Le champion du Luxembourg aura quand même largement fait honneur au pays en deuxième période, refusant de laisser filer, poussant même pour inscrire son but et sortir la tête encore plus haute que ce que l’autorisait déjà à faire son fabuleux match aller.
On n’aura pas eu le temps d’y croire bien longtemps. Dommage, il y avait tout pour et on avait envie. Mais Jeff Strasser a prévenu dès le tirage au sort : pour que le fantasme de franchir ce tour n’en soit pas un, il faudrait deux fois 90 minutes parfaites. Or s’il n’a pas eu un terrible passage à vide d’un quart d’heure comme il y a deux ans, au Parc des Sports d’Oberkorn, qui lui avait coûté quatre buts, le Fola a été juste un petit ton en-dessous pendant une seule des quatre périodes qui l’ont opposé au Dinamo Zagreb. La première de ce match retour. Et il l’a payé cash.
Il a des circonstances atténuantes. L’absence de Souto; le passage du Dinamo Zagreb à une tactique bien plus agressive; la pression d’être, pour une fois, qualifié au coup d’envoi… On veut bien qu’il ait accumulé de l’expérience, mais autant d’éléments contraires, pour un club amateur au bord d’un exploit majeur, c’est vertigineux.
Le bourreau s’appelle Pjaca
Zagreb n’a pourtant pas été immédiatement fringant. Entreprenant oui, mais aussi visiblement marqué par sa prestation de l’aller et son manque de créativité offensive. On ne nous fera pas croire qu’en montant sur la pelouse, l’équipe de Zoran Mamic n’avait pas l’ombre d’un petit doute. Pas étonnant si, malgré quelques cafouillages dans la surface eschoise, c’est sur un coup de pied arrêté qu’est venue la lumière pour le Dinamo. De ce qui ressemble fort à une combinaison travaillée à l’entraînement et qui a parfaitement fonctionné (0-1, 29 e ). Le bourreau s’appelle Pjaca. Il a refrappé un peu avant la pause en passant astucieusement dans le dos de la défense qui s’était alignée sur Soudani et en attendant que les deux défenseurs qui tentaient de le reprendre se jettent (0-2, 40 e ).
Rentrer aux vestiaires avec la certitude que le rêve a passé, qu’il faut désormais trois buts pour que l’aventure ne s’arrête pas là, ce doit être difficile. Le Fola, qui devait s’être préparé à être rattrapé par la réalité, ne s’est pas avachi dans le confort de son match aller réussi. Il a voulu aller chercher des raisons de se faire applaudir par son propre public. Au stade Maksimir, entendre les fans du Dinamo scander le nom du Fola a fait plaisir à tout le club. Commencer à conquérir du monde au Grand-Duché est une partie non négligeable du job qu’il restait à abattre après la pause.
Strasser et ses gars ont fait le job. En frappant deux fois plus au but, en partageant la possession de balle. Bref, en faisant au moins croire que le rapport de force avec son adversaire était finalement plus proche de ce qu’il a montré en Croatie que ce qu’a été sa première période. Même si à la fin, l’histoire reste la même pour le Fola, de saison en saison : un tirage injouable, des progrès constants et… une élimination pour seule récompense.
Julien Mollereau
Regardez deux des trois buts en vidéo ici
CS FOLA ESCH – DINAMO ZAGREB : 0-3
Stade Josy-Barthel. Belle pelouse. Arbitrage de M. Tsinkevic (Blr). 3 300 spectateurs payants.
Évolution du score : 0-1 Pjaca (29 e ), 0-2 Pjaca (40 e ), 0-3 Rog (74 e ). Cartons jaunes : Taravel (64 e ) au Dinamo Zagreb.
FOLA : Hym – Martino, Klein, Martin, Kirch – Payal – Hornuss (57 e Camerling), Rani (68 e Klapp), Dallevedove, Françoise (79 e Rachid) – Hadji.
DINAMO ZAGREB : Eduardo – Simunovic, Sigali (77 e Benkovic), Taravel – Ademi – Matel, Paulo Machado, Pivaric, Pjaca – Soudani (68 e Fernandes), Henriquez (59 e Rog).
Le jeu et les joueurs
LA DÉFENSE
Hym 5 /10 : Vigilant pour aider ses défenseurs quand le Dinamo a joué long. Mais il est crucifié deux fois sans pouvoir rien y faire en première période. Une belle parade devant Henriquez (45 e ) et un face-à-face perdu avec Rog (74 e ).
