Pour son retour à la compétition, Flavio Giannotte se hisse en tableau de 64 à Heidenheim. Mais au bout d’une journée très compliquée.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Flavio Giannotte n’abordait pas son retour à la compétition avec d’immenses ambitions. Après avoir bien breaké pour oublier l’escrime et la déception consécutive à sa non-qualification olympique, l’escrimeur d’Escrime Sud avait décidé de reprendre tardivement. Cela fait en effet à peine deux semaines qu’il est reparti à l’entraînement.

Autant dire que cette première Coupe du monde à Heidenheim, en présence de la plupart des meilleurs mondiaux ou encore de jeunes de grandes nations qui ont à cœur de se faire une place au soleil, n’arrivait pas franchement au moment le plus opportun pour lui : «En arrivant, je me suis dit que j’allais essayer de sortir des poules. Au moins pour l’honneur», confie-t-il.

Mais finalement, ça ne se passe pas comme il l’avait prévu : «Je gagne mon premier match. Mon deuxième. Au troisième, je tombe sur un Kazakh que j’avais eu en poules à Vancouver et je le bats 4-3 sans commettre aucune erreur. J’enchaîne en mettant des branlées. Je suis à 5-0 et là, je me dis que je peux peut-être me qualifier directement en tableau de 64. Je tombe sur un Allemand qui n’avait qu’une ou deux victoires. Je mène 3-0. Dans ma tête, je me dis que ça va être facile.» Une pensée parasite qu’il va payer cher : «Il remonte et c’est lui qui met la dernière touche. Je suis passé dans ma tête de « bon, j’essaie de sortir des poules » à « je suis le meilleur, je vais gagner 6-0 ». Pourtant j’ai de l’expérience. Je devrais être capable de ne pas commettre ce genre d’erreur. C’est un des points qu’il faut que je travaille.»

Alors qu’il a rêvé un temps de passer directement en tableau de 64 aujourd’hui, il doit donc gagner encore deux matches pour avoir ce privilège. En effet, son bon parcours lui permet d’être exempté de tour préliminaire de 256. En tableau de 128, il se retrouve face au Hongkongais Ting Hin Ng. Un match très bizarre : «Il met la première touche. J’égalise. Je mène ensuite 2-1. Et après, on ne fait que des doubles. Il a fait 14 fois la même chose.»

Et pour aller chercher son billet pour la deuxième journée, il affronte une vieille connaissance, l’Italien Simone Mencarolli : «On se connaît bien. Je n’aime pas tirer contre lui. Je n’ai pas de solution. On démarre le match et ça ne se passe pas bien. Il mène de plusieurs touches. Plusieurs fois, je reviens à une touche. Mais il se détache.» C’est ainsi que Flavio Giannotte se retrouve mené 8-13 avec… quatre secondes. C’est plié?

Incroyable scénario

Impossible n’est pas Giannotte : «À ce moment, j’ai juste envie de saluer et de me barrer. Mais il y a en moi un petit côté ego. Je me dis : bats toi, on ne sait jamais.» Et alors que tout semble contre lui, l’incroyable se produit : «En garde. Allez. Je me jette et je touche. Je remonte 13-9, 13-10, 13-11, 13-12, 13-13. J’enchaîne les sprints et je mets la pointe. J’esquive la sienne et j’ai la chance qu’il ne me touche pas.» Les deux hommes mettent une double pour le 14-14.

Et se retrouvent en mort subite : «Je me retourne vers Michel et je lui demande ce que je fais, car je n’ai pas de solution contre lui. Il me dit « En garde. Prêt. Allez. Et tu lui cours dessus ». Je lui fais signe que non. Il me dit que je n’ai pas le cran de le faire. On parie une bière. Je me suis mis en garde. Prêt. Allez. J’ai couru, j’ai presque fermé les yeux et j’ai touché! Le truc improbable qui t’arrive une fois dans ta vie.»

En clair, à l’issue d’une journée émotionnellement très forte, Flavio Giannotte décroche son premier tableau de 64 pour sa première compétition de la saison. Ce vendredi, il affrontera le Hongkongais Hoi Sun Fong. Mais, quel que soit le résultat, le Luxembourgeois a déjà largement rempli son contrat. Maintenant ce n’est que du bonus !