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Foot luxembourgeois : qui paiera la facture de la prudence post-coronavirus ?


La reprise des entraînements, lundi au Fola-Esch, s'est effectué dans un protocole sanitaire lourd. Y compris d'un point de vue financier (Photos : DR).

Alors que le Fola a vu un premier cas positif émerger dans ses équipes de jeunes, les clubs européens du pays en sont à se demander qui paiera la facture de leur prudence.

Le calcul a déjà été fait et le total mérite d’être rappelé, surtout que le protocole sanitaire mis en place autour des clubs qualifiés pour la Ligue des champions (Fola) et de l’Europa League (Progrès, Differdange, Pétange), initialement prévu pour faire survenir des tests Covid toutes les semaines, prévoit désormais un contrôle tous les quatre jours. À 58 euros le test, à raison d’une trentaine de joueurs, membres du staff et personnel d’encadrement (et c’est une fourchette basse) de la seule équipe première, on en arrive à 1 740 euros par journée de dépistage.

«C’est un budget de timbré»

Pour un mois, cela donne, selon le rythme retenu, entre 7 000 et 15 000 euros de frais. D’ici au lancement supposé des joutes européennes, la facture s’élèverait donc a au moins 15 000 euros mais plus sûrement à 30 000. Si l’UEFA fait prévaloir le principe de précaution et étend ces tests obligatoires à la durée que les clubs passeront sur ses compétitions internationales, alors un club comme le Fola, qui a théoriquement quatre matches garantis (puisqu’il sera reversé en C3 quand il en aura fini avec la C1) aurait ainsi à débourser dans les 50 000 euros. Comme tout autre club qui franchirait un tour d’ailleurs.
Et mardi, il a suffi qu’un joueur du club eschois soit testé positif pour que la machine s’emballe en tous sens. Selon nos informations, ce joueur ne fait pas partie de l’équipe 1. Un habitué, qui, et c’est bien normal, ne dévoilera pas d’identité, confirme toutefois que ce joueur appelé directement par le ministère de la Santé et placé en quarantaine pour 15 jours (7 jours pour son entourage) selon le protocole mis en place par le gouvernement, «était vaguement susceptible de nous rejoindre» mais que «même la saison passée, on a dû le voir une ou deux fois pas plus».
En somme, l’effectif de Sébastien Grandjean n’est pas impacté. Pas encore officiellement en tout cas. Il n’empêche, cela suscite des réflexions et des questions.
La première, avec tout le respect dû à ce cas positif décrit comme totalement asymptomatique par ses dirigeants : c’est peut-être un mal pour un bien. «Cela prouve qu’on a bien fait de mettre en place tout ce qu’on a mis en place, se félicite Pascal Welter, le directeur sportif du club. Et cela va permettre aux joueurs d’en comprendre totalement la nécessité. Car cela me semble clair : si un joueur est testé positif deux semaines avant nos débuts en Coupe d’Europe, eh bien tout simplement, il doit se rendre compte qu’il ne la jouera pas! Cela nous a re-sensibilisés. Il faut veiller, se protéger, sinon tout le club va se retrouver en danger!»

«Si ce n’est pas pris en charge, c’est une cata»

La santé, c’est bien, mais ça a un prix, donc. Et là, dans les clubs, ça commence à flipper un peu. «C’est un budget fou, un budget de timbré et on n’a aucune preuve que la Caisse nationale de santé prend ces tests en charge passé le premier. Si ce n’est pas pris en charge, c’est une cata», pointe Pascal Welter. La FLF confirme : dans ses échanges avec les différents ministères sur le sujet, il n’a jamais été question que l’État prenne en charge l’intégralité du coût de ces tests. Se retrouver confronté à cette réalité risque d’être violent pour le quatuor.

Le Progrès anticipe le choc. Méthode Coué. On guette à Niederkorn l’allocution gouvernementale du 23 juin en espérant un assouplissement majeur et que le prochain test de vendredi sera, déjà, le dernier, que «cela revienne à la normale» dixit Thomas Gilgemann, directeur du club. «On espère bien que le protocole évoluera, oui», admet Pascal Welter.

Il faudra également attendre de voir ce qu’en dit l’UEFA, lors de sa grand-messe d’aujourd’hui et demain. Jusque-là, elle n’a encore rien communiqué officiellement. Aleksander Ceferin et son administration exigeront-ils des clubs qualifiés qu’ils respectent un protocole sanitaire strict afin de garantir qu’ils se présenteront en ordre de bataille au moment de la reprise des compétitions? Histoire de ne pas avoir d’annulation ni de retards supplémentaires.
Si on en arrive là, les clubs se sont déjà fait leur religion : ils iront frapper aux portes de la FLF à Mondercange ou de l’UEFA à Nyon, afin de négocier un remboursement de tout ou partie de ce très lourd investissement, alors qu’ils ont déjà dû tailler dans les salaires de leurs joueurs.

Julien Mollereau