Si le leader n’a pas engagé cet hiver, Carlos Andujar, son Espagnol recruté à l’été 2014, semble avoir enfin digéré son arrivée au Luxembourg.
Carlos Andujar a survécu à son hiver luxembourgeois (au propre comme au figuré) et reviens plus fort. (Photo : Mélanie Map’s)
Ça y est, il comprend tout en Français ! » L’aveu est de Christopher Pazos, qui a passé six mois à jouer le traducteur français – espagnol pour Carlos Andujar. Soulagé, le milieu de terrain du Fola, de ne plus avoir à être l’élément facilitateur de l’intégration de l’homme qui aurait dû être un atout offensif majeur de la première partie de saison du Fola mais n’a pris part qu’à trois misérables bouts de match ? Il n’y a pas que lui : l’attaquant, arrivé l’été dernier d’Algecira, en Segunda B (la 3e division espagnole), a enfin la sensation d’exister : « Maintenant qu’il arrive à communiquer avec tout le groupe, rigole son capitaine, Ronny Souto, effectivement, il se sent un peu plus à l’aise. »
Et il n’y a pas grande révélation là-dedans mais l’équation se vérifie encore : un homme qui va mieux dans un vestiaire va aussi bien mieux sur le terrain. Depuis que le Fola a repris, Carlos Andujar, dans les matches amicaux, marque beaucoup et distribue des passes décisives, énormément. Au point de susciter récemment ce commentaire volontairement badin de son directeur sportif, Pascal Welter : « Andujar ? Disons que… oui, à l’heure actuelle, il est… pas mal. » Doux euphémisme : à écouter ses coéquipiers, c’est un homme neuf qui est arrivé à l’entraînement en 2015. Au point de devenir la recrue hivernale que Jeff Strasser n’a pas souhaité faire ?
« Disons que maintenant, il a tout pour réussir », résume Souto. Que lui manquait-il, au garçon ? Tellement de choses. À commencer par ce qui se passe sur le terrain : un système de jeu dans lequel il puisse s’épanouir d’une part et un football luxembourgeois qui lui ménage plus de latitudes d’autre part.
> Enfin paré pour la rigueur de la DN ?
Et là, sur ce dernier point, le mieux placé pour en parler, c’est Julien Hornuss, qui a vécu à peu de choses près la même chose qu’Andujar, à savoir passer d’un football de D3 espagnole (il jouait lui au CF Palamos après quatre années dans les championnats professionnels ibères) très laxiste dans le pressing à un Division nationale extrêmement agressive : « La D3 espagnole, c’est un championnat tout doux. Ici, il a beaucoup moins de temps pour faire les choses. Il lui fallait s’adapter. Pour moi, ça a été moins long parce que j’avais joué en Angleterre avant et que je me rappelais qu’il existait des football plus rugueux. »
Alors qu’il s’y est fait, le Fola semble se repositionner aussi un peu plus, tactiquement, sur son fonds de commerce du 4-4-2, avec véritables ailiers, qu’il avait un peu laissé de côté en ce début de saison, pour densifier l’entrejeu et relancer notamment un Ben Payal. Andujar, forcément, a un peu payé l’addition sur ce point (outre ces petits pépins physiques), puisque c’est seulement depuis cet hiver que la bande de Jeff Strasser s’y remet vraiment. Et redécouvre les grosses qualités qui l’ont poussé à enrôler l’Espagnol en 2014. « On a un jeu fait pour lui, explique Souto. On joue au sol, par une-deux. Et lui est vif, technique. Il aime jouer en déviation et partir sur la profondeur. Si on lui en laisse l’opportunité, il va nous montrer beaucoup de belles choses. » Même avis, tout aussi joliment dit, de Christopher Pazos, qui file la métaphore dialectique : « Le foot, c’est un langage universel. Et lui le parle plutôt bien. »
Espérons pour lui qu’on le voie plus que Sylvain Macé et Julien Guérenne, les deux grosses recrues offensives de 2013 reparties après une saison quasiment blanche. Car si le Fola n’est pas du tout en souffrance d’un point de vue offensif (meilleure attaque de DN avec 2,5 buts inscrits par match en moyenne), Stefano Bensi va rater les matches de reprise et il ne serait pas nuisible pour le leader du championnat, non pas de se réinventer, mais de trouver un élément qui puisse renouveler l’effet de surprise. Andujar, « qui ne s’est jamais plaint, même quand il était blessé », dixit Souto, peut-être celui-là. Au vu des amicaux, on pourrait même hasarder qu’il devrait être celui-là. Méfie-toi, Rumelange…
De notre journaliste Julien Mollereau