Lis Rottler-Fautsch commence à entrevoir le bout du tunnel. À partir de mercredi, elle aura enfin le droit de reprendre l’entraînement d’escrime. Et de tirer contre une adversaire.
Pour les escrimeurs comme pour la plupart des sportifs dans le monde, tout s’est arrêté du jour au lendemain : «Le 8 mars, je tirais à Budapest, le 11, on a encore eu un entraînement et le 12, tout était fermé», se remémore Lis Rottler-Fautsch, qui vient de «vivre ma plus longue pause depuis que je fais de l’escrime».
Depuis, elle a remisé sa tenue au placard et s’est contentée de faire des exercices à la maison : «Surtout de la musculation et de la stabilisation.» Elle a toutefois pris son épée pour utiliser le Blazepod, une machine qui sert à travailler ses réflexes, mais sinon, rien de très concret.
Avec l’amélioration de la situation, Lis Rottler-Fautsch a vu son avenir s’éclaircir un peu. En effet, cela fait désormais deux semaines que le centre d’entraînement de Heidenheim, où elle réside et se prépare tout au long de l’année, a rouvert ses portes. Évidemment, sous conditions drastiques mais c’est déjà ça : «On a un chemin à suivre, une entrée différente de la sortie, on arrive en tenue car il n’y a pas de vestiaires. Interdiction de prendre sa douche sur place et obligation de remplir un questionnaire de santé», résume-t-elle.
Une fois sur place, évidemment, le gel hydroalcoolique est présent en quantité. Et, jusqu’à présent, c’est chacune avec son arme et sa piste : «On est au maximum à dix et on travaille surtout sur les fondamentaux au niveau du jeu de jambes : pendant 40 secondes, on alterne avec deux marchers et un retrait autant qu’on peut, puis une vingtaine de secondes de récupération avant une nouvelle série. On fait plusieurs répétitions comme cela avant de changer d’exercice. Ça ressemble à ce qu’on fait à la maison mais le fait d’avoir une piste d’une dizaine de mètres, ça permet d’avoir une autre perspective.»
Mais, ce qui compte, c’est le contact humain : «Je peux vous dire qu’après trois mois à la maison, la motivation n’est pas à son top. Là, le fait de revoir les copines, ça redonne un boost énorme au niveau envie. En plus, on a un entraîneur qui est là pour nous corriger quand on fait nos exercices», se réjouit-elle.
Évidemment, tout matériel utilisé est soigneusement désinfecté à l’issue de chaque exercice. Et à partir de demain, on va franchir une étape supplémentaire dans le retour à la normale : «Mercredi, on enfile la tenue !» En effet, l’épéiste grand-ducale va à nouveau avoir le droit de toucher une partenaire : «C’est comparable à une leçon, sauf qu’au lieu d’être avec son maître d’armes, on travaille avec une coéquipière. Ce sont de petits mouvements qui sont destinés à améliorer notre technique.»
Selon elle, cette situation va perdurer jusqu’aux vacances : «Habituellement, on s’entraîne jusqu’à la fin du mois de juillet. Je pense que ça ne bougera pas beaucoup, on va rester dans cette situation pendant encore un peu plus d’un mois. Ensuite, on part en vacances et, en principe, à partir du 24 août, on pourra reprendre normalement.»
Les JO de Tokyo en ligne de mire
Évidemment, il ne s’agit là que de présomptions et il faudra, bien sûr, tenir compte de l’évolution de la situation sanitaire.
Quant à savoir quand on pourra à nouveau affronter des adversaires en compétition, impossible de répondre à cette interrogation : «Il y a des rumeurs qui circulent. La fédération allemande envisagerait des compétitions de circuit national entre octobre et décembre, la confédération européenne prévoirait des compétitions Satellite entre novembre et décembre. Mais pour les Coupes du monde, vu que la FIE a indiqué qu’elle ne ferait des épreuves que si tout le monde pouvait se déplacer pour y participer, il va falloir encore attendre.»
Lis Rottler-Fautsch, qui devait achever sa carrière à l’issue des JO de Tokyo et qui avait vu son statut de sportif d’élite de l’armée prolongé jusqu’en septembre prochain, a décidé d’aller au moins jusqu’au tournoi de qualification olympique du mois d’avril prochain. Reste à savoir dans quelles conditions et sous quel statut : «C’est encore flou. J’espère en savoir plus rapidement.»
Romain Haas