Le F91 reçoit Séville sans pression, ce jeudi soir, si ce n’est celle qu’il s’est lui-même fixée : il aimerait bien signer un grand résultat.
L’une des meilleures équipes du continent a atterri mercredi sur le tarmac du Findel et sous un fin crachin. Sur les photos publiées par le site du FC Séville, on voit un Chicharito en doudoune et souriant façon attaquant pas stressé et c’est logique après tout : le club andalou vient chercher de manière officielle sa qualification pour les 16es de finale de l’Europa League devant vraisemblablement moins de 4 000 personnes et dans une ambiance qui doit lui paraître extrêmement champêtre.
Rien à voir, forcément, avec ce qui l’attend au stade Villamarin, dimanche, contre son ennemi juré du Betis Séville dans un match de Liga qui s’annonce torride et lors duquel les visages seront sûrement très fermés.
À l’échelle des ambitions du leader du groupe A, ce match contre Dudelange est une paille. Mais José Castro, le président sévillan, a l’aura des grands dirigeants qui savent prendre de la hauteur sans que cela puisse paraître ridicule. Et le sens de la formule. «On n’a jamais snobé un adversaire. Cette rencontre face au F91 n’est pas un match piège, c’est un match comme un autre. C’est parce qu’on réfléchit comme ça que nous avons remporté cinq Europa League», a-t-il déclaré en montant dans l’avion. Au même moment, son entraîneur, Julen Lopetegui, avait choisi de ne pas y faire grimper la plupart de ses stars, chargées de préparer une partie autrement plus importante. Pas besoin de ça pour que le discours du président ait de la force. On parle quand même toujours d’un quintuple champion d’Europe doté d’un effectif à 280 millions d’euros.
Sachant tout cela, Bertrand Crasson n’était sûrement pas obligé de donner l’interview qu’il a donnée après le coup de sifflet final de la gentille promenade de santé de ses gars, dimanche, à Differdange (0-3) alors que la veille, Séville avait lui accroché un ogre, l’Atlético Madrid (1-1) : «Disons qu’on ne sera peut-être pas aussi prudents que là-bas. On a une équipe qui peut faire quelque chose.»
«Ils vont se donner encore plus»
Le technicien belge n’a pourtant pas une marge de manœuvre extraordinaire pour faire évoluer la logique de cette confrontation extrêmement déséquilibrée. Kirch prendra sûrement place à gauche, là où Lesquoy devra purger sa suspension, Garos devrait pouvoir rentrer dans le groupe, mais on ne sait pas si Schnell ne va pas devoir faire l’impasse. Devant, on devrait prendre les mêmes et recommencer, avec des consignes différentes, un plan de jeu différent et visiblement, des ambitions différentes.
Crédible ? «Moi j’étais en tribunes à Séville, sourit Mickaël Garos. Ce que j’ai vu, c’est une grosse équipe et dans ces cas-là, on voit toujours des choses. On se dit « on pourrait ci, on pourrait ça », mais en fait, quand on est sur le terrain, c’est beaucoup plus compliqué. À nous de corriger nos erreurs.»
Bertrand Crasson semble dire que l’une des erreurs de ses joueurs, à l’aller, aura peut-être été de ne pas y croire assez offensivement. Mais celle qui lui a coûté la très lointaine possibilité d’envisager un point au stade Sanchez-Pizjuan où il tenait le nul à la pause, à la surprise générale, est sans conteste le fait de ne pas avoir su gérer les jaillissements des joueurs de la deuxième ligne et de Vazquez en particulier.
Pour le reste, même Yassine Bounou, le portier sévillan, a reconnu que cela avait été «un match compliqué» et que «ce le sera encore plus ici parce qu’ils vont se donner encore plus».
On ne demande qu’à croire tout ce beau monde et de faire semblant de penser, au moins jusqu’au coup d’envoi, qu’un exploit est possible et qu’il y a moyen d’effacer le sourire de Chicharito l’espace d’une soirée…
Julien Mollereau