[Équitation] Noémie Goergen, cavalière sans monture

CSI3*/CSI1* à Roeser. Depuis avril et la vente des derniers chevaux qu’elle montait mais qui étaient la propriété d’un fonds d’investissement, la Luxembourgeoise n’a plus de monture de haut niveau. Contrairement aux années précédentes, Noémie Goergen, 24 ans, n’a pas pris part cette année au CSI3*. Elle n’en a tout simplement pas les moyens.

Noémie a du potentiel, c’est dommage qu’elle n’ait pas de chevaux… » Cette confidence, signée Charlotte Bettendorf, rappelle que dans le milieu équestre, il ne suffit pas d’être un bon cavalier pour pouvoir monter. Encore faut-il avoir une… monture. Noémie Goergen n’en dispose pas ou pas d’un niveau suffisant pour lui permettre de jouer dans la cour des grands ce week-end à Roeser.

En clair, de disputer des concours CSI3* pour lesquels elle n’a pas les moyens. Ou plus, c’est selon, car l’an passé elle s’était classée 29 e de ce concours lors de la première journée avant de prendre la 49 e place le lendemain. « Oui, c’était avec Smint 2 et Colin 2 … », se souvient émue l’intéressée qui, depuis, a dû se séparer de cet hongre et de cette jument qui, du reste, n’étaient pas sa propriété mais celle d’Equi Future Champions, un fonds d’investissement basé au Grand-Duché et spécialisé dans le cheval de saut d’obstacles. En 2015, son fondateur, John Baumann, décède. S’en suit alors la mise en vente de toutes les bêtes.

Repartie de zéro

« Smint 2 fut le premier à être vendu, c’était en juillet dernier », explique une Noémie Goergen qui, en avril dernier, se trouvait en Allemagne pour finaliser le départ des dernières bêtes. « C’était lors d’une action (NDLR : vente aux enchères) à Münster. J’y étais, mais ce n’était pas moi qui effectuait les transactions. Moi, j’y étais juste pour présenter les chevaux dont je m’occupais. Ils ont tous été vendus. »

Après cette vente, la Luxembourgeoise est repartie de zéro. Ou presque. Ceci étant, elle ne regrette pas cette expérience. « Pour des cavaliers qui n’ont pas les moyens de s’acheter des chevaux, c’est un très bon moyen de pouvoir participer à de très bons concours », dit-elle tout en précisant que la relation entre le cavalier et sa monture n’est pas destinée à perdurer. Le but pour le fonds d’investissement étant, bien évidemment, de permettre au cavalier mais aussi et surtout au cheval d’obtenir des résultats suffisamment probants afin de réaliser une plus-value lors de sa revente. « En trois ans, j’ai dû monter une quinzaine de chevaux. »

Pas de monture pour viser plus haut

Aujourd’hui, la Luxembourgeoise n’en a plus que deux. Deux juments : Victoria Arcus et Imani Blue Essene . Âgée de sept ans, la première a pris part à son premier rendez-vous international. « Cela ne fait que deux semaines qu’elle saute 1,25 m. J’ai voulu profiter de ce concours pour lui faire un test et elle s’en est très bien sortie puisqu’elle a réalisé un sans-faute. »

Et ce en bouclant le parcours suffisamment vite (49″27) pour permettre à la Luxembourgeoise de s’emparer, vendredi matin, de la deuxième place du prix Fendt (CSI1*). Soit aussi bien que lors du prix Tageblatt jeudi. Avec Imani Blue Essene , elle a tenté de se hisser au niveau supérieur en prenant part aux prix Le Quotidien (32 e ) et Cloos (55 e ) et leurs obstacles à 1,35 m du sol.

Depuis avril donc, Noémie Goergen n’a donc plus de monture lui permettant de viser plus haut. Difficile dans ce cas de rester performante. « Je dois faire en sorte de sauter régulièrement avec les jeunes chevaux afin de les faire progresser. Et pour me montrer. Je ne dois pas rester sans rien faire », explique celle qui loue actuellement une petite écurie d’une dizaine de box près de Junglinster pour elle et son demi-frère, Kim Grangenette, en lice également ce week-end à Roeser.

En attendant de pouvoir à nouveau se présenter au départ de Grand Prix, Noémie Goergen sait qu’il lui faudra prendre son mal en patience. À moins qu’on ne vienne lui proposer de prendre en main l’une ou l’autre nouvelle monture. « Personne ne m’a approchée », confie celle qui partage Imani Blue Essene avec un cavalier belge. « Il m’a dit : « C’est un petit cheval, un cheval pour une fille, c’est mieux que tu la montes. » » Une monture avec laquelle Noémie Goergen espère pouvoir revoir ses ambitions à la hausse dans un proche avenir.

Charles Michel