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Fiorani à la Jeunesse : «Je nous vois bien au milieu de tableau»


Alessandro Fiorani va devenir bien malgré lui l'un des joueurs les plus âgés du club eschois l'an prochain. Et reste lucide sur les capacités d'une équipe rajeunie d'un coup (Photo : Luis Mangorrinha).

Le latéral de 31 ans a accepté de rempiler pour une saison plus une. Un signe de confiance manifeste envers le projet de son club, qui a moins d’argent et voit les cadres non sélectionnables quitter le navire ou être remerciés.

Prolonger à la Jeunesse, était-ce une évidence vu le contexte ?
Alessandro Fiorani : Oh, je me suis surtout posé la question sportive. Pour ce qui est du financier, on tombe toujours d’accord avec moi puisque j’ai un bon job à côté. Je n’ai donc posé qu’une question : où va-t-on avec tous ces départs de titulaires? Parce que tu peux te dire que le club va couler… Mais si tout le monde réagit comme ça et finit par partir… C’est un manque de respect et un manque d’honneur. Je refuse de laisser ce club couler, si on peut dire les choses comme ça.

Vous avez vu votre salaire baisser ?
Oui mais chez moi, ça ne compte pas. Il faut comprendre qu’il est devenu impossible pour les clubs de payer. Il y a tout un mécanisme derrière, avec des sponsors qui n’ont plus de moyens. C’est un cercle vicieux.

Votre prolongation, dans ces conditions, envoie un signal fort à l’intérieur et à l’extérieur du club, mais sera-t-il suffisant ?
Je vais rester humble et donc ne pas le dire, que c’est un signal. J’espère que mes dirigeants le pensent mais je ne le dirai pas. Et je reste confiant, je pense que si le club veut se restructurer, ce n’est pas mal de le faire avec des jeunes. Et si un joueur-cadre resigne et que cela peut peut-être éviter le démantèlement, tant mieux. Peut-être que grâce à ça, d’autres prolongeront et d’autres arriveront.

Que vous a vendu comme projet le président, Jean Cazzaro ?
Oh, le travail était déjà fait en amont. Le président, je ne l’ai pas encore revu depuis le confinement. J’avais revu le directeur sportif avant que le coronavirus n’arrive. Les choses ont forcément traîné pendant l’épidémie et après, quand on s’est reparlé, il a fallu quasiment tout renégocier, c’est logique.

Le directeur sportif… Pascal Molinari, qui a depuis quitté le club ?
Non, Petz Biergen. C’était vraiment une situation spéciale, pas cohérente d’ailleurs, ces deux directeurs sportifs. L’un parlait à certains joueurs, l’autre aux autres. Moi, ça a changé, ça dépendait des moments. Des fois c’était l’un, des fois l’autre… Mais c’est avec Petz Biergen, qui est celui qui m’a amené à la Jeunesse, que j’ai négocié.

Et le projet qu’il vous a vendu avant le coronavirus ressemblait-il déjà à celui d’aujourd’hui, avec l’idée manifeste de réduire la voilure ?
Non. Le coronavirus l’a beaucoup influencé. Il a été redimensionné parce que le club n’a plus les mêmes moyens. Cela et les résultats, franchement catastrophiques, de la saison passée.

On va se retrouver avec beaucoup de jeunes joueurs…

Avez-vous peur de la saison qui s’annonce ?
Je dois être honnête, j’ai quand même un peu peur et je l’ai dit à mes dirigeants. L’équipe, au niveau qualitatif, c’était quand même déjà autre chose lors de ma première saison à la Frontière. Cela avait déjà légèrement baissé la saison passée et maintenant, on va carrément se retrouver avec beaucoup de jeunes joueurs… C’est un peu la même chose que j’avais déjà vécue à Käerjeng (NDLR : en 2015) et la qualité n’était pas extraordinaire à l’époque. Mais il y a bien un moment où il faut donner leur chance aux jeunes.

Mais quand vous entendez que la Jeunesse jouera le maintien, vous dites-vous que c’est exagéré ou que c’est très réaliste ?
Non, le maintien, quand même pas ! Je nous vois bien au milieu de tableau, pour une 6e ou 7e place. Si on fait ce genre de classement, alors on aura fait une bonne saison, qui sera une base intéressante pour la suivante. Marcus Weiss a fait une super première impression. Il veut mettre l’accent sur le physique, ce qui nous manquait la saison passée. Cet effectif jeune, allié à une condition physique peut-être plus poussée que dans d’autres équipes, cela peut nous faire partir sur une bonne note. Pas pour jouer les places européennes, mais je suis confiant.

Vous serez donc presque un papy dans ce groupe ultra-jeune…
C’est bien! Je n’aurai plus besoin de porter le but à l’entraînement! Voilà, maintenant, vous savez, en vrai, pourquoi je suis resté (il rit)! De toute façon, notre papa à tous, cela restera Arsène Menessou. Après, est-ce que je ferai l’année en option? La question est plutôt de savoir si, à 32 ans, je serai encore au niveau. Je n’ai pas encore eu de coup de vieux mais cela peut venir.

Recueilli par Julien Mollereau