Martino 5 : Mieux entré dans son match qu’à l’aller. Bien mieux même. C’est pourtant Pjaca, «son» joueur, venu une fois de derrière sur coup-franc puis parti dans le dos de la défense, qui plie le sort de cette rencontre. Un constat qui ne rend pas hommage à sa prestation. Joli sauvetage devant deux attaquants croates avant l’heure de jeu.
Klein 5 : Bon dans les duels, un poil moins juste dans le placement qu’à Zagreb.
Martin 5 : Une occasion en or d’ouvrir le score sur un centre de Hornuss mais il perd le ballon des yeux un instant et reprend à côté (25 e ). Sur l’homme, il a tenu la distance.
Kirch 5 : Une erreur de contrôle qui ne lui ressemble pas (5 e ) et plus de boulot dû à la présence de Matel. Toujours aussi volontaire et réjouissant offensivement mais ce n’était pas le sujet hier.
LE MILIEU
Payal 5 : Du grand art que ce travail habituel de récupération dans les pieds de l’adversaire. Mais forcément insuffisant devant une telle déferlante.
Hornuss 4 : En souffrance dans les duels. Remplacé par Camerling (57 e , 5) , bien plus saignant et en réussite dans son travail offensif.
Rani 5 : On ne pouvait pas lui demander d’offrir les mêmes garanties à l’impact qu’un Souto, mais il s’est servi de sa vivacité pour harceler très haut la défense à trois et tenter de convertir en quelque chose de potable les rares possessions de balle dans les trente derniers mètres croates. Pas mal. Remplacé par Klapp (68e)
Dallevedove 4 : Une glissade heureusement sans conséquence en phase de construction (16 e ). On l’a forcément beaucoup moins vu qu’en Croatie. Et il n’a pas compensé par une suractivité défensive…
Françoise 4 : Même copie qu’à l’aller. Quelques belles intentions sans la concrétisation, mais moins qu’à Zagreb.
L’ATTAQUE
Hadji 6 : Il a livré un duel homérique de la tête aux défenseurs croates et n’a pas été loin de voir son travail de sape récompensé par des passes décisives. Dommage. Son activité, sur les deux rencontres, aura en tout cas été marquante.
« On avait quelque chose à perdre et ça s’est vu »
Gérard Lopez (président du Fola) : «On s’est très bien vendus, pas de regrets à avoir même si on avait quelque chose à perdre ce soir et que cela s’est vu : on était nerveux. Mais il n’y avait pas trois buts de différence entre les deux équipes. Une fois que c’était fini, on a vu qu’on pouvait se libérer et jouer. Dommage.»
Cyrille Serredszum (entraîneur adjoint) : «On a vu une autre équipe du Dinamo ce soir, qui ne nous a pas pris de haut comme à l’aller. Dans les courses, dans les duels, dans les déplacements, ils ont augmenté en qualité. La logique a été respectée.»
Erwan Martin : «C’est sûr que quand on perd notre capitaine, cela ne joue pas en notre faveur. Mais il nous a aussi manqué un peu de fraîcheur par rapport à l’aller, pour aller les presser plus haut. Mais on a vu un grand Dinamo qui voulait passer parce que la Ligue des champions, c’est l’un des objectifs de leur saison. Sur mon occasion (NDLR : de la 24 e minute), franchement, je ne vois pas le centre. Je crois que le défenseur va dégager mais elle me tombe dessus, sur la cuisse sans que je puisse bien la reprendre. Dommage, parce que si je la reprends bien à ce moment…»
Mehdi Kirch : «Ils nous avaient pris à la légère au premier match mais individuellement, ils sont tous au-dessus de nous. Chacun d’eux pouvait faire la différence ce soir.»
Thomas Hym : «C’était beaucoup plus dur qu’à Zazgreb. Eux étaient plus forts et nous pas au même niveau que là-bas. L’ensemble des deux fait qu’il y avait une vraie différence.»
Davor Suker est venu voir ça
L’ancien attaquant international croate Davor Suker (69 sélections et 45 buts), passé par le Dinamo Zagreb (1989-1991), mais surtout par le FC Séville (1991-1996) et le Real Madrid (1996-1999) avec lequel il a remporté une Ligue des champions, était présent, mercredi, au stade Josy-Barthel, pour encourager les siens. La veille, il avait mangé au Gourmet, à Rodange, en compagnie du reste du staff du Dinamo.