Carlos Fangueiro le dit et le redit : il a de meilleurs joueurs et plus d’argent au F91 qu’à Pétange, malgré le départ de Flavio Becca et de tous les cadres du vestiaire. Il n’empêche, le boulot est énorme.
Carlos Fangueiro, enfin officialisé cette semaine, assure ne pas être devenu le coach d’un club qui va rentrer dans le rang. Il veut maintenir vivace l’idée que le F91 a encore le droit de se mêler à la course pour le titre ou, au grand minimum, celle des places européennes.
Devenir entraîneur d’un club qui a tout gagné pendant vingt ans mais se retrouve privé de son sponsor principal, cela signifie quoi ?
Tout le monde doit prendre conscience, au sein du F91, que ce n’est plus le même club, non, mais qui reste quand même bien structuré, bien organisé, suffisamment pour avoir encore les moyens de jouer les premières places. Il faut vraiment que les gens du club se le mettent dans la tête. Mais de toute façon, je crois qu’ils l’ont car même en sachant tous les changements qui sont survenus durant ce printemps, c’est le projet qu’on m’a proposé.
Vous l’avez accepté avec optimisme ?
Je suis quelqu’un d’optimiste. La saison passée, il y avait quarante joueurs dans cet effectif, il va en rester de bons et d’autres vont arriver.
Le F91, qui a vécu un quart de siècle des réseaux de l’entourage de Flavio Becca, sait-il vers où se tourner pour trouver de quoi renforcer son équipe ?
Je bosse directement avec Manou Goergen, notre nouveau directeur sportif. On passe nos journées à discuter, à échanger.
Il s’est surtout fait connaître, ces dernières années, pour ses très grandes compétences administratives et dans la très bonne gestion d’événements assez extraordinaires à l’échelle du pays, que sont les campagnes européennes…
Ah Manou, il est très compétent ! Je ne savais pas avec qui je travaillerais en arrivant mais je suis tellement content de lui. Non seulement c’est un gars qui comprend les problématiques sportives mais en plus, il sait gérer au niveau financier. Et puis il connaît beaucoup de monde… On passe énormément de temps à tout analyser et on a déjà énormément fait avancer le club.
Notamment en signant Jules Diouf ?
Je le voulais impérativement. Parce que je sais de quoi il est capable sur un terrain, mais aussi dans un vestiaire. C’est un meneur d’hommes. Et pour ce qui est de sa blessure, il a déjà bien récupéré. Il sera prêt pour la reprise du championnat.
Qui surviendra…
Beaucoup de coaches, de plus en plus en fait, commencent à évoquer la fin août. Au pire début septembre. Attention, ce n’est pas officiel hein !
Avez-vous plus ou moins de moyens que ce que vous aviez à Pétange la saison passée, puisqu’il est de notoriété publique que beaucoup de gens estiment que le Titus dissimule un peu son réel pouvoir de persuasion financier ?
J’avais beaucoup moins de moyens à Pétange.
Que dans ce F91 qui n’est plus soutenu par Flavio Becca ?
Mais oui. Mon avis personnel, c’est qu’au niveau des qualités individuelles, il y en a plus, déjà, dans l’effectif dudelangeois qui reste à ma disposition. Il y a juste, mais ça c’est un avis que je me suis forgé de l’extérieur, la saison passée, on ne voyait pas une équipe au F91. Et c’est cela ma priorité : constituer une équipe. On y était arrivé à Pétange avec moins d’argent.
Mais là, aujourd’hui, vous en avez plus que la saison passée au Titus ?
Oui, au niveau budget, on est au-dessus. Mais cela n’empêche pas qu’il faut réussir à créer une famille.
Parlons de l’effectif quand même. Dominik Stolz arrive en fin de contrat. Il cherche ailleurs mais quoiqu’il en soit, pourriez-vous encore vous l’offrir ?
Non. C’est presque impossible. C’est trop cher.
Votre président, Romain Schumacher, disait par contre qu’il redevenait optimiste concernant Antoine Bernier…
Oui, c’est encore possible. On a une chance. Et si je peux le garder, je suis content.
Que vous reste-t-il comme ligne d’attaque ?
Bertino, Muratovic, Bettaieb et le petit Joël Da Cruz.
C’est assez ?
À ce moment de notre recrutement, l’attaque, ce n’est pas ma priorité. Par rapport à mon modèle de jeu, ce que nous avons devant me suffit, je suis sûr que ces garçons vont marquer beaucoup de buts.
Vous vouliez pourtant conserver Luisi.
Logique non ? C’est un très bon joueur et il avait très bien récupéré. Mais il a choisi le Progrès, je dois l’accepter. Mais j’ai la certitude que nous aurons une équipe très, très, très compétitive.
Dites-nous un peu, grosso-modo, quelle ossature vous conservez ?
Bouchouari, Bougrine, Klapp, Morren, Kirch, Ewert, Skenderovic, Cools… Pokar, il y a encore une possibilité aussi. Lavie, on est en train de regarder. On va aussi regarder les joueurs que nous avons prêtés. D’autres vont arriver.
Et des jeunes du centre de formation, donc ?
J’ai aussi des contacts très fréquents avec Arno Bonvini, oui. Nous allons faire monter quatre à cinq joueurs dans l’effectif de l’équipe 1 et y aller doucement, mais les y mettre quand même. Un pas après l’autre. Cela, je sais gérer. Mais c’est un fait que le F91 a toujours formé de bons jeunes.
Faut-il quand même se résoudre, malgré tout cela, a cette triste réalité que parler du F91 quand on évoque le titre, est une époque révolue ?
Non ! Non il ne faudra pas oublier, jamais ! Surtout pas à cause de cette histoire récente. Ce sera dur, oui, surtout quand tu vois le truc de fou que le Swift est en train de faire ! Mais l’esprit de groupe, l’intensité de jeu, la stratégie, cela joue. On ne parle pas du titre mais du top 3, dans un championnat qui sera extrêmement compétitif.
Quel rôle y jouera Pétange, votre ancien club ?
Honnêtement, je n’ai pas envie d’en parler. J’ai aimé mes cinq années à Pétange. Je pense avoir apporté beaucoup de choses. Le départ a été vraiment dur mais ça y est, j’ai digéré. Pourtant, je préfère encore ne pas en parler…
Entretien avec Julien Mollereau