Humilié par le Fola, en passe de se guérir, Differdange s’offre une maxi-crise qui, pour l’instant, ne coûte pas son poste à Pascal Carzaniga. Qui ne l’a pas renié non plus.
Le Fola, surexcité offensivement, pourra se remettre dans la course s’il bat le F91 dimanche prochain. Mais Differdange, lui, est en état de crise maximale. Et définitivement écarté
de la course au titre.
Differdange est mal. Très mal même. Non seulement il a été fessé dans un match qu’il ne fallait pas perdre, mais il a en plus renvoyé pas mal de signaux inquiétants, que ce soit sa surprenante perméabilité défensive ou son absence patente de révolte. Mener au score après une perte de balle grossière du Fola dans le rond central et particulièrement bien exploitée par Perez (0-1, 14e), aurait pu et dû le placer dans des conditions idéales mais visiblement, même la gestion d’un résultat n’est plus son fort. Il a littéralement explosé en vol. Et les deux buts rajoutés dans les dix dernières minutes alors que le Fola s’était mis en roue libre, ne sont qu’un pansement sur une jambe de bois. La preuve : cette déculottée a suffi à provoquer la plus grande crise du club depuis sa remontée parmi l’élite.
Hier soir, Fabrizio Bei s’est engouffré dans le vestiaire en tempête et est resté très longtemps enfermé avec ses joueurs. Les entraîneurs se sont exfiltrés après 20 bonnes minutes de discussions, visages fermés, sans dire le moindre mot ni même consentir le moindre regard à la presse, regroupée là, à attendre le résultat de cette confrontation entre hommes. Devant ses gars, Carzaniga aurait pris la parole pour dire que jamais dans sa carrière il n’avait «vécu quelque chose comme ça» et que s’il y avait un problème avec lui, c’était aux joueurs de le dire. Il les a donc laissés seuls en compagnie de leur président et de leur directeur sportif, Jean-Philippe Caillet.
Bei : «C’était lamentable, honteux»
Qui y sont restés 20 minutes de plus avant que quelques joueurs (mais pas tous, loin de là) ne poussent la porte, escortés de Fabrizio Bei, qui a pesé chaque mot : «Je veux m’excuser auprès des supporters, ce que nous avons montré aujourd’hui n’est pas digne du FCD03. C’était lamentable, honteux. Les joueurs ont intérêt à se regarder dans une glace avant de revenir à l’entraînement, ce lundi. Parce que cela fait longtemps que je n’ai pas vu une équipe comme ça. Ils savent ce qu’ils ont fait. Ils savent ce qu’ils n’ont pas fait.» Le président n’a, en fait, jamais vu ça tout court (lire ci-dessous).
Il a quand même fallu lui demander ce que signifiait le départ prématuré de Pascal Carzaniga, comment il fallait l’interpréter. Bei a souri et calmé le jeu : «Pascal Carzaniga est notre coach. Pas jusqu’à nouvel ordre. Il l’est. C’est clair.» Le sera-t-il toujours pour tenter de relancer la machine, contre Strassen, le week-end prochain? Que le coach choisisse lui-même de dire stop ou qu’on le lui demande? «Il l’est», a martelé Bei, sans que l’on sache si c’était pour ne pas lever l’ambiguïté. Mais le masque de son coach, quelques minutes plus tôt, disait bien l’agacement.
Il faudrait toutefois voir à ce que cette page douloureuse de l’histoire du FCD03 n’altère pas non plus la qualité de la prestation eschoise. Portée notamment par un Seydi inarrêtable et impliqué dans tous les buts de son équipe. La somme de ses fulgurances du jour : un petit ballon pour une frappe intelligente d’Hadji (1-1, 17e). Un but de renard sur un tir croqué de Dallevedove (2-1, 32e). Un ballon volé entre Siebenaler et Weber pour un ballon en retrait à Hadji (3-1, 59e). Un but peinard grâce à Koçur (4-1, 66e). Un centre impeccable pour Hadji (71e). Un plat du pied gauche plein de sang-froid sur la copie conforme du précédent but (6-1, 82e). Un véritable récital et une défense à l’agonie, elle qui était une référence de ces dernières saisons…
À l’autre bout du terrain, on n’a pas compté le nombre de fois où Perez, désespéré, s’est retourné en direction de ses coéquipiers pour leur demander de jouer plus haut et ça n’est finalement que quand tout était perdu, à 4-1, que les renforts sont enfin arrivés.
Trop tard pour sauver ce qui pouvait l’être, c’est-à-dire les apparences. Il ne restera pas de ce match les trois buts de différence au final, mais bel et bien les duels perdus, les black-out de certains et le sentiment que quelque chose est cassé. Au moins, en tout cas, les chances d’aller chercher le titre, objectif avoué du club. Aujourd’hui, le Progrès est à onze points et le F91à neuf. Avec le niveau du FCD03 hier, ce n’est pas un gouffre, c’est le Grand Canyon.
Julien Mollereau