Malgré une saison compliquée, Flavio Giannotte accède une nouvelle fois directement au tableau de 64 aux championnats du monde. À Tbilissi, l’épéiste luxembourgeois a réussi des poules parfaites pour avoir le droit de tirer dimanche.
Sa saison, il le dit lui même : «est la pire de ma vie.» Mais Flavio Giannotte, qui a déjà traversé des moments très compliqués depuis le début de sa carrière, reste un compétiteur hors-pair. Et un épéiste capable de battre n’importe qui dans un bon jour.
Samedi matin, il ne partait pas hyper confiant en lui, loin de là : «Atteindre le tableau de 64 serait déjà une victoire.» Mais aux championnats du monde de Tbilissi, le tireur luxembourgeois faisait confiance à son expérience pour s’en sortir.
Engagé dans une poule de six alors que d’autres étaient dans une poule de sept, il savait qu’il ne devait pas se rater. Et qu’une seule victoire devrait lui suffire pour avoir le droit d’accéder à la suite de la compétition. Il débute sa compétition tranquillement, en écrasant le Britannique Hugo Smith (5-1). Une bonne entrée en matière. Avant d’attaquer directement le gros morceau de sa poule, l’Ukrainien Volodymyr Stankevych : «On se connaît très bien. On a tiré en cadets, en juniors ensemble. C’est lui qui m’a éliminé en 2015 aux championnats d’Europe pour la médaille en juniors. J’avais gagné contre lui pour Top 8 des championnats d’Europe U23. Il a peur de moi, j’ai peur de lui. Sur ce match, il y a 2-2, on part en mort subite. Il a la priorité. Je fais une action un peu kamikaze et j’ai la chance de toucher. Parfois, il faut aussi un peu de réussite.»
Au troisième match, il affronte le Panaméen Johan Achurra. Il lance parfaitement son match, menant 4-1. Mais ne s’impose que 4-3 : «Je n’ai vraiment pas bien tiré contre lui. Gagner 5-3 quand tu mènes 4-1, c’est le genre d’erreur à ne pas commettre.» Énervé, le Luxembourgeois part s’aérer l’esprit avant d’attaquer la suite. Face au Portugais Max Rod, qu’il connaît très bien et avec qui il s’entraîne régulièrement puisque Rod travaille à la commission européenne et vient souvent au Luxembourg, il ne fait pas se sentiment et l’emporte sur le score sans appel de 4-0 : «Quand je menais 4-0 j’ai vu que ça lui suffisait. J’ai décidé de ne pas prendre de risque et de prendre l’indice à +4. Il vaut mieux gagner 4-0 que 4-1 ou 5-1.»
Match parfait contre Camargo
Vient ensuite l’ultime match. Flavio Giannotte sait que s’il veut avoir une chance de passer directement au deuxième jour et réussir un cinq sur cinq en autant de participations aux championnats du monde, il doit l’emporter. Et si possible largement. Problème, il retrouve face à lui un adversaire compliqué, le Brésilien Alexandre Camargo : «Il est vraiment chiant à tirer en cinq touches. C’est quelqu’un qui a toujours des débuts de match très forts. Au Monal, il mène 0-6 et je gagne 10-9 en mort subite. En 15 touches, c’est moins problématique mais en 5, c’est compliqué.»
Mais contrairement à son match face au Panaméen, cette fois Flavio Giannotte ne se trompe pas : «Je fais un match parfait. J’ai la pointe qui part bien. Je ne commets pas d’erreur. Je mets une touche après l’autre et ça a payé.» Résultat, une victoire sur le score sans appel de 5-1, un parcours parfait et un indice de +15.
Le job a été fait. Restait à savoir si ça passait : «J’étais stressé. J’étais au téléphone avec Sarah (NDLR : De Nutte, sa compagne) et en sms avec Benoît (Omont). Il faisait les calculs et il n’arrêtait pas de me dire que ça passait. Ce n’est que quand il ne restait plus que deux poules que j’ai compris que ça passait. J’ai poussé un énorme cri de soulagement.»
Effectivement, ils sont 15 à avoir réalisé un sans-faute et tous accèdent directement au deuxième jour de compétition, en tableau de 64. Flavio Giannotte se classe quant à lui 11e. C’est la troisième fois qu’il se qualifie aux championnats du monde avec un parcours parfait en poules. Les deux premières fois, à Budapest en 2019 et au Caire en 2022, il avait été stoppé dès le premier match à élimination directe. On espère que l’histoire ne se répétera pas!
Pour ce faire, il lui faudra dominer le Danois Patrick Jorgensen. Avant d’éventuelles retrouvailles avec un certain Davide Di Veroli, cinquième mondial et surtout qui a failli passer à la trappe face au même Giannotte lors des récents championnats d’Italie. Un combat finalement perdu en mort subite, le tout avec manque de fair play et insultes envers le tireur luxembourgeois. Qui, on l’imagine, serait remonté comme une pendule en cas de retrouvailles.
Romain Haas