Dino Toppmöller, le coach de Dudelange, est persuadé qu’il y a un coup à faire ce jeudi soir face au Legia Varsovie, en 3e tour d’Europa League… L’adversaire est plus gros, mais il est en difficulté et «il doute».
Dans les têtes, la pression a commencé à monter mercredi soir, en mettant le pied sur la pelouse du stade du Maréchal Jozef Pilsudski. Le staff l’avait déjà sentie à Videoton, cette excitante petite injection d’adrénaline. Elle est revenue très naturellement dans la touffeur de la capitale polonaise, mercredi, à la veille d’un grand match avec de grandes perspectives. Parce que tout ce groupe a, pour paraphraser Dino Toppmöller, qui avait lâché quelques heures plus tôt cette petite sentence confortablement installé dans un fauteuil club du Regent Hotel, l’envie d’«écrire l’histoire». C’est ce qui fait ressortir autant ce Legia Varsovie – Dudelange de tant de matches l’ayant précédé : ce pourrait être à la fois l’histoire du F91 et l’histoire du pays qui s’inventent. Jamais en effet un club grand-ducal n’est arrivé au 4e tour de l’Europa League. Y parvenir en éliminant le champion de Pologne, cela aurait de la gueule.
On ne peut pas tout le temps opposer les clubs luxembourgeois dans leur façon de concevoir l’évolution du football national, surtout les rares fois où ils sont sur la même longueur d’onde… Dino Toppmöller a ainsi lu l’interview du président du Progrès Niederkorn, Fabio Marochi, (lire notre édition d’hier) et il est «complètement d’accord : je ne sais pas si cela va arriver maintenant, mais cela va arriver un jour de voir un club luxembourgeois en phase de poules. Mais bon, ce serait mieux aujourd’hui que plus tard.»
L’exemple récent du… Red Bull Salzbourg
Pour que cela lui arrive aujourd’hui et à lui, pas le choix, il va falloir faire ce qui s’apparente à un exploit ce soir contre le Legia Varsovie. Ce n’en serait pas vraiment un au sens «Red Bull Salzbourg» du terme, comme en 2012, date magique pour le club dudelangeois. Car plus les semaines passent en cet été 2018, plus ses gars nous prouvent que leur niveau est vraiment celui d’un 3e tour d’Europa League, voire mieux. C’est juste qu’on n’est pas assez habitués pour se rendre compte de cette évidence qui dérange les pourfendeurs de son modèle sportif. Surtout que le F91 est là, aujourd’hui, sans avoir renversé de montagne pour nous prouver son potentiel.
Pour mieux nous faire comprendre, Dino Toppmöller s’est plu à rappeler qu’à son arrivée en 2016, il avait entamé son histoire européenne personnelle par une double confrontation compliquée contre Qarabag (2-0, 1-1), l’avait poursuivie face à un Apoel Nicosie (1-0, 1-0) qui avait la possession du ballon, mais avait concédé beaucoup d’occasions de but, tandis que cette saison, contre Videoton (1-1, 2-1), «on était meilleurs dans tous les secteurs du jeu». Ce n’est pas la première fois que le technicien allemand s’attache à théoriser l’évolution de son équipe dans le jeu, mais il faut lui reconnaître cela : c’est vraiment palpable. Toppmöller est absolument fan de ce qu’a montré le… Red Bull Salzbourg la saison dernière, quand il est arrivé en demi-finale de la C3.
Un effectif polonais à 32,5 millions d’euros, contre 3,9 millions
Et sans aller jusqu’à dire qu’il s’agit d’une source d’inspiration, il aimerait que son équipe puisse «faire la même chose» sans qu’il soit, justement, question de 2012. Il ne recherche pas l’exploit mais la qualification logique. En s’emparant des valeurs de combat et de transitions offensives qui font mal. Au point que le 3-5-2 si bien utilisé contre Videoton au 1er tour de la Ligue des champions, pourrait ressortir du placard. C’est culotté mais il l’assume : «On n’a pas une équipe pour tout le temps défendre.»
La question étant de savoir : ont-ils une équipe pour battre un Legia Varsovie ou au moins de repartir de Pologne avec la possibilité d’y croire? Selon le site transfermarkt, la valeur marchande de l’effectif du Legia est de 32,5 millions. Celle du F91 est 3,9 millions. Le seul Chris Philipps (1,25 million) vaudrait à lui seul un tiers du groupe dudelangeois et c’est bien ce qui fait dire qu’il y a quand même une réalité à renverser…
De notre envoyé spécial à Varsovie, Julien Mollereau