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[Football] Décès d’un joueur de Junglinster : «Glenn se donnait toujours à fond»


L'équipe de Junglinster au restaurant. Glenn Marques, quasiment caché, à droite, prenait la photo. À ses côtés, en rose, Yohan Godard. En face de Godar, Jérémy Mendes... (Photo dr)

Un mois après le décès brutal de leur gardien de but Glenn Marques, les joueurs de Junglinster ont repris l’entraînement. Leur capitaine, Jérémy Mendes, se confie.

Comme souvent, l’atrocité que représente la disparition d’un joueur, forcément plutôt jeune, donne lieu à des exorcismes de rigueur. L’équipe finit par préférer se dire qu’elle va y puiser une force nouvelle plutôt que de continuer à pleurer à n’en plus finir. Junglinster, avant-dernier de PH à 3 points du premier barragiste et 8 du maintien, ne fait pas exception à la règle même si, forcément, la reprise, il y a quelques jours, était encore particulièrement douloureuse. Les fêtes n’ont pas suffi à effacer le souvenir de Glenn Marques, un garçon qui faisait une unanimité totale dans le vestiaire. Son capitaine et ami, Jérémy Mendes, nous en a parlé avec ses mots. À 23 ans, il a vieilli d’un coup et sans l’avoir forcément demandé.

Un mois après la tragique disparition de votre coéquipier, Junglinster a dû reprendre le chemin de l’entraînement, la semaine passée. Douloureux?

Jérémy Mendes : C’était un peu compliqué. Après Glenn… C’était un choc et on y pense encore. Glenn était quelqu’un de vivant, qui se donnait toujours à fond et, désormais, c’est cette mentalité que tout le monde veut afficher dans l’équipe. Tout le monde se donne beaucoup plus à l’entraînement. Cet événement est devenu presque plus grand que le club et ça nous a encore plus soudés, nous, les joueurs. On croit encore plus fort au maintien maintenant. On va le faire. Pour nous et pour Glenn.

Quelqu’un a-t-il dû prendre la parole à l’occasion de la reprise?

Le coach. Et moi, en tant que capitaine. Yohan Godard (NDLR : son coéquipier défenseur) et moi, on était très proches de Glenn. Après l’entraînement, il nous arrivait souvent, avec Famory Touré, de boire une petite bière tous les quatre. Pour Yohan, Glenn, c’était un peu comme un frère, alors ça doit être encore plus dur pour lui j’imagine. Du coup, j’ai parlé devant le groupe. Il ne faut pas passer à autre chose. C’est une leçon qu’on a reçue : il faut profiter de la vie, il y a des choses plus importantes que le foot. Et puis surtout, il faut se parler, ne pas se contenter de dire que tout va bien, que la vie est belle alors qu’on ressent autre chose à l’intérieur de soi-même. Et ça vaut aussi bien pour le sportif que pour la vie privée. Du coup, dans l’équipe, on se parle beaucoup plus. On est peut-être jeunes (NDLR : un tiers de l’effectif a moins de 20 ans), mais ça nous a tous fait réfléchir.

C’est ce que vous avez dit à vos coéquipiers, le jour de la reprise?

J’ai dit que Glenn était mort, que c’était un accident et que jamais personne n’aurait cru que ce genre de chose était possible. Qu’on avait perdu quelqu’un de grand, qui ne nous avait jamais lâchés, qu’on aimait tous comme si nous le connaissions depuis dix ans et qu’on devait se donner à fond pour lui.

C’est une prise de parole que vous aviez préparée pendant les fêtes?

Non, c’est venu spontanément, comme ça. Le lendemain de sa mort, nous nous étions rassemblés, j’avais voulu parler aux joueurs, mais sans savoir quoi leur dire à cause de la façon dont moi je me sentais. Ce n’est que le lendemain que j’ai su ce que j’aurais dû leur dire. C’est ce que j’ai fait, là. J’ai aussi ajouté que dès qu’ils se sentaient mal, ils devaient venir parler avec moi, qu’on allait tous s’aider. Il y a un lien fort qui s’est créé, y compris avec les dirigeants.

Votre désormais ex-directeur sportif, Philippe Dillmann (NDLR : devenu adjoint de Noël Tosi à la Jeunesse il y a deux jours seulement), disait redouter cette reprise, que cela avait été dur, mais pas autant qu’il l’avait craint.

Moi, personnellement, ça va, même si désormais je vois certaines choses autrement. La reprise, ça a été, je croyais moi aussi que ce serait pire, mais cette histoire nous a rendus plus forts. Comme je vous l’ai dit, je demande juste à mes joueurs de ne pas se cacher s’ils se sentent mal. On ne sait jamais ce qu’il y a à l’intérieur de quelqu’un. Un Yohan Godard est fort, mais je me doute qu’il a plus de mal que d’autres avec ce qui s’est passé.

C’est lui qui était assis à côté de Glenn Marques dans le vestiaire…

Oui. La place de Glenn…

Elle est restée vide?

Franchement… Moi, je suis de l’autre côté du vestiaire et je n’ai pas fait attention. Enfin, quand je passe devant, oui, elle me semble toujours vide. Mais ça ne veut rien dire. Ça ne veut pas dire… En fait, qu’est-ce que vous voulez dire?

Que ce sera douloureux de voir quelqu’un d’autre s’y asseoir, un jour, non?

J’imagine, oui, que si je vois quelqu’un assis là, un jour, ce sera dur. Mais même si ça arrive, Glenn reste dans le cœur de l’équipe, il est irremplaçable.

Il faudra pourtant qu’il le soit sur le terrain et votre club a recruté Jean-Gilles Hnamuko, l’un des réservistes du Swift Hesperange. Pour lui, vous pensez que ce sera difficile de prendre possession des buts dans ces conditions?

Oui, c’est une question que je me pose aussi. On sait tous dans l’équipe que Glenn n’aurait pas voulu qu’on lui rende les choses difficiles, mais qu’on le laisse s’adapter comme si Glenn avait été là. Vous savez, on n’a que deux gardiens de but, donc il n’aurait même pas été exclu de nous voir en recruter un troisième cet hiver et, dans ce cas, Glenn aurait été là. Peut-être que Gilles aura la pression. À moi et au groupe de l’aider. Il n’a pas encore repris. Peut-être ce soir (NDLR : jeudi) ou en début de semaine prochaine…

Quel sera le boulot des prochaines semaines? Qu’est-ce qui va vous permettre de penser à autre chose qu’à votre pote?

On s’entraîne dur, on essaye d’améliorer l’aspect tactique pour arrêter de se prendre des contre-attaques à cause de bêtises. On travaille les détails, mais on ne repart pas de zéro. Se maintenir, on peut le faire!

Julien Mollereau