Les Luxembourgeois du club gaumais sont perdus. Rejoueront-ils cette saison? Rejoueront-ils même pour Virton? Et si oui, à quel niveau? C’est le flou total.
Sudpress et la RTBF s’en donnent à cœur joie avec l’Excelsior Virton. Depuis quelques jours, les affres du club dirigé par Flavio Becca parviendraient presque à supplanter le coronavirus et ce n’est pas un mince exploit. Premier club professionnel de Belgique à mettre unilatéralement son effectif au chômage partiel avec les ennuis que cela suppose (ses joueurs voient désormais leurs salaires plafonnés à environ 2 000 euros net), il s’est vu refuser sa licence pro en première instance et a décidé, depuis peu, de creuser le sillon du complot des instances fédérales envers ce club si éloigné de tout. Vendredi, il a saisi la cour belge d’arbitrage pour le sport, dénonçant sa propre fédération pour «application discriminatoire du règlement».
Pendant ce temps, cantonnés à leur salon, les joueurs gambergent. Il y a, chez les Roud Léiwen concernés, la version apaisée (Kevin Malget) et la version bad trip (Dave Turpel). Tout dépend du contrat vraisemblablement. Malget, lui, est prêté pour une saison mais appartient toujours au F91. C’est donc le chômage luxembourgeois, plafonné à trois fois le salaire minimum, qu’il attend sur son compte en banque. Et cet été, toutes les options sont ouvertes le concernant. Turpel est bien plus mal loti puisque libre, il a signé pour trois saisons dans le club belge et dépend du pays voisin, bien moins attractif financièrement quand on se retrouve privé de football.
Turpel vers un retour en Division nationale?
Au-delà des sous, ces garçons ont d’autres soucis en tête. Ils touchent à leur carrière. «La D2 belge, c’est quand même très sympa, sourit Malget. Bien plus que la DN. Alors si vous me demandez où je jouerai la saison prochaine, j’espère que cela sera encore à Virton.»
Dave Turpel est bien plus pessimiste. Ne serait-ce que parce que ses dirigeants lui laissent l’opportunité de l’être. «On ne sait rien. Ni comment ça va se terminer. Le club aura-t-il encore une licence? Restera-t-il en D2? On attend encore tellement d’informations.» Kevin Malget lutte contre ce flou à sa manière, en jouant à l’autruche. «Je ne regarde pas les journaux belges. Au niveau des licences par exemple, on y lit beaucoup de « si » et de « peut-être ». Moi, je veux du « sûr ».»
Le sûr, concernant le défenseur, c’est que malgré une saison régulière assez pleine au sein de la meilleure défense de D1/B, il n’aurait pas encore été approché par qui que ce soit. L’attaquant, lui, ne se fait pas d’illusion : «Si je suis honnête, vu que je n’ai pas pu beaucoup me montrer, je pense qu’on se dirige plutôt vers un retour au pays si Virton a des soucis.» Il ne le formalise pas comme ça mais par «retour au pays», il sous-entend dans l’une des écuries du patron, Flavio Becca. Le F91 ou le Swift. «Je suppose, oui.»
«Pfff, c’est notre avenir qui se joue quand même»
Avant d’en arriver là, il reste tellement de choses à régler. À commencer par l’échelon auquel Virton jouera la saison prochaine. En D2? En D1 s’il obtient sa licence et alors que la fédération parle du bout des lèvres d’un retour à une élite à 18 ou 20 clubs et alors que plein d’entités risquent de faire faillite? En D3 voire plus bas si ses finances le lâchent? «Pfff, c’est notre avenir qui se joue quand même», grogne Turpel. «Dans deux ou trois mois, on y verra plus clair», tente de le rassurer Malget. Tous les deux ont, pour l’instant, rendez-vous le 17 avril, pour la très hypothétique reprise de l’entraînement. Si elle a lieu.
Julien Mollereau