SÉLECTION NATIONALE Le gardien de but va avoir du boulot, à Sinsheim, vendredi. Il aurait été inquiétant de le voir revenir en portant encore le fardeau de son erreur slovaque.
Anthony Moris est bronzé. Se pourrait-il que l’indice solaire soit supérieur en Arabie saoudite à ce qu’il était dans la banlieue de Bruxelles ? Le portier des Rout Léiwen a en tout cas bonne mine et à trois jours d’un rendez-vous qui s’annonce compliqué en Allemagne, ça ne l’embarrasse visiblement nullement de remettre sur la table sa boulette – un ballon pas ingérable mal repoussé dans les pieds d’un attaquant adverse – de tout de fin de match contre la Slovaquie (0-1), qui coûte un point.
«Cela s’est évacué très vite avec l’expérience. Il faut savoir accepter et comprendre. C’est une question de déconcentration parce que comme tout le stade, je crois que j’étais persuadé que ce match, nous finirions bien par le gagner. En football, on apprend à tout âge.» La confession a le mérite de l’honnêteté.
Elle vient d’un homme qui avoue avoir fait le bon choix en décidant de tourner le dos à la Belgique pour rejoindre Al-Khaleej, où il a déjà trouvé son rythme de vie, avec des entraînements en soirée qui lui permettent de profiter de sa famille (et du soleil, donc) et lui évitent d’avoir à se trouver des excuses pour ne pas regarder le foot européen, ce qu’il faisait déjà peu en temps réel : «Si vous voulez la vérité, je n’ai pas encore vu un seul match de l’Union Saint-Gilloise».
Avec une franchise toute aussi désarmante, il avouera que dans sa jeunesse, il se carrait littéralement de ce qui se passait dans le football allemand : «Cela ne m’intéressait pas, je préférais l’Angleterre.» Un esprit libre dans un corps sain ne ment pas pour donner l’illusion qu’en défiant l’Allemagne, il a la conviction de réaliser un rêve.
Il aime discuter tactique avec Strasser
Moris ne fait pas plus d’efforts de principe concernant son pays d’adoption, d’ailleurs. «Le foot n’est clairement pas le sport n° 1 là-bas», même si «des stades commencent à sortir de terre» en vue du Mondial-2034, qu’on «sent que cela se professionnalise» et que «le niveau est très appréciable, avec des équipes qui joueraient clairement le top en Belgique».
D’ailleurs, sa fin d’année en championnat sera intense puisque arrivent bientôt dans sa surface de réparation Neom et Alexandre Lacazette, Al-Hilal et Darwin Núñez, Al-Ittihad et Karim Benzema, Al-Nassr et Kingsley Coman, João Félix ou Cristiano Ronaldo.
C’est pourtant de la Mannschaft dont il doit se préoccuper, avec la force de son expérience déjà : «Les gens se focalisent sur ce qu’ils ont vu de l’Allemagne en septembre. Mais depuis, les joueurs qui ont changé de club ont trouvé leurs repères, pris plus de rythme. Ce sera totalement différent.»
Avec les nouvelles bases qu’il a posées avec Jeff Strasser aussi : «Comme tous les coachs, il donne au gardien une part prédominante dans le jeu et c’est bien. C’est quelqu’un avec qui je discute plus qu’avec Luc Holtz sur la partie tactique. Je sais que vous allez chercher à faire un comparatif, donc n’en faites pas, ce n’est pas pour dénigrer que je dis ça. Mais le coach nous demande beaucoup notre avis et ça me plaît.»
Anthony Moris aurait pu nous revenir grincheux, après une faute en septembre, 6 500 kilomètres et 14 heures de voyage. Il réapparaît au contraire resplendissant à l’heure d’honorer sa 75e sélection. C’est bon signe.