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[Foot] Le jour où l’Union a bu un verre avec Bernard Tapie sur le Phocéa


Bernard Tapie sur son yacht, le Phocéa. Et tout autour… l’Union Luxembourg. (archives DR)

Le décès, dimanche, de l’homme d’affaires et ancien président de l’OM, a ravivé des souvenirs chez la génération 1991 de l’Union.

Dimanche, il y a trente ans à un jour près, l’Union en prenait cinq au Vélodrome, en tour préliminaire de la Ligue des champions. La veille, toute la délégation grand-ducale, supporters compris, soit une quarantaine de personnes, est en train de se balader sur le Vieux-Port. «À un moment, on s’arrête devant deux yachts quasiment identiques, raconte Gérard Jeitz, le président de Rumelange. Et il y a quelqu’un qui dit « ça c’est le Phocéa« . Un autre dit « non, c’est celui-là« . Et là, on en entend un qui crie « Hey, salut Bernard !« . En haut d’un des deux yachts, on aperçoit tous Bernard Tapie qui nous demande qui on est. On répond « ben on est l’Union, on joue contre vous demain !« . Et il nous dit de monter.»

Sur le Phocéa, les Unionistes se retrouvent dans un salon assez grand pour qu’à 40, ils ne se sentent pas du tout à l’étroit. «On est restés sages, murmure John Van Rijswick, un gardien de but qui en prendrait dix sur les deux rencontres, dont une des célèbres «papinades». De l’eau et des jus de fruits servis par le personnel de bord. Je ne sais pas combien ils étaient.» Gérard Jeitz, lui, sait : «quinze». Forcément, cela en a rajouté une sacrée couche sur l’aura de l’homme d’affaires français, qui leur a à tous été extrêmement sympathique. «Il était alors au top de sa notoriété et pourtant, il n’était pas du tout arrogant», raconte Jeitz. «Quelque chose d’aussi spontané, en foot, ça ne m’était jamais arrivé, sourit Van Rijswick. On avait bien passé deux jours à Turin après notre match là-bas (NDLR : en 1985, avec la Jeunesse), où on s’était entraîné sur leurs installations, à côté de la Juve, mais ça… Tapie, il était quand même très sympa. Il s’était intéressé au fait qu’on était de simples amateurs, il voulait savoir comment ça se passait pour nous, comment ça fonctionnait au petit Luxembourg alors que c’est un gars qui a monté cette équipe incroyable de l’OM qui allait être championne d’Europe deux ans plus tard. J’étais plein de respect pour lui. Moi, à l’époque, j’étais électricien et j’ai bu un verre sur le yacht de Bernard Tapie.»

Ce n’était rien, un petit signe de main, pour dire bonjour, mais moi, ça m’a fait des frissons

Après cette petite sauterie improvisée, toute l’équipe montera sur le pont de l’un des bateaux les plus célèbres de France prendre une petite photo-souvenir avec l’ancien chanteur, animateur télé et patron d’Adidas, qui n’est alors «que» futur ministre de la Ville de François Mitterrand. Van Rijswick se souvient avoir appris qu’il était arrivé au match aller en hélicoptère. Symbole de pouvoir ? Gérard Jeitz se remémore plus facilement le mélange, d’un homme a priori inatteignable et pourtant tellement accessible : «À l’aller, je sors du vestiaire pour aller m’échauffer et dans les couloirs, je le croise entouré d’une nuée d’une vingtaine de journalistes, en train de parler. Malgré ça, il s’arrête, me salue en tant que joueur de l’Union, en tant que joueur adverse. Même comme ça, il faisait attention à nous. Oh ce n’était rien, un petit signe de la main, pour dire bonjour, mais moi, ça m’a fait des frissons.»

Pas besoin d’avoir investi 10 millions d’euros dans un yacht pour payer un verre aux gens de passage pour marquer les gens. Parfois, un bonjour suffit.

Julien Mollereau