-temps bien meilleure que la première, contre The New Saints. «Oui», a lâché le jamais très disert coach. Le «style», donc, s’est ancré dans un 3-5-2 plutôt que dans le 3-4-3 pensé par son prédécesseur. L’idée étant de faire tourner quelqu’un autour d’un Hadji qui, de temps à autre, au F91, se sentait un peu seul. L’élu s’appelle Artur Abreu, avec qui la liaison semble commencer à prendre.
Pinto, c’est Vitinha ?
Le petit récupérateur a marqué de son empreinte la deuxième période par sa vivacité et son amour évident des longues courses tranchantes qui font mal à l’adversaire. Contre les Gallois, il a multiplié les ballons volés, les fautes provoquées et les raids qui apportent le danger, dans un style qui n’est pas sans rappeler celui du petit Portugais du PSG, Vitinha. Qui frappe les phases arrêtées, comme lui.
Mfoumou, pas trop dur
Son staff l’a excusé au coup de sifflet final pour son manque de rendement devant le but (deux énormes occasions gâchées en début de deuxième période), mais aussi pour rappeler ce qui ne se voit pas («Il y a trois semaines, il était encore de l’autre côté du monde», en Afrique, a redit Rémy Manso, son directeur sportif) et… ce qui se voit. Le garçon, dans une position à la Trani, a visiblement une créativité et une capacité d’élimination peu communes qui vont le rendre extraordinairement dangereux – même en Europe – si le doute ne s’installe pas dans son esprit.
Lempereur change de style
Le FCD03 de 2024/2025 n’était pas le plus centreur de la terre. Pas besoin, les petits gabarits faisaient des différences par passes courtes ou en attaquant la profondeur sans avoir forcément recours aux ailes. Cela n’avait pas empêché Geoffrey Franzoni de finir avec 4 passes décisives et Dylan Lempereur avec 6. Mais ce dernier, tout particulièrement, semble commencer à nouer une complicité spécifique avec Hadji, dont le style se prête à plus de jeu long, à plus de ballons aériens. Que les services viennent de l’aile gauche, comme c’était souvent le cas avec Chris Stumpf au F91, est sans doute le fruit du hasard, mais la naissance de cette idylle de terrain est plutôt bon signe. Hadji lui-même l’a dit : «Dylan a une telle qualité de pied que ce serait dommage qu’il ne centre pas.»
Hadji court beaucoup
Pedro Silva est exigeant avec son «vieil» avant-centre. Il aime d’ailleurs beaucoup ses décrochages, qu’il lui demande de faire en nombre pour «libérer des espaces dans (son) dos». Contre TNS, le jeu long a souvent embêté l’adversaire justement parce que les petits gabarits prenaient la profondeur plutôt que de voir le «target player» dévier tout ce qu’il peut. Le hic, pointe Hadji lui-même, c’est qu’il reste encore un peu trop loin à son goût de la surface et ne peut donc pas être toujours à la finition. Un point sur lequel bosser, ces prochaines semaines.
Julien Mollereau
Derrière, défense retrouvée
LIGUE CONFÉRENCE Particulièrement frileuse derrière contre Drita, la défense du FCD03 s’est ressaisie dans cette double confrontation, obtenant deux clean sheets.
Il était important de renouer avec ce qui avait été leur force l’an dernier. Lors du dernier championnat, la défense differdangeoise avait encaissé 7 buts. Ce qui en faisait, statistiquement, une des meilleures défenses d’Europe. Mais cette certitude a volé en éclats lors du match retour contre Drita. Ces 20 premières minutes, pénalisées par des erreurs de l’arrière-garde, ont fait surgir un certain doute. Mais ceux-ci ont largement pu être dissipés après une double confrontation sans but des Gallois de TNS. «On n’a pas encaissé, ce qui n’était pas le cas lors du tour précédent», rappelait Dylan Lempereur après la qualification, témoignage de l’importance que voue le socle de derrière à ne pas subir un tel sort. Et pour cela, la stabilité a eu du bon.
Une charnière rassurante, Ventura précieux
Maintenu dans les cages après son excellent exercice, Ventura s’est encore montré très précieux contre les Britanniques. À Oswestry, alors que les locaux poussaient pour obtenir l’égalisation, il a dû sortir une parade déterminante pour garder l’avantage. Il s’est même permis de rééditer cet exploit au Parc des sports d’Oberkorn. À l’issue d’une action confuse, où l’avant-centre Charles, largement hors-jeu, arrête son appel avant de toucher le ballon, l’ailier Williams se présente face au Brésilien. Le portier de 41 ans remporte son duel avec une sortie importante. Alors encore à 0-0, une ouverture du score aurait mis un froid à toutes les personnes présentes autour du terrain.
Mais l’action ne s’arrête pas là. Le ballon revient dans les pieds de Brobbel, et cette fois-ci, Ventura, encore à terre, ne pourra être qu’impuissant. Il s’en remet à ses partenaires, et cette fois à Kevin D’Anzico, qui repousse cette occasion.
Le trio de l’axe central D’Anzico-Brusco-Bedouret a encore montré toute sa complémentarité. Revenu de la blessure au pied qui l’avait éloigné du terrain à un mois du terme de la fin du championnat, le Français Brusco a lui aussi dû rassurer ses partenaires lorsque le vaisseau tanguait, avant le retour au vestiaire. D’Anzico s’est, lui, montré à son avantage dans les airs, alors que Bedouret, propre dans ses relances, a multiplié les interventions. Les pistons ont eu aussi un impact certain, notamment dans la couverture des centres au second poteau, qui auraient pu jouer de vilains tours aux protégés de Pedro Silva. La structure défensive semble donc prendre forme, dans la continuité de la saison dernière. Une qualité qu’il faudra de nouveau démontrer contre Tallinn, pour poursuivre ce rêve d’automne européen.
Thomas Alvarez