Tiago Perreira, le portier des jeunes Luxembourgeois, est issu d’un vivier eschois assez dingue. Peut-il résister à l’Allemagne?
Il y a, au Galgenberg, une génération de gardiens de but assez dingue. Dans la foulée d’un Thomas Hym élu meilleur dernier rempart du pays à l’issue de la saison 2020/2021, toute une flopée de portiers dont il est difficile de ne pas dire qu’ils tiennent actuellement le haut du pavé. Emanuel Cabral, 25 ans, ce qui reste finalement assez jeune pour un gardien de but titulaire en DN? Il devrait finir meilleur portier de BGL Ligue. Evan Da Costa, 19 ans, qui l’a suppléé à cinq reprises cette saison? Il en sortira avec la meilleure moyenne du pays (6,20) et un avenir visiblement radieux.
Mais celui vers qui tout le monde se tournera demain s’appelle Tiago Perreira, 16 ans depuis un mois, qui va se retrouver face à une Mannschaft qui vient de battre l’Italie (2-3) et fait figure de potentiel favori pour le titre. Pourtant, à Esch, on n’arrive pas à s’en faire pour lui et c’est Filipe Noronha, l’homme qui a succédé à Alija Besic au poste de coach des gardiens : «La première fois que je l’ai vu, je me suis dit que rien que son gabarit était déjà fou (NDLR : il fait pas loin de 1,90 m) et il a une présence dans le but énorme. Comme il s’entraîne à Mondercange toute la semaine, je lui ai dit de venir avec nous les samedis et dès le début, à 15 ans, il a bluffé tout le monde. Le gamin coachait sa défense avec des garçons comme Julien Klein comme s’il avait le même âge qu’eux. Il s’en fout de qui est devant lui et nos joueurs le respectent pour ça. Ils se demandaient « mais comment ça se fait qu’il nous parle comme ça? ». Bref, je sais d’avance que contre les Allemands, il sera tranquille.»
Contre Israël, Perreira a fait le job comme il l’avait fait contre la France (0-2) lors du tour Élite, sans pouvoir toutefois infléchir le cours du match. Il aurait sûrement détourné le penalty mis à côté par Yusupov (tout comme il était passé tout près de celui du Rennais Doué face aux Bleus) et ne peut pas grand-chose sur deux tirs croisés et un autre à bout portant (3-0). Place à la Mannschaft donc. Et face à une attaque animée par le Munichois (déjà quatre apparitions avec le Bayern en Bundesliga) Paul Wanner, il aurait encore bien plus de travail. C’est avec son bagage fédéral qu’il y fera face, mais aussi un peu avec celui acquis au Fola, dans cette école qui commence à avoir des résultats assez bluffants.
«Le dernier qu’on a mis au four»
Comment Filipe Noronha, qui coache en équipe 1 depuis trois ans, y travaille-t-il? Le natif d’Agueda, qui a joué à Beira-Mar et longtemps suivi Paulo Gomes (à Beggen et Muhlenbach) à son arrivée au Grand-Duché, nous explique : «Notre fil rouge, déjà, c’est de concevoir le gardien comme un joueur de plus, qui doit contrôler l’espace dans le dos de ses défenseurs. On met énormément le focus sur le temps de réaction, la vitesse dans les déplacements… On utilise peu de matériel, j’aime travailler le positionnement dans le but, l’attaque du ballon. Et puis en général, à 60 %, on travaille sur des phases spécifiques qu’on rencontrera au prochain match. On s’approche le plus près possible des caractéristiques de l’adversaire.»
Noronha avait 23 ans quand le Luxembourg est venu défier Luis Figo et la Seleçao à Agueda, en amical (0-3). Il était au stade et s’en est souvenu avec émotion quand il a retrouvé Jeff Strasser et Alija Besic, titularisés à l’époque, à son arrivée au Fola. Cela l’a aidé à aimer encore plus ce club «parce que je me souvenais de Jeff, si sérieux, qui avait mis quelques tampons à Ronaldo». Cela le pousse, aussi, à se dépasser pour ses gardiens, dont il jure aujourd’hui que «tous devraient très vite devenir pros tant leur potentiel est énorme», y compris l’un de ceux qu’on n’a pas encore découverts officiellement : Dany Martins, 18 ans, «le dernier qu’on a mis au four et qui sera le prochain à exploser».
D’ici-là, on se contentera de lorgner avec gourmandise ce beau bébé de 16 ans, qui était le plus jeune joueur sur le terrain contre Israël. Là, la marche sera bien plus haute. On se remémorera donc avec intérêt ces mots, prononcés avec aplomb par l’impétrant après la France, début avril : «Dans un match comme ça, il ne faut pas seulement un très bon gardien, il faut aussi une bonne défense et on a été à la hauteur.» Oui messieurs, protégez notre Folaman!