La joueuse d’Itzig sera, à 17 ans, la gardienne de but de la première équipe luxembourgeoise à disputer les qualifications du Mondial-2023. Rencontre avec une jeune fille qui a la tête sur les épaules.
Lucie Schlimé n’est pas encore adulte, mais son aplomb doit faire partie des raisons pour lesquelles, outre ses qualités sportives, Dan Santos a choisi d’en faire, à 17 ans, sa titulaire aux buts avant une campagne qui risque d’être prolixe en situations de stress et de souffrances. La gardienne de l’Entente Itzig/Cebra nous a répondu à la veille du départ pour l’Irlande du Nord et quelques minutes avant de passer chez son coiffeur pour une coupe de cheveux réglementaire de début de campagne : «Je garde les cheveux longs, mais il faut couper en dessous. Il y a un undercut qui doit être propre. Il faut rafraîchir.» Espérons que cette jeune fille volontaire ne prendra pas froid sur le terrain…
Se retrouver dans les buts d’une équipe qui dispute sa première vraie campagne de qualification avec le statut d’équipe qui sait d’avance qu’elle se jauge, est-ce la promesse de moments de panique ?
Lucie Schlimé : Ce match contre l’Irlande du Nord, j’espère qu’il ne sera pas délicat et j’espère même que ce sera un très grand jour. Pour l’équipe comme pour moi. On y part tous avec le sourire et… oui, ce sera un grand jour. On a montré contre la Belgique (NDLR : défaite 0-1, en amical, le 12 juin dernier) qu’on pouvait faire en sorte de ne pas trop souffrir pendant et d’avoir une réflexion ensuite.
Quand on a 17 ans, comment s’y prépare-t-on ?
Il y a deux ans, j’étais encore chez les U16, mais mon but était déjà de me retrouver tout en haut. À cette époque déjà, je jouais des tournois. J’avais notamment affronté la Norvège et j’étais déjà dans le feeling « sélection ». On a encore beaucoup de travail à la fédération, mais les débuts, ça commence aujourd’hui ! La fédération a déjà mis en place des trucs énormes pour nous par rapport à ce qui se faisait avant et on en voit déjà les résultats, mais on en veut encore plus. J’espère qu’on va grandir.
Vous parliez de cet amical contre la Belgique. A-t-il été important dans la mentalisation de ce qui vous attend ?
C’était bien, oui, parce que c’était plus compliqué que ce qu’on avait déjà rencontré. C’était un autre niveau et on a montré qu’on avait quand même nos chances, qu’en se battant, on pouvait le faire. Cela a prouvé que c’est la mentalité qui compte.
Un modèle? Manuel Neuer
Et le mental aussi. D’ailleurs votre staff a prévu l’intervention d’un psychologue du sport lors de ce stage. Nécessaire selon vous ?
Pour ces deux premières rencontres de groupe, on est motivées, mais on veut se montrer et on veut se battre. Un psy, ce sera nécessaire quand il y aura des défaites vraiment négatives, mais là, je sais d’avance que je vais tout donner et que je n’aurai pas besoin d’assistance, parce que savoir que j’ai tout donné, ça me suffira.
Le poste de gardien de but est souvent un poste que l’on estime devoir confier à partir d’une certaine expérience. Vous avez 17 ans, mais c’est bien connu, les filles sont plus matures…
Je ne me laisse pas facilement submerger, mais j’ai parfois l’impression que c’est trop. C’est un poste à responsabilités et même des fois un peu trop. Cela dit, j’ai déjà joué contre le Kosovo et la Belgique et je pense que maintenant je n’ai plus trop à me poser de questions.
Vous aviez des modèles, plus jeune ?
Manuel Neuer.
Un homme donc.
Je ne raisonnais pas en termes de football masculin ou féminin, mais de foot tout court, en gros. Quand j’étais jeune, il était déjà le meilleur. Je regardais tous ses highlights en vidéo. Il avait confiance en ses mains, en ses pieds. Moi, pareil : j’aime bien laisser rouler le ballon, jouer, faire tourner, même si cela veut dire se mettre en danger. Mon point fort, c’est le calme.
Une jeune Luxembourgeoise de 17 ans qui va pénétrer dans le gratin international rêve-t-elle d’une carrière professionnelle ?
Ce n’est pas forcément mon objectif. Moi, ce que je veux, c’est atteindre la plénitude de mes moyens de gardienne, que ce soit au Luxembourg ou ailleurs. Et même si l’occasion d’aller à l’étranger se présente, je me vois bien coupler ça avec un vrai boulot. Je ne pense pas qu’on passe de la D1 luxembourgeoise au monde pro comme ça.
Qu’en disent vos coéquipières d’Itzig ?
Elles sont fières de moi et elles seront d’ailleurs toutes là pour me soutenir contre l’Angleterre, mardi.
Entretien avec Julien Mollereau
Irlande du Nord – Luxembourg (éliminatoires du Mondial-2023), vendredi à 20 h.