Fola : un troisième exploit majeur en quatre ans ?

Le Fola est en mesure de s’offrir un exploit digne de ceux réalisés par le F91 face à Salzbourg (2012) et par Differdange contre Utrecht (2013). Tout est entre ses mains.

S’il ne prend pas de but mercredi soir contre le Dinamo Zagreb (1-1 à l’aller en Croatie), le Fola Esch verra le 3e tour de la Ligue des Champions (face aux Norvégiens de Molde). Et bien défendre, ça le connaît. D’ailleurs, Jeff Strasser a déjà dévoilé ses ambitions: «Cette semaine, il va falloir mettre les joueurs devant le fait accompli: si on refait le même match mercredi prochain, on peut se qualifier.»

Comment se porte sa défense ?

Merveilleusement bien et c’est une très bonne nouvelle, car ce bloc défensif est à la base de tout ce que Jeff Strasser a construit ces dernières saisons. Même à dix, le bloc dans son ensemble a répondu présent (quasiment aucune occasion nette concédée dans la dernière demi-heure à dix contre onze) et, chose intéressante, les milieux, sans leur leader, ont fait bloc pour préserver un axe central de vrais patrons. La paire Klein-Martin a en effet été impressionnante d’autorité. Le premier surtout, si ostensiblement impressionné par ses premiers pas européens en 2011, contre Elfsborg, a pris une dimension dingue.

Dans les couloirs, Martino s’est déjà mis au diapason, mais devra encore franchir un cap pour se hisser au niveau d’un Mehdi Kirch qui dépote et n’hésite pas plus à apporter son écot offensif en Ligue des champions qu’en DN. Leur challenge : ne pas prendre de but au stade Josy-Barthel. Ils peuvent le faire et cela équivaudrait à valider le billet pour le 3 e tour.

Le Fola a-t-il la tête pour l’exploit ?

Cette équipe apprend très vite. Elle est désormais capable de tenir un niveau de performance relativement constant sur 90 minutes à l’international. « On a réalisé le plan qu’on avait envisagé avant le début de la rencontre », s’est félicité Jeff Strasser. Même à dix, ses gars n’ont pas paniqué et ont tenu le score qui les qualifie avant le retour.

Dans le rétroviseur, le foot grand-ducal trouve trace de deux situations quasi similaires pour autant d’exploits majeurs au bout du match retour : le F91 contre Salzbourg en 2012 et Differdange contre Utrecht en 2013 étaient virtuellement qualifiés avant d’aborder le deuxième match (une victoire chacun, à domicile).

Le champion 2015 va devoir s’inspirer de leur expérience et se dire qu’il ne lui suffira peut-être pas de gérer intelligemment. : à chaque exploit majeur ces dernières années, le club grand-ducal a dû se lâcher au retour et marquer. Beaucoup même : trois buts pour le F91 en Autriche (défaite 4-3), trois buts en pour le FCD03 aux Pays-Bas (3-3). Bref, il faut faire étalage d’ambition plus que de bassesse comptable.

Le club eschois peut-il (et même va-t-il devoir?) mettre le grain de folie nécessaire pour créer l’exploit, alors que son ADN le pousse plutôt vers une infinie rigueur? On l’en croit capable : au stade Maksimir, il aurait pu marquer au moins un but de plus et ses attaquants ont parfois fait mal .

Sans Souto, ça se complique vraiment ?

Ronny Souto présente trois caractéristiques qui le rendent encore indispensable : une présence dans les grands rendez-vous, un impact physique réel et des qualités techniques qui rendent possible une conservation de balle, même quand cela chauffe. Son expulsion est donc une très mauvaise nouvelle pour Jeff Strasser, qui n’a pas d’équivalent dans son effectif.

Le technicien n’a pas voulu épiloguer sur ce certain rouge direct infligé à son capitaine, qui pourrait pourtant paraître sévère : « Il est en retard, on ne va pas dire qu’il ne fait pas faute et ne pas perdre de temps à l’analyser plus longtemps. On a l’effectif qu’il faut pour compenser .» Compenser oui, remplacer non. Souto a dégagé une telle impression au Maksimir que la perte est considérable dans le combat qui s’annonce. Et qu’elle pourrait être plus lourde encore que prévu, le délégué UEFA ayant signifié dans son rapport que le joueur avait mis un peu trop de temps à sortir du terrain, ce qui pourrait alourdir la sanction. En cas de qualification, cela pourrait être gênant.

C’est un peu moins vrai pour un Stefano Bensi toujours à la recherche de sa meilleure forme et qui s’est esquinté les adducteurs. Vu l’impact qu’a mis Julien Hornuss dans son entrée en jeu (une passe décisive) et dont le bagage technique a permis de conserver bien des ballons couloir droit, il est permis de penser que la perte est compensable pour le Fola.

Julien Mollereau