Le championnat de DN reprendra samedi, mais ce sera sans tambours ni trompettes. Le retour aux terrains sera laborieux et anonyme.
Il reste 21 journées à jouer entre samedi et le 30 mai prochain. Puisqu’il faut arracher à ce décompte une bonne dizaine de jours de rassemblements internationaux, il y aura donc trois mois et demi extrêmement denses à jouer, a priori sans public, sans énormément d’images non plus, et dans une sécurité sanitaire très relative qui rend l’exercice périlleux. Bref, c’est dans l’anonymat et le dénuement le plus complet que le football revient aux affaires au Grand-Duché, même si, comme Paul Philipp l’a rappelé aux clubs de l’élite mercredi soir, il veut à tout prix aller au bout. Et le mercato qui a vu pas mal de clubs investir concrètement, prouve qu’ils ont de la ressource.
LES TESTS, ON OUBLIE
Alors que la fédération de handball a par exemple rendu les tests obligatoires, la plus grande fédération du pays, celle du football, bien aidée par certains de ses clubs qui ont traîné des pieds avec des raisons parfois compréhensibles, a oublié de faire du bien à son image auprès du grand public. Les tests, facultatifs donc, n’ont pas été retenus dans le protocole de retour à la compétition (bien qu’une suggestion ait été faite visant à des tests ciblés sur un petit échantillon de joueurs dans chaque équipe et sur tirage au sort, une idée qui fera peut-être son chemin), pas plus qu’une ligne directrice qui régisse les éventuelles annulations de matches en cas de positivité au coronavirus dans un effectif. Il n’est pas question de débattre du bien-fondé – ou pas – de ces tests mais bien de ce qui ressemble à une occasion ratée de renforcer les chances de terminer le championnat. Et par la même occasion de s’acheter une crédibilité. Aujourd’hui, le sentiment qui règle chez les joueurs est le suivant : on se croirait revenu en mars 2020. Pas très vendeur, surtout quand on sait que la menace du Covid continue de planer sur la poursuite de la compétition et que les clubs ne pourront pas brandir les tests et s’abriter derrière.
LE PUBLIC, ON OUBLIE
Tous les matches seront à huis clos. Rien d’étonnant. Et cela durera au moins jusqu’après le 21 février, date à laquelle le gouvernement se prononcera de nouveau sur les mesures sanitaires qu’il convient de mettre en place. L’affaire, pour la BGL Ligue, n’est pas dramatique. On n’aura alors disputé que trois journées officielles plus trois matches de rattrapage en semaine. Mais encore faudrait-il que passé ce cap, la perspective de voir les choses changer soit concrète. Or la situation autour de la pandémie recommence lentement à se dégrader et même si les clubs bénéficiaient de la mansuétude des autorités, il serait surprenant de les voir autoriser la réouverture des buvettes et des jauges de public supérieures aux 100 personnes autorisées en fin d’année dernière. Les joueurs seront encore longtemps quasiment seuls face à eux-mêmes.
LES CAMÉRAS, ON OUBLIE
Ils étaient nombreux, les clubs qui espéraient que RTL, déjà bien retard sur l’installation de ses caméras, rattraperaient le temps perdu pendant la pause sanitaire forcée de cet hiver. Peine perdue. Englué dans l’administratif et le technique, RTL n’a pas encore pu visiter certains stades. D’autres sont déjà câblés mais attendent encore l’installation des caméras tandis que certains ont désormais tout ce qu’il faut mais… rencontrent encore de menus problèmes techniques. Bref, pour les spectateurs qui espéraient suivre la reprise sur des «streams» en direct, c’est fichu. Les clubs les plus équipes commenceront à (ou continueront de) diffuser les matches en direct par leurs propres moyens. Le F91 et le Progrès notamment, le feront. Mais pour la visibilité de la compétition, c’est désespérant et la certitude de perdre encore du public en cours de route.
LA MÉTÉO, ON OUBLIE
Il a beaucoup plu et il pleuvra encore beaucoup. Dans quel état seront les terrains dans ces conditions? Comme toujours. Certains tiennent le choc, d’autres font déjà grise mine. Mais jamais la situation n’a été aussi désespérée en matière de calendrier. La FLF a redit aux clubs, mercredi soir, sa volonté de finir coûte que coûte. Charles Schaack, le patron de l’arbitrage a, de son côté, indiqué dans nos colonnes que ses hommes en noir ne sont pas mis sous pression pour faire jouer absolument les matches quand l’aire de jeu ne le permet pas. Il n’y a pas encore de risques pour ce week-end mais cela pourrait survenir assez vite. Comme à Pétange par exemple, où le Titus partagera sa pelouse avec Rodange jusqu’à la fin de saison. Et même encore plus tôt puisque mercredi, deux rencontres de rattrapage doivent avoir lieu (Hamm – F91 et Progrès – RFCU). La neige devrait se réinviter dès le début de semaine prochaine. Autant dire que déjà après la 10e journée, on va se remettre à trembler.
LA SANTÉ, ON OUBLIE (?)
Certains des médecins qui officient dans les clubs de l’élite sont tombés sur une étude à l’échelle des cinq grands championnats européens qui évoquaient une hausse des blessures de près de 40 %. Sur cette base, certains avaient poussé pour que la FLF octroie aux clubs le droit à cinq changements. Attendu que ces derniers n’étaient de toute façon pas tous d’accord, il était d’autant plus facile à l’administration fédérale de botter en touche. On en restera donc à trois changements dans ce marathon un peu fou qui se profile et c’est bien pour cela que la plupart des 16 entités de BGL Ligue ont profité du mercato hivernal pour étoffer encore un peu plus leurs effectifs. Par crainte que les organismes ne lâchent un par un. Il y a de toute façon peu de chances pour que les corps soient sortis indemnes d’une année complète d’arrêts et de reprises. Croisons les doigts. Il faudra de toute façon de la chance pour aller au bout sans trop de casse.
Julien Mollereau
RTL ASS ENG KATASTROPHE