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F1: qu’est-ce qui peut changer d’ici 2017 ?


La Mercedes de Nico Rosberg lors du GP du Mexique, le 1er novembre 2015. (Photo : AFP)

Le Grand Prix du Mexique de Formule 1 s’est conclu par une nouvelle démonstration de force de Mercedes (8 moteurs dans les 11 premiers), alors que dans les coulisses les discussions ont continué tous azimuts sur le sujet sensible des moteurs hybrides actuels.

Au coeur du problème, Red Bull Racing n’a pas toujours trouvé de moteur pour 2016 après sa décision de quitter Renault. Mercedes ne souhaite pas l’équiper, Ferrari propose des blocs 2015, Renault souhaite se concentrer sur la relance de Lotus. Reste Honda, avec qui «les discussions continuent», selon le constructeur japonais, mais contre l’avis des deux principaux dirigeants de son partenaire anglais, l’écurie McLaren.

Red Bull: deux semaines de plus…

Christian Horner, le Team Principal de Red Bull, l’a dit à Mexico. L’écurie quadruple championne du monde (2010-2013) va se donner 15 jours de plus pour décider de son avenir en F1, avec l’espoir de convaincre enfin Honda de lui fournir des moteurs en 2016. Sauf que Ron Dennis, le patron omnipotent de McLaren, a mis son veto, alors que son bras droit, le Français Eric Boullier, l’a dit clairement vendredi en conférence de presse: «Nous ne sommes pas une oeuvre de charité». Ca ne sent pas bon pour l’écurie de Dietrich Mateschitz.

Mercedes et Ferrari ne veulent pas vendre à perte

Toto Wolff (Mercedes) et Maurizio Arrivabene (Ferrari) l’ont dit: la F1, c’est un +business+, les moteurs V6 turbo hybrides actuels ont coûté très cher. Alors inutile que la Fédération internationale de l’automobile (FIA) leur demande de baisser les prix, pour les facturer 12 millions d’euros par saison aux écuries indépendantes, au lieu de 18 à 20 millions. Même le renfort du président de la FIA, Jean Todt, ex-dirigeant de la Scuderia Ferrari, à Mexico, ne les a pas amadoués. Et leurs carnets de commande sont pleins. L’an prochain Mercedes fournira encore quatre équipes: la sienne, ainsi que Williams, Force India et Manor GP au lieu de Lotus. Ferrari quatre aussi: sa propre Scuderia et Sauber, plus les débutants américains de Haas et peut-être aussi Toro Rosso, à la place de Manor GP.

Honda et Renault, une équipe chacun ?

Si Honda ne cède pas à Red Bull, seule McLaren disposera de moteurs nippons l’an prochain. Et si Renault fait aboutir son intention de racheter Lotus, en arrêtant de fournir d’autres écuries, la situation sera plus déséquilibrée que jamais, face à deux titans comme Mercedes et Ferrari. Ca ne plaît pas du tout à la FIA, car Jean Todt est un fervent adepte du consensus et de l’équilibre, alors un nouveau plan a été imaginé: un moteur «low cost».

Moteur «low cost»: pas avant 2017…

Comme Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1, n’a pas réussi à convaincre les écuries qu’il fallait revenir aux bons vieux moteurs V8 d’avant 2014, il a imaginé autre chose à partir de 2017: un V6 turbo de 2,2 litres de cylindrée, équipé d’un système sommaire de récupération d’énergie au freinage (KERS), qui consommerait plus, ferait plus de bruit et coûterait trois fois moins cher. De quoi contribuer à réduire les déficits des écuries en difficulté, mais en créant une F1 à deux vitesses, avec deux types de moteurs, comme lors de la cohabitation entre moteurs turbo et atmosphériques, dans les années 80.

Le projet d’un moteur indépendant, alors baptisé PURE, avait été lancé en 2012 par Craig Pollock, ex-agent de Jacques Villeneuve et patron de BAR-Honda, en prévision de 2014. La F1 à deux vitesses, personne n’en veut, officiellement, mais elle existe déjà, sur la piste, et ça se voit: les gros constructeurs dépensent sans compter et gagnent, les petites équipes sont dans le rouge et n’arrivent même plus à monter sur le podium.

Pour que certaines choses changent d’ici 2017, au moins au niveau des moteurs, il va falloir accélérer. Et il faudra que d’autres lâchent le frein à main. Comme le résume parfaitement Ecclestone, 85 ans, aux commandes de la F1 depuis les années 70, «le but avant, c’était de faire de la compétition, pas de préserver ses actifs».

AFP/M.R.