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[Europa League] Avant la der’ de Dudelange, le président se confie


Le président du F91 de Dudelange se confie sur une saison décidément difficile (Photo : Gerry Schmit).

À l’aube de ce qui pourrait être le dernier match de Dudelange dans une phase de poules de l’Europa League, ce jeudi soir, le président Romain Schumacher a évoqué le futur de son club.

Ce voyage à Bakou, vous avez l’impression que c’est le dernier que Dudelange effectuera dans une phase de poules d’Europa League ?
Romain Schumacher : Cette année, c’est certain (il rigole). Plus sérieusement, les signes tendent à confirmer que notre sponsor principal (NDLR : Flavio Becca) va bien petit à petit nous quitter. Ce que je comprends d’ailleurs, car je ne vois pas quel retour sur investissement on pourrait lui offrir. Même s’il est présent depuis une vingtaine d’années chez nous désormais. Donc, il se pourrait que ce soit notre dernière apparition à ce niveau. Même s’il ne faut pas perdre de vue qu’une modification des compétitions européennes arrive en 2021, avec le retour d’une troisième Coupe d’Europe où on retrouvera davantage de petites nations européennes. Et qui pourrait donner des possibilités de disputer plus de matches internationaux. Ce qui peut forcément apporter quelque chose, même si on va perdre l’illusion de pouvoir affronter des grands du calibre de Barcelone ou Milan. Ce qui est quand même dommage.

Les modalités de cette troisième Coupe d’Europe ne sont pas encore très claires. Vous pensez que les clubs luxembourgeois seront directement versés au sein de celle-ci ou bien qu’ils auront encore accès aux deux premières (la Ligue des champions et l’Europa League) ?
Je n’ai pas encore analysé tout cela en détail mais l’idée est plutôt que le champion national disputera les tours préliminaires de la Ligue des Champions. Mais que dès qu’il sera éliminé, ce qui arrive généralement assez vite, il sera reversé au sein de celle-ci. Où il disputera a priori plus de matches, tout en obtenant plus de moyens. La philosophie est un peu : si vous, petite équipe, vous dégagez vite de la compétition des grands, vous recevrez plus. Ce qui n’est pas nouveau. Étant présent depuis longtemps au sein de l’ECA (NDLR : l’association européenne des clubs), j’ai pu voir les évolutions. Son président Andréa Agnelli (NDLR : qui est également celui de la Juventus) a pas mal poussé pour demander aux « petits » de s’écarter.

Vous parliez du désinvestissement progressif de Flavio Becca au sein du F91. Quelles sont les dernières nouvelles ?
Il a grosso modo confirmé ces derniers mois qu’il allait petit à petit quitter Dudelange. Le connaissant, c’est donc ce qu’il va faire. Cela fait quasiment un an et demi qu’on en parle, on arrive donc tout doucement à échéance… Après, au vu de la relation de confiance que l’on a tissée, je suis certain qu’il ne va pas nous laisser tomber comme une vieille chaussette du jour au lendemain. Je dois le rencontrer prochainement pour voir comment cela va se mettre en place.

L’ampleur de son investissement ne dépend pas aussi de la montée ou non du Swift en BGL Ligue ?
Je ne le vois pas comme ça. Il a deux intérêts différents, le Swift et nous. Et je ne pense pas que nous soyons tributaires du sort du club hesperangeois.

Si la famille Becca nous quitte…

Vous avez des certitudes au niveau financier pour la saison prochaine ?
On en saura plus quand on l’aura rencontré… On n’oublie pas non plus les moyens récoltés dans les compétitions européennes que nous avons disputées. Cependant, si la famille Becca nous quitte, on aura le devoir de mettre en place un nouveau club, une nouvelle structure. Mais aussi de rechercher de nouveaux sponsors. Une situation qui peut être motivante. Même s’il est clair qu’on ne sera alors plus au niveau que nous avons pu afficher ces dernières années.

Vous êtes en train de nous dire que Dudelange ne sera pas un candidat au titre la saison prochaine ?
Oui. Mais il y a des choses pires dans la vie que de ne pas remporter un titre. On en a gagné tellement et je ne dis pas qu’on n’en gagnera plus dans le futur. Grâce à la famille Becca, on a réussi à atteindre un standing assez énorme. Et on ne pourra plus avoir cette exposition sans lui. Mais je ressens une certaine motivation au sein du club pour pouvoir réagir à tout ça. On nous a toujours dit que lorsque Flavio Becca nous quitterait, on aurait des problèmes. Et on veut montrer qu’on est capables de travailler sur d’autres bases. Afin de rester un club sérieux de BGL Ligue.

Cette situation vous attriste ? C’est quand même la plus belle période du F91 qui est en train de se terminer tout doucement…
Vous savez, la vie est toujours cyclique. Non, ce qui m’attriste surtout, et je reviens à ce que je vous ai dit au début, c’est que le foot luxembourgeois ne permette pas de pouvoir garder un tel sponsor. Que puis-je lui proposer comme « return »? Rien! Aucune ligue, les structures et infrastructures sont catastrophiques… Que peut-on faire avec ça? Donc, on ne peut que dire mille fois merci à Favio Becca d’être déjà resté aussi longtemps.

Flavio Becca quitte Dudelange pour aller, sur le plan luxembourgeois, au Swift. Où il n’aura pas plus de rentabilité que chez vous…
D’après ce que je vois, il y a au moins un retour beaucoup plus important de la commune au niveau des infrastructures…

Vous en voulez à la commune de Dudelange ?
Ce serait facile de dire : « J’en veux à la politique, j’en veux à la commune de Dudelange. » Évidemment, j’aurais préféré qu’ils en fassent plus. Ils préfèrent le handball au football, c’est comme ça. Cela peut arriver. Mais ce qui est important de retenir à mes yeux, c’est que le football luxembourgeois ne parvient pas à faire en sorte qu’on le prenne au sérieux. Et qu’on embraye derrière lui.

Entretien avec notre envoyé spécial à Bakou, Julien Carette

18h55, Qarabag-Dudelange