Le Progrès Niederkorn a réussi jeudi soir un nouveau exploit en 2e tour d’Europa League, en éliminant une équipe de Budapest qui, apparemment, pensait qu’elle allait se qualifier facilement. Une volée deYann Matias à la 84e a envoyé les Jaune et Noir au paradis.
Il a fait la bise ou tapé dans la main de toute la rangée de personnes qui se serraient le long de la barrière qui jouxte la pelouse du Parc des sports. Jusqu’à sa compagne qui l’a embrassé de manière un peu plus personnelle. Lui, c’est Yann Matias, et ce baiser, c’est celui du héros! Ou plutôt du buteur décisif. Car, jeudi, tous ses équipiers étaient un peu (voire beaucoup) des héros. Mais lui avait inscrit dix grosses minutes plus tôt le but de la qualification pour le Progrès Niederkorn. Celui du 2-0.
«C’est vraiment exceptionnel!, s’extasiait l’international luxembourgeois. On ne peut pas vraiment dire que je marque souvent. Cela ne m’arrive même pratiquement jamais. D’ailleurs, je vous avoue que sur le coup je ne savais pas comment le fêter. J’ai donc couru en direction du banc, mais je n’ai pas eu le temps d’y arriver, tout le monde m’est tombé dessus. »
Une titularisation inattendue
Un peu comme lui était tombé dessus une titularisation (aux dépens d’Adrien Ferino) qui l’a, de son propre aveu, «un peu surpris», mais que son entraîneur, Paolo Amodio, justifiait par la «qualité de son jeu de tête» (face aux tours hongroises) et… «son apport au niveau offensif». Un coup de maître donc, puisque c’est sur une phase arrêtée que Matias a donné à la 84e deux buts d’avance à son équipe! Et tant pis si c’est du pied.
Un but qui est tombé aussi à un moment où le Budapest Honved semblait avoir le match un peu en main, sans pour autant se montrer très dangereux. Un scénario qui ressemblait de ce fait forcément à celui de la qualification historique voici un an face aux Glasgow Rangers. «Mais ici, c’est encore mieux que ce que nous avions fait l’an passé face aux Rangers. Car ce soir on s’est qualifiés pour un 3e tour de Coupe d’Europe. Ce qui est une rareté au Luxembourg», souriait l’ancien défenseur de Pétange et Dudelange. Le Progrès n’est que le quatrième club à réussir cet exploit après Dudelange en 2012 et 2018 donc, Differdange l’année suivante et le Fola l’an passé.
Les Hongrois les ont pris de haut
Et lorsque Matias a frappé, l’équipe niederkornoise menait donc déjà 1-0 depuis la 21e. Un but qui était la récompense de vingt très bonnes premières minutes de la part des hommes de Paolo Amodio. Comme s’ils avaient voulu répondre à des Hongrois qui avaient passé la veille leur temps à se demander ce que le Progrès faisait à ce stade de la compétition, tellement cette équipe leur semblait faible. «On a voulu les agresser, évoluer haut, ne pas les laisser jouer. Dommage qu’on n’ait pas su marquer plus…»
Avec un rien de réalisme en plus face aux portiers hongrois, le score aurait pu alors déjà être plus lourd. Car les Jaune et Noir avaient débuté les débats comme des avions de chasse, prenant à la gorge un adversaire dont la ligne défensive était alors pratiquement composée de six joueurs. Après trois minutes, Karapetian, au duel dans la surface, ne parvenait pas à toucher suffisamment le ballon pour l’envoyer au fond des filets, avant que, quatre minutes plus tard, l’attaquant géorgien ne manque son duel avec Grof, tout comme l’avait fait Françoise quelques secondes plus tôt. Deux énormes possibilités du genre dont on se dit qu’on ne peut normalement pas les manquer quand on veut espérer se qualifier en Coupe d’Europe. Mais vu que Yann Matias est passé par là!
Julien Carette
Propos de vestiraires
Yannick Bastos (Progrès) : «Par apport à la dernière rencontre, le coach a changé la tactique et cela a porté ces fruits. Dès l’entame, il voulait qu’on joue haut et on est tout près de marquer à deux reprises. Après la 70e, on était en train de souffrir et on a redescendu le bloc. On a tout donné dans cette rencontre et cette qualification est amplement méritée lorsqu’on regarde la physionomie des deux matches.»
Thomas Gilgemann (directeur du Progrès) : «Je me suis servi de ce que les Hongrois ont déclaré la veille du match pour motiver nos joueurs. Ils ont expliqué qu’ils ne comprenaient pas comment on avait pu éliminer Qabala et les Glasgow Rangers. Bref, ils étaient sûrs de passer. On n’a pas joué notre meilleur match à l’aller, mais quand même…»
Fabio Marochi (président du Progrès) : «On avait une nouvelle page à écrire, à inventer, et on l’a fait! Comme l’an passé, on ne se rendra compte de ce qu’on a réussi que demain (NDLR vendredi) en ouvrant les journaux.»
La feuille de match
Parc des Sports (Oberkorn). Pelouse en excellent état. Arbitrage de M. Abed (Fra) assisté de MM. Haquette et Berchebru. 1 852 spectateurs.
Évolution du score : 1-0 De Almeida (21e), 2-0 Matias (84e).
Cartons jaunes : Karapetian (31e), Karayer (88e) pour le Progrès.
Holender (56e), Barath (89e) pour Budapest.
PROGRÈS : Flauss – Martins, Matias, Hall, Gobron – S. Thill (65e Karayer), Mutsch – Françoise (73e Bastos), O. Thill, De Almeida (89e Ferino) – Karapetian.
BUDAPEST HONVED : Grof – Batik, Kamber, Skvorc – Heffler, Vadocz, Uzoma (87e Kukoc-Petrello – Nagy, Bano-Szabo (33e Barath) – Holender (72e Lukacs), Danilo.