Accueil | Sport national | [Europa League] Le F91 veut écrire l’Histoire jeudi soir au Josy-Barthel

[Europa League] Le F91 veut écrire l’Histoire jeudi soir au Josy-Barthel


Danel Sinani (à g.), buteur à l'aller, et ses coéquipiers vont tout faire jeudi soir pour rééditer l'exploit de la saison dernière. (photo Luis Mangorrinha/Le Quotidien)

[Europa League, barrages] Le F91 accueille jeudi soir (20h) Ararat-Armenia en match retour (aller : 2-1) des barrages d’Europa League. Avec une nouvelle occasion unique de regoûter à la phase de poules, un an seulement après une historique première. Mais les Arméniens veulent eux aussi faire enfin entrer leur pays dans l’histoire.

Si vous les écoutez, tous autant qu’ils sont, pas un n’est nerveux. Les 2,9 millions d’euros promis au vainqueur pour organiser sa campagne au long cours jusqu’à mi-décembre, le tirage au sort qui verra le vainqueur pouvoir ramener au pays trois équipes potentiellement toutes aussi prestigieuses les unes que les autres, la perspective d’écrire l’Histoire pour Ararat-Armenia et de la réécrire pour le F91… tout ça n’angoisse visiblement personne. Non, avant un match retour de barrages d’Europa League, la courtoisie due aux supporters veut qu’on parle, dans les médias, de pression positive ou encore de merveilleuse opportunité.

Minasyan était le coach du gros raté de… 2011

«Nous ne sommes pas nerveux», a donc dit Emilio Ferrera, le coach dudelangeois, titillé sur les trois matches consécutifs perdus par son équipe en une grosse semaine (Jeunesse Esch, match aller en Arménie, Progrès Niederkorn). «Nous non plus», a assuré son homologue arménien, Vardan Minasyan, qui a toutefois assorti son commentaire d’une précision : «J’espère en tout cas que les joueurs ne sont pas trop nerveux. Pour moi, ce n’est pas la première fois, alors peut-être qu’eux le seront un peu. Mais je pense qu’après cinq à dix minutes de jeu, ce sera oublié.»

Cette infime brèche de confiance vient peut-être de ce que sa presse s’est amusée à lui rappeler mercredi qu’il y a huit ans, en 2011, le pays s’était déjà retrouvé en position de se qualifier pour sa toute première grande compétition de l’ère post-soviétique, avec son équipe nationale. On était alors en plein éliminatoires de l’Euro-2012 et il aurait «suffi» d’une victoire aux Arméniens en Irlande, lors du dernier match du groupe B, pour les expédier en Pologne et en Ukraine. Las, après que leur gardien a écopé d’un rouge avant la demi-heure de jeu et qu’un défenseur a inscrit un but contre son camp juste avant la pause, les Arméniens s’inclinent 2-1 avec, à leur tête, un certain… Vardan Minasyan. Mercredi, ce souvenir l’a fait grincer des dents : «Des fois, si tu te prépares trop pour un événement, c’est plus néfaste qu’autre chose.»

«Tout reste ouvert!»

L’occasion se représente donc pour Minasyan. Mais le F91 va s’appliquer à le laisser dans cette posture de loser magnifique. Emilio Ferrera a enfoncé le clou sur l’information majeure donnée par les statistiques des sept dernières années de compétitions européennes : après un 2-1 à l’aller, c’est du 50/50. «Ce n’est pas un mauvais résultat, se réjouit le Belge. Je ne pense pas que nos adversaires en soient heureux en tout cas. Il n’est peut-être pas fantastique pour nous, mais pour eux non plus. Tout reste ouvert!»

Pour coller à la mise en garde de Minasyan de ne pas trop espérer, le F91 semble avoir tout bien fait jusque-là. Personne ne lui donnait la moindre chance de refaire le coup des poules avant longtemps (voire jamais), son groupe n’était pas programmé pour ça, il est même ressorti battu de son match aller en Arménie là où, la saison passée, il débutait tous ses matches retours en étant déjà qualifié et donc dans un certain confort.

Alors que l’Arménie bouillonne (on a pu s’en rendre compte grâce aux 13 000 spectateurs hystériques de l’aller), le Grand-Duché semble regarder cette nouvelle opportunité de loin. Cela donnerait une tournure cocasse à une nouvelle qualification, alors que la perspective du désengagement de Flavio Becca approche lentement. Ce serait tellement inattendu venant de cette équipe qu’on a du mal à se rendre compte qu’on est à 90 minutes d’un nouvel exploit. Pardon, d’un nouveau miracle. Quand on pense que l’Arménie, elle, attend ça depuis 28 ans… Il y aurait de quoi être nerveux!

Julien Mollereau