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[Football] Christian Strasser : «Un jour, Jeff sera à nouveau coach au Luxembourg »


Les deux frères Strasser il y a quelques années... ( photo Julien Garroy )

Le Mondorf de Christian Strasser rend visite dimanche à un Fola qui est orphelin de son frère, Jeff, depuis quelques semaines désormais et est clairement dans le dur à l’heure actuelle.

Un frère dont le président mondorfois suit les intérêts de près. Et qui nous raconte ce dernier mois un peu fou et ses conséquences.

Cela ne vous fait pas bizarre de vous déplacer au Galgenberg alors que ce n’est pas pour affronter votre frère?

Christian Strasser : On n’a jamais joué contre un coach, mais contre un club!

Certes, mais quand le coach est votre frère…

Le Fola a toujours été une bonne équipe et ça reste une bonne équipe sans Jeff.

Ce nouveau Fola – Mondorf doit quand même avoir une saveur un peu moins particulière sans lui, non?

Avant la demi-finale de Coupe, il y a deux ans, je peux vous dire que c’était très chaud entre nous. On a tous les deux nos caractères. On s’adore et je fais tout pour lui. Et il ferait tout pour moi aussi. Mais en football, on veut gagner et si je dois le tacler pour ça, même si c’est un tacle sans ballon, je le ferai. Si un président ou un coach n’étaient pas prêts à tous les sacrifices pour remporter un match, ce serait anormal. Ces dernières années, on les a quand même éliminés une fois en demi-finale de Coupe et un 0-0 qu’ils font au stade John-Grün leur coûte un titre de champion. Cela a toujours été correct, engagé et taquin après la rencontre.

Que laisse-t-il derrière lui au Galgenberg? Y a-t-il un héritage Jeff Strasser?

Ce n’est pas à moi de répondre. Plutôt aux gens de son club. De l’extérieur, j’ai l’impression que le Fola est bien plus structuré qu’à son arrivée, mais ce n’est pas dû qu’à lui. Ce sont plein de gens qui ont travaillé dans le même sens. Jeff a aidé à solidifier la structure.

Pourtant, en ce moment, les choses vont très moyennement au Fola…

Moi, je n’ai pas l’impression qu’ils soient plus désorganisés.

On parlait plutôt du terrain que des coulisses…

Cyril Serredszum est quelqu’un de très capable, de très compétent. Et il y a quelques mois encore, je suis allé les voir en Europa League. Je n’oublie pas ce que j’ai vu et la qualité de leurs joueurs, notamment d’un Saïti, qui est exceptionnel. Ils ont eu beaucoup de blessés, ça leur a causé du tort mais ça reste… Pfff… Il n’empêche, si on peut rafler quelque chose là-bas…

Jeff a-t-il hésité à quitter ce confort?

Il n’a pas quitté le Fola, il a rejoint Kaiserslautern. C’est différent. Il fallait franchir ce pas de toute façon.

Il n’a pas choisi la facilité. Cela a été plus difficile de se résoudre à ce saut dans le professionnalisme qu’on ne pourrait le croire?

Kaiserslautern, c’est un commando suicide! Mais on le savait avant de dire oui, soyons francs. Quand est-ce qu’on te demande de devenir entraîneur d’un club comme ça de toute façon? Pas quand tout va bien! Pareil au FC Metz. Et encore, là-bas, ça aurait été plus facile parce que financièrement, Kaiserslautern, c’est très compliqué. Il y a beaucoup d’incertitudes là-bas si le club descend… Mais quand tu as la chance d’y aller, tu y vas. Quand tu veux faire coach professionnel, de toute façon, tu te saisis de la première opportunité, pas de celle dont tu rêves.

Coup de chance, Kaiserslautern devait faire partie de ses premiers choix, malgré la situation, non?

Quand tu as joué là-bas, oui, c’est toujours très spécial.

Metz s’est cherché un entraîneur dans la foulée. À deux ou trois semaines près, pensez-vous que c’aurait été une opportunité intéressante?

Je ne suis pas sûr que le FC Metz aurait pensé à lui. Même s’il suit aussi tout particulièrement la Ligue 1. Comme la Belgique d’ailleurs.

Les négociations autour de son arrivée vous ont bloqué longtemps, à titre personnel?

Mais moi, dans cette histoire, je ne suis pas important! Les seuls qui soient importants, c’est Jeff et les deux clubs. Celui qu’il a rejoint et celui qu’il a quitté. Il arrive dans la vie que parfois tu dormes un peu moins pendant quelques jours ou semaines. Ça m’arrive aussi au travail. Et tu t’en sors quand même.

Bref, c’était du boulot.

Lui en a énormément depuis son arrivée en Allemagne. Parvient-il encore à suivre ce qui se passe en BGL Ligue. En a-t-il seulement le temps ou l’envie?

En tout cas, je le vois beaucoup moins souvent. Il y a quelques semaines, on se croisait même devant l’école, à Mondorf, le matin. On se téléphone beaucoup maintenant. Ses journées commencent à 8 h. Il est le premier arrivé au stade. Et le dernier reparti. Alors, il rentre à l’hôtel pour visionner des matches. Les siens ou ceux de ses adversaires. C’est un rythme intenable sur la durée. Il ne pourra pas fonctionner comme ça éternellement. Et pourtant, il suit encore la DN de très près. Il a été le premier à envoyer des SMS à ses anciens collègues pour les féliciter des victoires du Fola. Il n’a rien à prouver, il a juste envie de rester branché. Il veut continuer à faire des choses dans le coin parce qu’un jour, il sera à nouveau coach au Luxembourg. Ça, j’en suis persuadé!

Que vous a-t-il souhaité pour ce Fola – Mondorf?

On n’en parlera pas à mon avis. On parle beaucoup du prochain match de Kaiserslautern par contre, celui de Bochum (NDLR : vendredi, à 18 h 30)…

Entretien avec Julien Mollereau