Il n’y a pas eu de miracle à Séville. Ce F91 en a pris trois, comme l’an passé face au Betis.
On va considérer la petite bronca qui a raccompagné les joueurs du FC Séville aux vestiaires, à la pause, comme la petite victoire personnelle du F91, dans ce match disproportionné comme il commence à en prendre l’habitude. Rentrer à 0-0 en ayant été crescendo dans sa maîtrise de la partie n’était pas prévu. Julen Lopetegui avait eu beau calmer tout le monde la veille en disant que «non, ce n’était pas un match à empiler les buts», que «l’efficacité, c’est ce qu’il y a de plus dur en football», personne, pas même lui, ne s’attendait à voir le sixième de Liga et quintuple vainqueur de l’épreuve placé devant ses responsabilités, avec, à 22 h, seulement 45 petites minutes restantes pour faire le boulot.
Être un petit club pro bien comme il faut, au stade Sanchez-Pizjuan, n’aide déjà pas énormément en temps normal : sur les 31 dernières rencontres d’Europa League du club andalou, deux défaites seulement à signaler… contre deux homologues espagnols (le Betis et Bilbao). La dernière équipe étrangère à s’être imposée ici en C3, en février 2011, s’appelle le FC Porto. Alors quand bien même le F91 est parvenu à inscrire au moins un but à chacune de ses joutes continentales depuis le début de la saison (dix matches consécutifs tout de même), ici, entre ces hauts murs rouges, cela ne garantit rien. L’année dernière, dans la même ville, ils étaient verts et l’on se souvient comment cela s’était terminé : par un sec 3-0 sans ambiguïté… Bis repetita.
Vazquez, (trop) forte tête
La logique a en effet repris ses droits très vite. Trop vite forcément. Il a suffi que le meilleur joueur de la tête sur le terrain, hier, Franco Vazquez (qui était l’un des Sévillans qui avaient le plus à prouver après avoir été sévèrement attaqués dans la presse pour ses performances ces derniers temps), surgisse de la deuxième ligne pour que le F91 se retrouve mené sans avoir le droit d’entamer une résistance héroïque en vue d’un exploit. Cela ne l’a pas empêché de jouer le jeu qu’il avait promis de montrer, par respect pour tous ses supporters venus garnir les travées du Sanchez-Pizjuan. Cela lui a valu des applaudissements gentillets et un brin condescendants du public espagnol en fin de rencontre. Cela, aussi, compte un peu.
Il faut espérer qu’il ne se trouvera pas d’esprit chagrin, au pays, pour minimiser les mérites d’un F91 dont la valeur marchande est 70 fois moins élevée que celle de l’effectif sévillan. Sur le terrain, cela s’est vu, forcément. Mais l’argent n’achète ni le courage ni le travail qui se fait derrière. Bertrand Crasson voulait que ses joueurs nous montrent quelque chose, c’est ce qu’ils ont fait et l’on se demande désormais si Flavio Becca, son employeur, ne va pas se retrouver devant un nouveau cas de conscience. Puisque son technicien prépare assez bien ses rencontres européennes (66 % du temps en tout cas, Qarabag ayant été un raté monumental) pour qu’on lui accorde aussi du crédit en Division nationale. Becca a pourtant laissé entendre qu’il allait trancher sous peu. Après ce match, ce serait un peu injuste. Même si, en face, se trouvait une équipe bis préoccupée par les sept matches en 22 jours qu’il lui faudra jouer, notamment en Liga contre les principaux candidats à l’Europe en fin de saison. Au milieu, d’ailleurs, il y aura un retour au Barthel… Et cela s’était terminé sur un 0-0, l’an passé…
De notre envoyé spécial à Séville, Julien Mollereau