Carlos Fangueiro, ex-coach du F91 et du Swift notamment, reste proche de la DN, depuis son club de Leixões. Et son opinion, libérée de toute langue de bois, captivante.
On vous voit souvent au Luxembourg, malgré votre poste de coach en D2 portugaise, à Leixões. Vous prospectez ?
Carlos Fangueiro : Ah dès que je peux, que notre championnat fait relâche, je viens ici pour voir des amis et des matches. La dernière fois, j’étais au match de Bissen contre Sandweiler parce que j’avais encore des choses à résoudre avec la commune. Ils ont un très beau projet et j’ai l’impression que c’est une équipe qui va tenir ses objectifs.
La montée en DN ?
S’ils le font, il faudra recruter pour pouvoir se maintenir, mais je pense qu’ils vont faire un pas après l’autre. Mais pour répondre mieux à votre première question, je ne vois malheureusement pas assez de matches depuis que RTL a arrêté. Disons que je prends plutôt des renseignements par mes amis. Et je tiens à en prendre parce que jamais je n’oublierai ce championnat et ces gens.
Et pour répondre à la question sur la prospection ?
Honnêtement, le niveau de la DN a baissé. Un peu. Il reste cinq clubs d’un bon niveau qui se battent pour le titre, mais les autres sont moins compétitifs. Cela n’empêche pas la DN d’avoir des garçons qui pourraient recevoir leur chance en D2 portugaise même si cette dernière n’a jamais été aussi compétitive, elle, avec neuf clubs qui veulent monter. Alors moi, oui, je reste attentif à ce qui se passe au Grand-Duché.
Au Differdangeois Jorginho ?
Il prend très bien la profondeur et a enfin les statistiques qu’il n’avait pas ici avant de partir. Et je sais que certains clubs le suivent.
À votre ancien joueur au F91, Miguel Gonçalves ?
Il était revenu de Gil Vicente parce que le club ne voulait pas payer les indemnités réclamées par le F91, alors que Gil Vicente voulait le garder. Je le connais bien. Oui, je continue de le suivre.
La D2 lusitanienne peut enfin s’aligner financièrement sur ce que des clubs luxembourgeois pourraient offrir à ce genre de joueurs ?
Certains garçons qu’on voulait cet été étaient trop valorisés pour qu’on puisse les faire. On ne pouvait pas payer. Notre pouvoir financier n’était pas bon. Mais depuis, on a travaillé, on a trouvé des investisseurs et désormais, on ne paie pas mal!
Désormais, on ne paie pas mal!
Il y a un Swift – F91, ce samedi. Entre vos deux anciens clubs, l’un qui n’a pas fini mieux la dernière saison sans vous qu’avec vous, et un autre qui continue de rester très compétitif alors qu’on lui promet chaque année qu’il va basculer dans la catégorie des clubs « normaux« .
Oui, Dudelange reste compétitif malgré les difficultés financières, mais c’est grâce à ses qualifications européennes, aussi. C’est comme ça qu’ils vont chercher l’argent et aussi des gens pour aider et investir un peu. Il y a aussi l’excellente formation et ces joueurs dont on parle peu mais qui partent – avec l’aide de la FLF, il faut bien le dire – et qui ramènent toujours quelques milliers d’euros à chaque fois. Et la colonne vertébrale de mon époque (Decker, Bojic, Kirch, Stumpf, Hadji…) est restée et c’est bien : ils transmettent le principe d’exigence et de compétitivité aux autres. Quant au Swift, rien de nouveau : quand j’y étais et qu’on avait 42 joueurs, il fallait gérer la frustration de ceux qui n’étaient pas sur la feuille de match et c’était le double de ceux qui y étaient! À Leixões, j’ai 26 joueurs, trois gardiens et une feuille de match sur laquelle je peux mettre 20 noms! C’est beaucoup plus facile qu’en BGL Ligue, comme conditions (il rit)! Mais j’ai entendu dire que, lentement, Flavio (NDLR : Becca) changeait d’avis sur le sujet. Tant au niveau du nombre de joueurs que sur les montants auxquels ils sont payés.
Vos anciens adjoints, Mehdi El Alaoui et Sergio Teixeira, ont repris Rodange, qui a du mal à décoller. Cela vous inquiète ?
Les conditions sont difficiles quand on est aux dernières places, comme ça. Mais non, je ne m’inquiète pas pour eux. Ils ont une connaissance du foot. Il faut juste qu’ils aillent provoquer la chance. Ils savent comment on travaillait à Dudelange ou au Swift. S’ils suivent ce fil…
Pendant ce temps, pour vous, cela va plutôt très bien à Leixões, 5e du classement et troisième défense de la division…
Je suis heureux. C’est le club de mon cœur. Il n’allait pas bien du tout quand je suis arrivé. Il était sur le point de tomber en D3 et alors qu’il avait généralement 10 000 personnes au match, on était plutôt à 500-600. Là, le public revient et cette saison, on va tout faire pour monter. C’est dur de passer d’une saison où tu manques de descendre à une saison où tu essayes de monter, mais on a fait du bon boulot, déjà.
Et ce week-end, vous affrontez Braga, 5e de Primeira Liga et européen, en Coupe…
C’est un grand club et on se prépare pour gagner. Eux sont dans une forme de responsabilité totale par rapport à ce match, tandis que nous, c’est une forme de motivation totale. Il faut qu’on en profite pour se valoriser. Cela sera aussi dur de les éliminer que de passer un tour européen avec un club luxembourgeois, mais j’y crois !