Le FCD03 a décollé pour Mostar après un gros coup de stress au réveil et la perte de son gardien titulaire, Andrea Amodio. Ce qui est quand même un souci.
On aurait tort de sous-estimer la tempête qui s’agite dans la tête d’un entraîneur sur le point de décoller pour un match de Coupe d’Europe en 2020. Ce type, déjà bien seul la plupart du temps, doit en perdre, de l’espérance de vie, avec la menace constante que le coronavirus fait peser sur son groupe. Prenez Paolo Amodio par exemple. Mercredi matin, à 6h, au petit-déjeuner, il a peut-être pris un café (on ne lui a pas demandé s’il était plutôt tartines ou céréales), mais de façon certaine, il s’est tapé un coup de stress monumental : « On a eu le feu vert pour notre dernier joueur à l’aéroport ! Un de mes joueurs a reçu le résultat de son test en pleine nuit et ce matin, au réveil, il y en avait carrément douze qu’on attendait encore ! Vous vous rendez-compte ? La moitié de l’équipe ! »
C’est seulement assis sur les banquette du Findel, en salle d’embarquement, avec tous ses garçons autour de lui qu’il a pu commencer à se détendre ou plutôt, non, qu’il a pu commencer à se concentrer sur autre chose que la gestion du Covid et de ses implications sur ses choix. Au moment d’embarquer, le technicien differdangeois avait déjà une certitude très dérangeante mais sur laquelle il n’avait déjà plus aucune prise : son fils, Andrea, gardien de but titulaire, n’était pas là.
Mostar ? « Un 4-2-4, ou un 2-4-4, ou un 2-2-6 »
Le portier traînait déjà depuis 48 heures un bon vieux doute. Lundi soir, il avait fallu évacuer tout le couloir des vestiaires, au Parc des sports d’Oberkorn. Suspicion légitime de coronavirus puisqu’il avait eu de la température la nuit précédente. L’ironie de cette petite histoire dans l’histoire est totale puisque le test est négatif et qu’Amodio fils n’est positif qu’à une chose, une banale gastro-entérite. Mercredi, à 6h45, le médecin était encore dans sa chambre à l’hôtel Gulliver pour confirmer à son entraîneur de père qu’il allait désormais devoir faire soit avec Kevin Strauss, 30 ans, qui gardait les buts de Sanem en Division 1 la saison passée et Max Scherschel, qui en a lui 19. « Je n’ai pas encore fait mon choix », assure Amodio.
Il n’a pas le droit de se tromper. Son n°2 risque d’avoir du boulot. C’est à craindre après visionnage de ce que Mostar a montré sur son début de saison. Grands, costauds, manieurs de ballon, âpres dans les duels, « Yougoslaves » quoi, les joueurs du Zrinjski vont droit au but, au sens propre comme au sens figuré. « Leur 4-4-2, c’est presque un… 4-2-4 tant les ailiers participent. Ou un 2-4-4 si vous préférez. Même un 2-2-6 parfois ». Ils peuvent se le permettre, visiblement, les anciens adversaire du F91 en 2005, éliminés à l’époque en prolongation devant 5 000 spectateurs : « Derrière, dans l’axe, ils ont deux monstres que je n’ai pas vus perdre un duel en cinq rencontres ».
Aurélien Joachim va en baver. Les hommes de couloir, qui devront faire reculer leurs alter-ego aussi. Et l’équipe, en général, devra ne pas reculer face au combat qui risque de lui être imposé : « Systématiquement, c’est trois ou quatre passes puis duel direct. Sauf la dernière rencontre où ils se sont assurés plus de possession. Mais ils ont un jeu simple et très direct, qui passe par des diagonales vers les côtés et finit avec une grosse présence dans la box ». Tout ça pour dire que le FCD03 pourrait avoir à se réconcilier avec les exploits de ses débuts européens pour (re)lancer quelque chose.
A Mostar, Julien Mollereau