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[Europa League] Quel potentiel de qualification pour Dudelange ?


Dudelange devra rééditer les exploits des qualifications en poule, avec Milan en entrée à domicile, dès le 20 septembre (Photo : Editpress).

Le Legia Varsovie se déplace au Luxembourg jeudi, pour un match retour d’Europa League contre Dudelange couperet… Peut-il se remettre d’une pareille humiliation (2-1 à la maison) en seulement une semaine?

Dans les entrailles du stade du Maréchal Jozek Pilsudski, il est 23 h 15 jeudi quand les suiveurs du Legia Varsovie se frottent les yeux, cherchant désespérément à se raccrocher aux branches. «Je ne veux pas vous faire peur mais je ne crois pas que l’on puisse faire un aussi mauvais match au retour», hasarde l’un des chefs de presse, sous-entendant que c’est avant tout la médiocrité polonaise qui explique ce résultat, plus que la qualité dudelangeoise. «Et vous y croyez à la qualification?», demande même sincèrement un journaliste au français impeccable aux Luxembourgeois qui lui tombent sous la main, oublieux, dirait-on, que le F91 vient tout de même de s’imposer 1-2 à l’extérieur.

Mais oui Dudelange y croit !

S’ils y croient? Mais c’est pire que ça : les joueurs sont même un peu déçus de leur résultat. «Jusqu’à présent, on avait toujours bien joué mais on était toujours ressortis de nos matches avec la tête dans le c… Là, on a bien attaqué, on a bien défendu, mais on n’a pas mis assez de buts», lance Tom Schnell. L’analyse est sèche et cinglante. Elle sera encore plus avare en compromis dans la bouche du big boss, Flavio Becca, qui s’exprime plus que rarement et s’est senti obligé de le faire jeudi soir moins pour féliciter les joueurs que les mettre en garde : «On a fait un très grand match, mais on aurait dû le tuer. On voit qu’il nous manque un peu d’expérience, qu’on est un peu frileux. Surtout quand on voit le jeu de certains. Attendons ce qui va se passer, mais le chemin est encore long. Il y a du travail, surtout au milieu de terrain.»

On passe de juste «60-40» à «50-50»

Pointé du doigt, le joueur le plus expérimenté de l’effectif, Marc-André Kruska, dont une passe en retrait catastrophique coûte un but et qui s’en excuse sans effusion : «On mérite de mener au score et puis je fais cette boulette. Je ne pense pas en avoir déjà commis une comme ça.» Ton monocorde, repentance concrète mais sans affect, l’ancien joueur du Borussia Dortmund en a connu d’autres et semble fait d’un aplomb qui tranche avec la fébrilité habituelle des joueurs grand-ducaux quand ils se frottent au très haut niveau de club.

Par rapport à la détresse des joueurs polonais, le contraste est saisissant. Et il est conceptualisé par Dominik Stolz, l’homme qui a pris un avantage psychologique majeur sur toute la défense après sa prestation cinq étoiles : «Pour jouer contre une équipe comme le Legia, il faut être confiant en ses moyens. Pas le choix. Et après dix minutes de jeu seulement, on a remarqué qu’il doutait. Très tôt, on a su qu’on aurait la possibilité de faire quelque chose.»

La tactique c’est l’attaque

Photo : Editpress

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Dino Toppmöller n’y est pas pour rien. En choisissant de conserver deux attaquants, le coach a envoyé un message à ses gars autant qu’à ses adversaires : hors de question de leur laisser se refabriquer des certitudes. C’est ce qu’il fallait faire, à écouter les explications désolées de Chris Philipps, sur l’état de délabrement mental de son équipe : «Personne n’est en confiance en ce moment et le foot, c’est très psychologique.» «Ils sont tellement sous pression, qu’on le ressent, remarque Kruska. J’ai déjà connu cette situation dans ma carrière, quand la tête n’est pas libre. Et après tout, les footballeurs aussi sont des êtres humains.»
Ceux du F91 ont été, sur cette manche aller, d’un sang-froid remarquable qui leur a réappris à compter différemment. Avec optimisme pourrait-on dire. Si Jonathan Joubert estimait ainsi les chances de passer à du «60-40» avant le match, il penche désormais pour du «50-50». Pas plus? Non : «Ils seront furieux au retour», avance justement Kruska. Peut-être, mais ils sont nombreux, en Pologne, à avoir été marqués par la prestation dudelangeoise. Et pas qu’au Legia. L’ancien international Marcin Zewlakow, désormais commentateur sur la télé nationale, a contacté Yassine Benajiba, son ancien coéquipier à Mouscron entre 2003 et 2005. «Il m’a dit : « Ici vous avez surpris tout le monde, vous méritez de gagner »». Et même de passer dans une semaine. Espérons que la guerre psychologique a déjà choisi le camp du vainqueur.

Julien Mollereau