Flavio Giannotte a profité de la pandémie pour se concentrer sur la fin de ses études. Le futur prof de sport est plus souvent face à ses élèves que devant son maître d’armes. Mais ça ne l’empêche pas de rester ambitieux.
Cela fait une éternité qu’il n’a pas participé à une compétition digne de ce nom : «La dernière compétition internationale, c’était à Budapest en mars dernier. Sinon, j’ai fait une compète régionale en Belgique dans laquelle j’ai terminé deuxième à la fin de l’été et c’est tout.» Lui, c’est Flavio Giannotte.
Depuis, le meilleur épéiste luxembourgeois ne fréquente plus vraiment la salle d’entraînement : «J’avais prévu de me consacrer pleinement à mes études», confie l’ancien étudiant en Staps à Reims. Après avoir «profité» de la situation sanitaire et de l’arrêt des compétitions pour boucler son master, il a décidé de relever un nouveau défi. Depuis la rentrée de septembre, il est en effet chargé de cours à l’école internationale de Differdange et Esch. Avec un but : devenir prof de sport.
Justement, le concours, c’est la semaine prochaine. Et les places seront chères : «Le ministère a annoncé qu’il n’y aurait que 13 postes de prof de sport qui seraient disponibles», explique-t-il. Mais pour avoir une chance de faire partie de ce contingent, encore faut-il d’abord réussir les examens : «Il y a des écrits sur la pédagogie, l’anatomie, la physiologie et le système scolaire, un oral et des épreuves pratiques dans des tas de sports. Mais pas en escrime», sourit-il. D’ici à la mi-février, il devrait en avoir terminé de ses examens. Ensuite, quel que soit le résultat, il devra encore faire plus d’un an de «stage» comme chargé de cours : «J’ai un tuteur. Il est un peu plus âgé que moi et on s’entend très bien. Mais quand il s’agit de dire les choses, il n’hésite pas à le faire. C’est une bonne chose.»
Il ne regrette en tout cas pas du tout son choix de ne pas avoir rejoint l’armée et de privilégier l’aspect professionnel : «Si j’étais soldat, je serais pro, mais sans tournoi et sans perspective. Cela fait cinq ans que je me prépare à devenir prof de sport. J’adore ce boulot. Tous les matins, je prends plaisir à me rendre au travail. Ce qui me motive, c’est qu’il y a de plus en plus de gens collés devant leur écran et prof de sport est l’un des seuls métiers où tu peux lutter activement contre cela. C’est un bon moyen de partager ma passion du sport.»
Le compétiteur revient au galop
Quid de l’escrime? Pour le moment, il faut bien reconnaître qu’il a remisé masque et arme au placard : «En décembre, je m’entraînais peut-être deux fois par semaine. Mais ces dernières semaines, je me concentre à 100 % sur mon concours.» Même s’il a introduit l’activité escrime au programme de ses élèves : «Quand ils me demandent pour quelle raison, je leur explique que je la pratique.» De toute façon, avec la situation sanitaire actuelle, ce sont les disciplines individuelles qui sont privilégiées : «du badminton, du tennis de table… pas de sports co».
Mais chassez l’escrimeur et le compétiteur revient au galop. Il a en effet prévu de reprendre l’entraînement sérieusement une fois son concours passé. Maintenant, le souci est de trouver des partenaires d’entraînement : «En France, ils organisent des stages, des compétitions internes. Même chose en Hongrie, en Italie… Pour les petits pays, c’est beaucoup plus compliqué. D’habitude, je vais faire des stages, notamment en Italie, mais avec la situation actuelle, c’est difficilement envisageable.» Il parvient de temps en temps à tirer avec des épéistes de l’équipe nationale belge basés à Arlon, ou encore avec des Thionvillois d’un bon niveau. Le reste du temps, il prend la leçon avec Maître Pizay et tire avec la jeune Anna Zens.
La fédération internationale vient d’annoncer une première compétition à la mi-mars, à Kazan, en Russie : «Cela serait un bon moyen pour voir où je me situe.» Tout en sachant que le but est d’être en forme deux mois plus tard. C’est en effet au plus tôt à la mi-avril que devrait se tenir le tournoi européen de qualification olympique. Et Flavio Giannotte y croit dur comme fer : «C’est vrai que sur le plan escrime, pour le moment, je fais le strict minimum, mais physiquement je suis prêt. À Madrid, pour aller à Tokyo, il faut gagner. C’est dur. Mais pas impossible. En effet, il n’y aura qu’une trentaine d’athlètes avec à chaque fois un seul représentant d’une nation européenne pas encore qualifiée. Dans un tel tournoi, le mental joue un rôle prépondérant. Les chances sont réelles. C’est beaucoup plus facile que faire une médaille aux championnats d’Europe ou du monde», conclut l’épéiste de 25 ans qui a déjà accroché à son tableau de chasse, entre autres, un champion olympique et un n° 1 mondial et ex-champion du monde.
Romain Haas