C’est un renfort de poids même s’il était attendu : Michel Platini, président de l’UEFA, soutiendra le Prince Ali lors de la présidentielle Fifa face au dirigeant sortant Joseph Blatter, accusé par l’ancien meneur des Bleus de « mensonge » et de s’accrocher par « peur du vide ».
La poignée de mains a-t-elle été ferme ? Platini et Blatter sont réunis lundi et mardi dans la même pièce au siège de la Fifa à Zurich pour un comité exécutif (gouvernement du foot mondial) précédant l’élection présidentielle de vendredi. « Je n’ai rien contre Sepp (…) c’est un homme que je respecte », souligne l’ex-triple Ballon d’Or dans L’Equipe lundi.
Mais ses tacles chirurgicaux, à cinq jours de l’élection, auront de l’écho. Platini avait conduit l’UEFA à soutenir Blatter en 2011 lors de la précédente élection, « sur la base d’une promesse qu’il avait faite », celle d’un « dernier mandat ». L’ex-joueur vedette de la Juventus a aujourd’hui « la désagréable impression » de s’être « engagé personnellement sur la base d’un mensonge », répétant, comme il le dit depuis un an, que « la Fifa a besoin d’un nouveau leader, de sang neuf et d’air frais ».
Pour l’ancien n°10 des Bleus, Blatter « ne reste pas parce qu’il n’a pas fini sa mission (…). Non, il a simplement peur du lendemain ». « Je comprends la peur du vide qui doit l’habiter, poursuit le Français. Mais s’il aime vraiment la Fifa, il devrait penser à elle avant de penser à lui. » Et de conclure : « Tant qu’il restera en place (…) la Fifa aura un déficit de crédibilité, d’image et donc d’autorité ».
Autre légende du foot, Diego Maradona traite lui Blatter de « dictateur à vie » dans le Daily Telegraph. Le coup de gueule d' »El Diez » (« Le Dix ») portera moins, car l’Argentin en veut à la Fifa depuis son exclusion pour dopage au Mondial de 1994.
Ali, « un grand président »
« J’ai l’intime conviction qu’Ali (…) pourrait faire un grand président de la Fifa », poursuit Platini, qui ne vote pas dans cette élection (ce sont les 209 présidents de fédérations membres de la Fifa) mais le soutient « à titre personnel ». Selon le champion d’Europe 1984, le Jordanien a « la passion du football chevillée au corps » et « toute la légitimité » puisqu’il est l’un des sept vice-présidents de la Fifa depuis 2011. Et le Prince Ali « n’est pas un politicien, il n’a pas besoin de la Fifa pour exister », poursuit Platini, qui suggère ici évidemment que c’est l’inverse chez Blatter.
Mais l’équation reste compliquée pour le demi-frère du roi Abdallah II. Cet homme de 39 ans qui a fait ses études aux États-Unis pourra donc sans doute compter sur les voix de l’UEFA (54 fédérations, mais 53 votants car la Fifa ne reconnaît pas Gibraltar). Ce grand défenseur du foot des jeunes et des féminines devrait aussi profiter des voix de frondeurs comme les États-Unis, anti-Blatter depuis l’attribution du Mondial-2022 au Qatar.
Mais, problème pour le Prince Ali, il n’est pas le président de sa Confédération, l’Asie (46 voix), dont dépend la Jordanie. C’est le cheikh Salman bin Ebrahim al Khalifa qui occupe ce poste et le Bahreïnien est un fervent supporteur de « Sepp » Blatter. Et l’Afrique (54 voix) reste fidèle à Blatter, 79 ans, président en exercice depuis 1998, considéré comme le grand artisan de l’attribution au continent de sa première Coupe du monde, en 2010 en Afrique du Sud.
Luis Figo, ex-Ballon d’Or et candidat qui s’est retiré la semaine passée, est pessimiste pour le Prince Ali, en raison d’un système verrouillé selon lui. « C’est tout sauf une élection. C’est un plébiscite qui a pour objectif de remettre le pouvoir absolu à un homme », a dénoncé le Portugais citant, sans le nommer, Blatter qui n’a « même pas pris la peine de présenter un programme ».
Le Quotidien/AFP