Virevoltant et enthousiasmant, l’ailier, changé de côté pour la cause, a failli mettre Maribor en bouteille, jeudi soir. Le retour dépendra-t-il de lui ?
C’est un moment auquel on n’assiste pas tous les jours dans un stade de foot : des supporters qui se lèvent à la sortie d’un joueur, pour l’applaudir et le remercier de ce qu’il vient d’offrir. Le Parc des sports d’Oberkorn ne s’est pas dressé comme un seul homme à la 85e minute de Differdange – Maribor (1-1), mais ceux qui ont décidé de lever les fesses de leur siège en constatant l’identité de l’homme que s’apprêtait à remplacer Gianluca Bei ont tenté d’entraîner la foule dans leur geste. On n’était finalement pas si loin d’une mini standing ovation.
Amine Naïfi, depuis quelques mois qu’il commence à mettre son empreinte sur le jeu du FCD03 (en fait, il a commencé à le faire un peu quand Joao Simoes s’est fait les croisés, laissant à d’autres le soin d’être décisifs), fait admirer un profil de garçon que, justement, les gens viennent voir au stade.
Quitte à se déplacer presque plus pour lui que pour le match en lui-même. Et avec sa capacité d’élimination rare qui a rendu fou le latéral japonais Itsuki Urata, il a forcé Maribor à repenser son approche sur le côté gauche de sa défense. Avant la pause : il passait tout le temps en un contre un. Après la pause : on lui a collé parfois une prise à deux pour limiter son champ d’action.
«Je pense qu’il sera très surveillé»
Est-ce lui qui pourrait détenir la clef d’une qualification en forme d’exploit, la semaine prochaine, en Slovénie? C’est un fait : même contre ce genre d’adversaire, il est au-dessus du lot. Il avait survolé la finale de la Coupe de Luxembourg, fin mai? Il a marché sur Maribor. Et l’on ne peut lui reprocher qu’une chose : s’être précipité au moment de défier Jug en un contre un à l’entrée des dix dernières minutes, soit une balle de 2-0.
«Je pense qu’il sera très surveillé au retour», concède Pedro Resende, qui l’avait délogé du côté gauche sur lequel il a officié toute la préparation afin «d’apporter de la vitesse et d’aider Franzoni dans le couloir le plus dangereux de l’adversaire au niveau offensif», mais aussi «de profiter des espaces, car ils ont des problèmes en transition défensive». C’est bien pour cela, d’ailleurs, que le Brésilien Ulisses a si souvent cherché à le trouver en profondeur à la récupération.
L’astuce fonctionnera-t-elle encore au retour? Naïfi est-il à ce point au-dessus du lot techniquement qu’il puisse encore mettre à l’amende cette défense qui a du mal à l’impact ? En tout cas, physiquement, le garçon a tenu le choc.
Et Resende, entre Jorginho, Comachi ou Bei, a beau expliquer qu’il a plein d’autres solutions dans les couloirs, on n’y croit pas : l’excellent match de Trani côté gauche laisse envisager que les deux hommes sont capables de faire très mal à cet effectif de pros qui, par moments, ne savait plus où donner de la tête.
Il y a quelques semaines, Stéphane Leoni, le coach qui l’avait fait venir de son ancien club de Sarre-Union l’hiver dernier, nous vendait un joueur «aux qualités exceptionnelles». On est en train de les découvrir à l’échelle du continent.