Laura Miller s’est engagée avec le Standard de Liège, la semaine dernière. Une tête de gondole en or pour le football féminin national. D’où une certaine pression.
La capitaine et milieu de terrain des Lionnes frappe un grand coup en intégrant une équipe capable de jouer le titre dans un championnat majeur. Deuxièmes de la saison régulière au printemps dernier, mais quatrièmes des play-offs, les Rouches repartent en conquête cet été avec une Luxembourgeoise à la baguette…
Il aura donc suffi d’un match amical international contre la Belgique (NDLR : défaite 0-1) pour vous ouvrir les portes de la Super League féminine ?
Oui, tout est venu de ce match amical. Les dirigeants du Standard m’ont appelée juste après la rencontre… et toute la semaine qui a suivi. Apparemment, ils ne me connaissaient pas avant. En tout cas, personne ne m’avait jamais parlé d’un quelconque intérêt de leur part.
Mais vous avez passé l’essentiel de ce match amical à défendre. C’est pour votre jeu sans ballon qu’ils vous ont recrutée ?
On n’a pas mal joué donc c’est un choix… acceptable disons. Oui, on n’a pas eu beaucoup le ballon et de ce point de vue, ça m’a surprise un peu, oui. Mais quand nous avons pu l’avoir, ils m’ont dit avoir apprécié que je sache le garder et que je cherche à construire du jeu. Nous, de toute façon, on l’a vécu de manière totalement différente : on est contentes d’avoir perdu de si peu, contentes d’avoir tenu bon. C’est comme si on avait gagné en fait.
On est d’accord : le Standard vous a prise pour jouer en équipe 1re, en Super League, pas avec la réserve à l’échelon du dessous ?
Oui, c’est sûr que je vais jouer chez les A. La Belgique, c’est un très bon niveau, un championnat très physique où cela joue bien. Le Standard a investi beaucoup d’argent dans son recrutement et il va chercher à jouer le titre, même si Anderlecht a beaucoup d’argent aussi.
Êtes-vous professionnelle ?
Je suis pro.
Quel rythme de vie cela sous-entend-il ?
On s’entraîne tous les jours et il y a des séances doublées les week-ends. Les tests physiques seront le 12 juillet et on reprend les séances le 14 avec un championnat qui débute mi-août. Mais moi, il faut savoir que je suis encore étudiante en STAPS (NDLR : éducation physique). J’ai intégré l’université de Liège spécialement pour venir jouer ici. Avant, j’étais à Montpellier.
Cela me procure une responsabilité supplémentaire et parfois, c’est dur d’être dans cette situation, capitaine de la sélection, si jeune
Rester dans l’Hérault pour tenter de jouer en D1 française était trop irréaliste ?
Et bien là-bas, je jouais avec les U19 du club, même si à la fin, je m’entraînais avec les filles de l’équipe première. Mais c’était un niveau encore un peu trop élevé.
Et ça gagne bien sa vie, une professionnelle de D1 belge qui reste malgré tout étudiante ?
Ah si on parle d’argent… disons que je ne pourrais pas encore en vivre. Le salaire qu’on nous propose est un peu différent si on est encore étudiante. Disons que tu n’as pas une vie de «ouf». Pour ça, il faudrait aller voir ailleurs. Anderlecht par exemple. Mais disons que pour une étudiante, ça fait beaucoup d’argent de poche.
Quel cap souhaitez-vous passer cette saison ?
Gagner des matches, c’est-à-dire les jouer, être titulaire… Mais à Montpellier, le coronavirus avait tout arrêté pour les U19 et la réserve. Alors forcément, je n’ai plus joué depuis un bout de temps et cela reste un apprentissage.
Avez-vous là l’impression de poser les bases du futur de la sélection nationale ?
Notre résultat contre la Belgique ne vient pas de n’importe où. Beaucoup de filles commencent à partir à l’étranger. On a des jeunes qui montent, qui ont du talent. Mais là, oui, moi, cela me procure une responsabilité supplémentaire et parfois, c’est dur d’être dans cette situation, capitaine de la sélection, si jeune. Dan (NDLR : Santos, le sélectionneur national) sait que je me pose énormément de questions. Il me dit de ne surtout pas stresser. Ce n’est pas facile.
Entretien avec Julien Mollereau