Un an après la fête et la montée arrachée au CNT, les filles d’Anne Kremer sont de retour dans les installations eschoises. Mais face à une concurrence accrue.
AVEC QUELLES AMBITIONS?
Samedi 9 février 2019. Mandy Minella s’écroule d’un coup par terre, tout en exultant. La n° 1 luxembourgeoise vient de battre la Tunisienne Ons Jabeur (quart de finaliste voici quelques jours à l’Open d’Australie), classée alors 56e joueuse mondiale, en deux sets et permet au Luxembourg de retrouver cinq ans après le Groupe I de la Fed Cup. L’apothéose d’une semaine parfaite au Centre national de tennis (CNT) d’Esch.
Douze mois pratiquement jour pour jour plus tard, l’héroïne est de retour sur les lieux de son exploit, avec ses copines de l’équipe de Fed Cup. Le Luxembourg accueille à nouveau le pendant féminin de la Coupe Davis. Pour le même résultat final malgré la montée de division?
«On va plutôt dire que l’on vise le maintien. Et on sait que ce ne sera pas simple…» glissait en ce début de semaine Anne Kremer, la capitaine luxembourgeoise. Pour cela, on considère généralement qu’il «suffit» de gagner un match sur la semaine. En poule pour laisser une équipe derrière soi ou bien le match pour éviter la relégation le samedi.
DANS QUELLE FORME SONT LES LUXEMBOURGEOISES?
Comme l’an passé, on comptera surtout sur le duo composé de Mandy Minella (WTA 140) et Eléonora Molinaro (WTA 254) pour réussir l’exploit côté luxembourgeois.
La première sort d’une tournée australienne mi-figue, mi-raisin, mais l’Eschoise avait tellement su tirer profit de jouer devant son public en 2019 qu’on la croit capable de tout cette semaine. Quant à sa jeune équipière de 19 ans, «elle a l’air en forme comme le montre sa demi-finale en Guadeloupe (NDLR : dans un ITF 25 000 dollars) voici quelques jours», souriait Kremer. Avant d’ajouter : «Nos deux joueuses ont leur chance contre n’importe quel adversaire cette semaine.»
Derrière, forcément, c’est plus compliqué. Claudine Schaul, celle qui avait constitué la troisième option lorsqu’il avait fallu reposer, voici un an, Minella ou Molinaro en double, est blessée (lire par ailleurs). Du coup, la capitaine devra faire avec trois autres solutions : la junior Marie Weckerle (16 ans), Laura Correia (24 ans) ou Tiffany Cornelius (31 ans).
«Je ne sais pas encore ce que l’on fera. On verra en fonction du score ou de la forme affichée», reprenait Anne Kremer. Au vu des derniers résultats au Masters ou aux championnats, Tiffany est peut-être un peu au-dessus. Mais la différence n’est pas énorme.»
FACE À QUELS ADVERSAIRES?
À la vue des équipes envoyées par les autres nations présentes à Esch cette semaine, on sent clairement qu’on est monté d’une division par rapport à 2019. «Ici, on retrouve des équipes fortes, avec à chaque fois deux bonnes joueuses mais aussi une paire de double solide», expliquait la capitaine. «L’an passé, lors des matches de poule, on affrontait des joueuses moins bien classées que nous. Cette fois, ce ne sera plus le cas», lançait de son côté Mandy Minella.
Dans le Groupe A, celui du Luxembourg, Anne Kremer pointe la Serbie comme l’adversaire «peut-être bien le plus fort… sur le papier». Emmenées par la 82e mondiale, Nina Stojanovic (23 ans), les Serbes possèdent en tout cas une belle densité avec trois joueuses présentes dans le top 200 mondial.
L’autre adversaire, la Suède, sera mercredi le premier à croiser le Luxembourg. Des Suédoises privées de leur n° 1 Rebecca Peterson (24 ans, WTA 44). Du coup, leur cheffe de file se nomme Johanna Larsson (31 ans, WTA 232), grande habituée du top 100 mondial avant une année 2019 catastrophique. Une Larsson qui retrouvera ce mercredi une Mandy Minella qu’elle avait battue assez sèchement au 2e tour des qualifications de l’Open d’Australie voici trois semaines. «Ce sera une revanche pour moi. Je n’étais pas bien physiquement ce jour-là», souriait Minella lundi. «Après, j’ai dû la croiser six ou sept fois en tout, si on tient compte de certains matches par équipe. Et je ne l’ai battue que deux fois. Elle a un jeu qui me fait mal. Je cogite donc pour voir comment la battre cette fois…» En espérant que la n° 1 luxembourgeoise trouvera la solution…
La Suède alignant dans ses rangs deux spécialistes de double (Johanna Larsson a déjà disputé le Masters de la spécialité, tandis que Cornelia Lister est classée 72e mondiale), on attendra aussi pas mal ce mercredi d’Eléonora Molinaro dans l’autre simple de la journée. La n° 2 luxembourgeoise devrait retrouver la n° 2 suédoise, Mirjam Bjorklund (21 ans), qui est moins bien classée qu’elle au classement mondial (325e)…
Débuter par une victoire permettrait assurément de voir la vie sereinement pour la suite…
Julien Carette
Budapest, c’est à la fois si près et tellement loin…
Réformée à l’instar de la Coupe Davis, la Fed Cup a désormais droit à sa phase finale disputée à 12 équipes sur une semaine.
Quelques mois après la Coupe Davis, c’est désormais à la Fed Cup de faire sa mue et de passer à une phase finale concentrée sur une semaine. Celle-ci aura lieu en avril du côté de Budapest (qui a obtenu l’organisation pour les trois premières éditions). En tout, 12 nations joueront sur le sol hongrois. Quatre sont déjà connues : la France, championne en titre, l’Australie, finaliste de l’édition 2019, la Hongrie, pays-hôte, et la République tchèque, bénéficiaire d’une invitation. Les huit autres équipes qualifiées seront connues à l’issue d’un 1er tour, disputé sur le modèle classique des rencontres domicile/extérieur (avec quatre simples et un double), programmé ce week-end au sein du Groupe mondial.
Le Groupe mondial, c’est celui qui se trouve juste au-dessus du Groupe I de la zone Europe/Afrique dans lequel figure donc le Luxembourg et qui se déroulera en partie cette semaine à Esch (Tallinn en Estonie accueille d’autres nations).
L’équipe d’Anne Kremer ne se trouve donc virtuellement pas si loin que ça du gratin mondial. Virtuellement? Oui, parce qu’en pratique, accéder aux «Budapest Finals» de 2021 est un vrai parcours du combattant!
Un match de barrage en avril contre un ténor?
En effet, il faudrait tout d’abord terminer, cette semaine, premier ou deuxième de sa poule, avant de remporter dans la foulée une des deux finales prévues samedi.
Cela qualifierait alors le Luxembourg pour un match de «play-offs» (c’est l’appellation officielle de la Fed Cup) qui l’opposerait en avril à l’une des huit équipes qui seront battues ce week-end au 1er tour du Groupe mondial. Parmi les adversaires potentiels, on retrouve les États-Unis, la Russie, l’Allemagne, la Roumanie de Simona Halep ou les Pays-Bas de Kiki Bertens. Du lourd donc!
En cas de nouvel exploit à ce stade, le Luxembourg se retrouverait alors qualifié pour un deuxième barrage, baptisé «qualifiers». Celui-ci serait disputé (face à un autre ténor) dans un an, en février 2021. Et il donnerait, lui, enfin accès à la fameuse phase finale de Budapest version 2021.