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F1 – Le pilote français Jules Bianchi a perdu « sa bataille » contre la mort


Premier pilote de F1 mort des suites d'un accident depuis Ayrton Senna, le jeune Niçois s'est éteint vendredi soir à l'hôpital de sa ville natale. (photo AP).

« La bataille » de Jules Bianchi a pris fin vendredi soir, a annoncé samedi la famille du jeune pilote de F1 français, mort à 25 ans sans avoir jamais émergé du coma dans lequel il était plongé depuis son dramatique accident au Grand Prix du Japon en octobre 2014.

Premier pilote de F1 mort des suites d’un accident depuis le triple champion du monde brésilien Ayrton Senna, le 1er mai 1994 à 34 ans, le jeune Niçois s’est éteint vendredi soir au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de sa ville natale. Après neuf mois d’une « bataille » quasiment perdue d’avance, et à quelques jours de son 26e anniversaire, le 3 août. « Notre douleur est immense et indescriptible », a écrit Philippe Bianchi, son père, dans un communiqué.

Un flot d’hommages a suivi samedi l’annonce de cette mort. « On pensera toujours à Jules », a écrit sur Twitter Alain Prost, quadruple champion du monde de F1. « Hier, nous avons perdu l’un des meilleurs gars et l’un des meilleurs pilotes que j’aie jamais rencontrés. Tu vas tellement me manquer, mon ami », a réagi Romain Grosjean, le pilote Lotus. « Le sport automobile français perd l’un de ses plus grands espoirs », a souligné le Président de la République, François Hollande.

« Jules, le talent et le courage à l’état pur », a résumé François Fillon, ancien Premier ministre et passionné de sport automobile. « C’était un garçon attachant, qui était l’espoir du sport automobile français », a ajouté Jean Alesi, ex-pilote Ferrari, comme Bianchi.

Issue inéluctable

Cette issue fatale semblait de plus en plus inéluctable. Sur France Info, le 13 juillet, le père du pilote s’était déclaré « moins optimiste » sur l’état de santé de son fils, constatant que celui-ci n’avait pas fait de « progrès significatifs ».

« Il faut avoir, à un moment donné, les pieds sur terre et se rendre compte de la gravité de la situation », avait-il ajouté, soulignant déjà qu’une issue mortelle était peut-être le moins mauvais des scénarios pour son fils, tant sa passion de l’automobile et du pilotage était grande.

« Il nous avait dit que s’il lui arrivait un jour un accident du type de celui de Michael Schumacher (ndlr: toujours dans le coma suite à un accident de ski), s’il avait ne serait-ce que le handicap de ne plus pouvoir conduire, il aurait beaucoup de difficultés à le vivre. Parce que c’était sa vie ».

Michael Schumacher mène toujours sa bataille contre le destin et la mort, à 45 ans, dans la propriété familiale, à Gland, sur les bords du Lac Léman, en Suisse.

L’Allemand vivait une retraite bien remplie quand il est tombé à ski, fin décembre 2013, à Méribel, après avoir heurté une pierre dans un secteur hors-piste, sans danger apparent. Avec sept titres de champion du monde à son palmarès.

Jules Bianchi, lui, n’aura grappillé que deux points au total, en 34 GP, au volant de sa Marussia à moteur Ferrari, dans cette écurie anglo-russe qu’il avait rejointe comme titulaire en 2013, avec le soutien de la Scuderia. C’était au GP de Monaco 2014, une 9e place acquise de haute lutte en partant du fond de la grille et malgré deux pénalités de cinq secondes, sur un circuit où il est très difficile de dépasser.

Une histoire de famille

Jules Bianchi était issu d’une famille d’origine italienne fanatique de sport automobile: son grand-père, Mauro, avait été pilote de F3 dans les années 60, et son grand-oncle, Lucien était un pilote de F1 qui a trouvé la mort aux 24 Heures du Mans en 1969.

Espoir de la F1 française, le jeune homme a vu sa trajectoire interrompue brutalement le 5 octobre dernier, au 42e tour du GP du Japon. Sous la pluie, il a perdu le contrôle de sa Marussia dans le Virage 7 et sa monoplace s’est encastrée sous un engin de levage qui finissait d’évacuer la Sauber de l’Allemand Adrian Sutil, sortie de la piste au tour précédent.

Cet accident dramatique a provoqué une forte polémique, notamment autour de l’intervention de cet engin sans que la course n’ait été au préalable neutralisée par la direction de course. Parmi les critiques, celle d’Alain Prost: « L’entrée de cette grue sans le régime de la voiture de sécurité est totalement inacceptable. C’est une vraie faute à ne pas renouveler », avait accusé l’ancien pilote.

2015 est une année noire pour le sport français: il a perdu en mars la navigatrice Florence Arthaud, le boxeur Alexis Vastine et l’ex-nageuse Camille Muffat lors d’un accident d’hélicoptère sur le tournage en Argentine de l’émission « Dropped », puis, en juin le navigateur franco-suisse Laurent Bourgnon, disparu dans une plongée en Polynésie.

 

AFP