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[Football] Cet été, ça plane toujours pour Vitor ?


L’UNA Strassen est parvenue à se qualifier pour l’Europe.

BGL LIGUE En parvenant à qualifier Strassen pour l’Europe pour la première fois de son histoire fin mai, Vitor Pereira sort (enfin) de l’ombre.

Dans 19 jours, c’est face au KuPS, «ogre» finlandais en plein championnat, que l’UNA Strassen écrira la première ligne de son histoire européenne. Cela faisait quelques années que le club y pensait très vaguement, mais qu’il lui manquait toujours quelque chose. Les malintentionnés retiendront qu’il a fallu que l’UEFA retire leurs licences au Swift et à la Jeunesse pour donner corps au rêve, les bienveillants garderont en tête qu’il fallait être là pour en profiter, enfin. Et que c’est aussi grâce à Vitor Pereira que l’UNA a pu s’offrir ce petit morceau de paradis continental.

À 45 ans, le technicien portugais perpétue ainsi à sa manière une lignée qui commence à «faire» génération. Celle des coaches lusitaniens qui, au Grand-Duché, commencent petit pour faire grand. Comme Caros Fangueiro, passé par Bissen et la formation pétangeoise avant de faire champion avec le F91, ou Pedro Resende, monté en puissance à Sandweiler, Kayl/Tétange ou l’US Esch avant d’être sacré avec Differdange. Ex-footballeur pro, mais passé par les «petits» clubs avant de se voir confier une voiture de course de BGL Ligue, Pereira est sur le même cursus.

Les «détails» de Queiroz et Jesus

«Nous avons tous reçu une éducation sportive qui nous pousse vers la discipline et l’organisation dès très jeunes», analyse Pereira, qui ne renie pas la filiation. Lui, dès l’adolescence, a fait sa formation à Braga, comme l’attaquant differdangeois Jorginho. Et intégré les catégories jeunes du Portugal, fréquenté Simao Sabrosa ou Hugo Leal, remporté l’Euro U16 et surtout été baigné par la révolution insufflée dans la fédération par Carlos Queiroz. Puis, c’est la tournée des clubs. Il y croise notamment Jorge Jesus (ex-coach du Benfica et du Sporting) en 2005 à Moreirense. Avant notamment un départ au Petro Louanda, plus grand club d’Angola, devenant ainsi le premier joueur pro Portugais à jouer au pays. Un peu plus de trente ans après une sanglante guerre de décolonisation, il fallait vraiment être motivé.

De Queiroz et Jesus, il garde un enseignement majeur : le détail. «Tous les entraîneurs maîtrisent les bases. Eux, c’est le genre à ne pas réfléchir à l’échelle du mètre mais du centimètre! Ils sont obsédés! Les détails, ils ne les laissent pas passer !»

C’est là toute la formation de Vitor Pereira. Il refuse d’envisager le coaching comme un métier et n’a jamais passé les diplômes. Ses adjoints ont l’UEFA A et le B. Lui n’a rien et s’est inscrit pour le C cette année. «L’argent que j’ai pris ou que j’aurais dû prendre grâce au foot, ce n’est pas ici, au Luxembourg, que je vais le toucher! Je n’ai jamais candidaté pour un poste. Récemment, mon président (NDLR : Luc Hilger) s’étonnait que je n’aie pas déposé de CV pour venir chez lui alors qu’il en avait reçu une cinquantaine! Je suis responsable de crèches et ça me va très bien. Étant passionné, je commence mes journées à 6 h 30 et je les finis à 22 h. Question d’organisation. Mais je ne lâcherais jamais mon job pour ne faire que coach. C’est aussi pour ça que je n’ai jamais passé les diplômes. Moi, je suis autodidacte. Ma philosophie, je l’ai forgée au contact de mes joueurs.»

Les joueurs le lui rendent bien, malgré son absence des salles de cours. C’est lui qu’ils ont défendu en cours de saison quand les résultats étaient insuffisants, c’est lui qui les conduira à Kuopio, c’est lui aussi qu’on aura envie de surveiller en début de saison. Pour voir si Strassen peut s’installer.