La blessure de Jonathan Joubert, qui le clouera en tribunes au moins jusqu’à la fin de l’automne, ne laisse pas le choix au F91. Qui se demande s’il ne va pas signer un gardien.
Quand on a la joie toute relative de perdre son gardien titulaire à un moment aussi gênant qu’à l’aube d’un match qui peut vous expédier en poules d’Europa League, il faut avoir soit une foi inébranlable en son n°2, soit une très bonne communication… pour être sûr que le n°2 ne va pas craquer sous la pression.
Là, même pas besoin : cela fait des mois que Luc Duville, l’entraîneur des gardiens, répète à qui veut l’entendre que Joé Frising est bon. Ou plus exactement bien meilleur que ce que les gens pensent, ce qui fait une petite différence vite gommée par la réaction officielle à sa prise de pouvoir forcée, à la suite de la fracture du tibia de Jonathan Joubert : « Je travaille plus avec ceux qui ne jouent pas qu’avec Jonathan, toute la semaine. Donc physiquement et techniquement, Joé est costaud. Depuis que je suis là, il s’entraîne vraiment très bien. »
Dino Toppmöller lui a emboîté le pas : « Il donne toujours tout aux entraînements, est à 100% accepté par tout le groupe. On sait qu’on n’a pas besoin d’avoir peur. Avec lui dans les buts, on a récemment battu Sarrebruck, Mayence, les espoirs d’Anderlecht… »
Quand tout le monde se sent obligé de dire qu’il a confiance en vous, en général, c’est qu’il y a un petit hic. Et d’ailleurs, ça n’a pas empêché le garçon de se faire gentiment chambrer par des partenaires, à l’aéroport de Varsovie, il y a deux semaines, pour un petit ratage à Hamm (malgré deux très grosses parades, par ailleurs), lors de la
1re journée de DN. « Mais je sais que j’ai la confiance de tous mes coéquipiers. J’ai travaillé pour ça, je l’ai méritée. Elle n’est pas venue de nulle part .»
Pour le gardien de 24 ans, les doutes autour de ses capacités à prendre la suite de Joubert ne sont eux non plus pas venus par hasard. Sa réputation d’aimer autant la vie que Dave Turpel (qui fait dire à Toppmöller que le portier pourrait juste être « un peu plus pro mentalement »), l’un de ses potes dans le groupe, ne parviennent pas à éteindre d’évidentes capacités. Comme son positionnement sur un tir en pivot de Tucudean, aux six mètres, qu’il repousse sur sa ligne juste après être entré en jeu. Joli.
Un joker médical, ou pas ?
On ne lui demandera pas d’avoir la même présence qu’un Joubert. Il n’y parviendra pas. Question aussi d’expérience. Mais Duville vole encore à son secours : « Mais même moi je ne connaissais pas les barrages de l’Europa League. Pas un seul joueur ne les connaît. » Mais aucun n’occupe un poste aussi lié au mental. Frising le reconnaît lui-même : « On se dit toujours qu’on est prêt, mais quand la situation est là… Dans ta tête, tu as beau dire que tu ne pas stresser, tu l’es. Il faut réussir, après, à transformer ce stress en calme .»
Pour le moment, les dirigeants dudelangeois ont transformé le leur, de stress, en recherche d’informations. Ils aimeraient savoir s’ils peuvent encore espérer recruter une sorte de joker médical, parce que se lancer dans les poules (hypothèse plausible désormais) avec Frising à la baguette et le tout jeune Enzo Esposito (19 ans) derrière serait angoissant, même si Dino Toppmöller dit « avoir confiance ». Théoriquement, les règlements de la FLF l’interdisent et la fédération, qui s’est déjà mouillée en déplaçant le F91 – Fola de lundi dernier, provoquant l’ire du club eschois, n’aura peut-être pas forcément envie de se mouiller encore une fois, même si cela relève de l’intérêt supérieur du football luxembourgeois que de bien figurer en poules s’il s’y retrouve pour la première fois.
Pour Luc Duville, en Belgique, un club aurait déjà sa dérogation en poche. Pour Dino Toppmöller, « on fera quelque chose si on le peut mais ce n’est pas mon travail. J’attends qu’on me dise si c’est possible et alors je verrai mais en attendant, j’ai d’autres choses en tête ».
Julien Mollereau